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Coulibaly Seydou (secrétaire général de la mairie de Bouna): ‘’Le nouveau marché va disparaître” #bouna


-‘’Nous avons besoin du soutien de l’Etat comme ce fut le cas de la crise de Grand-Bassam’’

Abidjan, 31-07-16 (lepointsur.com) Le second marché de Bouna, né à la faveur de la crise qui a endeuillé plus d’une trentaine de familles et fait des milliers de déplacés internes, est aussi au centre de cette quête de ressouder le tissu social. Dans cet entretien, le secrétaire général de la mairie, Coulibaly Seydou, dit sa part de vérité sur la question et fait une doléance.

Après le passage du  président la République, peut-on dire que tout va pour le mieux aujourd’hui à Bouna hormis le problème du marché ?

coulibaly seydou SG mairie Bouna1Le 24 mars dernier la ville de Bouna a été secouée par une crise intercommunautaire.  Tout est parti du commissariat de police à travers une rixe opposant la jeunesse Lobi à la jeunesse  Koulango et d’autres communautés. Nous les élus, nous avons pensé à une petite échauffourée. Mais jusqu’à 13 heures,  la situation a dégénéré, avec à la clef, des  morts. Rapidement, les échos sont montés jusqu’au sommet de l’Etat. Le président de la République en a fait une préoccupation et la ville de Bouna a reçu la visite de trois ministres émissaires du chef de l’Etat, venus calmer les esprits. Avant même qu’ils n’arrivent, les forces de l’ordre avaient été déployées sur le terrain et jusqu’ici, leur présence est toujours remarquée. Le tout a été couronné par l’arrivée du président Alassane Ouattara le 30 avril. Et Dieu merci, après son passage les choses sont allées très vite dans le sens de la réconciliation parce que toutes les parties en conflit avaient pris le soin d’exposer  leur vision du conflit. Les Koulango se sont exprimés, les Lobi également et, après le président a tiré la conclusion. Il a fait savoir que tous ceux qui étaient mêlés de près ou de loin dans cette affaire seraient sanctionnés. Aujourd’hui, la tension est retombée.

A quel stade êtes-vous maintenant ?

Aujourd’hui, on loue le Seigneur, car avec la présence des forces de l’ordre et les différentes patrouilles, dans tout le vaste département de Bouna, les esprits se sont calmés. Pour preuve, tous les réfugiés enregistrés au camp sont partis. Certains sont encore en ville, mais la quasi-totalité a regagné son domicile. Leur retour a été un peu retardé à cause du fait que leur domicile avait été incendié. C’est seulement la méfiance qui prévaut entre les communautés.

Que fait la mairie pour dissiper totalement la méfiance quand on constate qu’il y a deux marchés pour les deux communautés que sont les Koulango et les Lobi ?

Voyez-vous dans presque toutes les villes ivoiriennes, les quartiers se créent à partir des affinités linguistiques. Ainsi, vous verrez des Dioulabougou, des  Haoussabougou, etc. Evidemment, la ville de Bouna n’échappe pas à cette règle. Par rapport à son origine et à sa situation, j’avoue que ce marché ne peut pas être accepté par la mairie. D’ailleurs, nous avons eu des réunions avec tous ceux qui sont à la base de cette initiative. Nous leur avons expliqué qu’ils n’ont pas le droit d’entretenir la division et pourrir davantage l’atmosphère de méfiance entre les communautés. S’il y a une structure qui gagne par rapport à la création d’un marché, c’est bien la mairie. Mais dans le cas d’espèce,  nous ne pouvons pas tolérer la tendance à la division.

Que répondez-vous à ceux qui affirment que la création du marché Lobi est le fait d’un agent de la mairie ?

Je mets cela tout simplement sur le compte d’une mauvaise interprétation. Celui dont vous parlez est conseiller municipal et je l’ai mis face à ses responsabilités. Nous refusons de lever des taxes sur ce marché de fortune pour ne pas encourager l’initiative.

Vous confirmez donc que c’est le conseiller en question qui est à la base de la création d’un marché Lobi ?

Bien sûr. C’est lui qui est la base et il ne peut pas nier les faits. Comprenez qu’après avoir épuisé toutes les voies de négociation au niveau de la mairie, je me suis résolu à le convoquer devant la police.

Est-ce à dire que ce marché va disparaître ?

coulibaly seydou SG mairie BounaEvidemment, nous sommes d’autant plus confiants que le chef de l’Etat nous a fait la promesse de réhabiliter l’ancien marché qui réunira à nouveau toutes les communautés comme par le passé. Par ailleurs, pour mettre fin à la divagation des animaux, le président de la République nous  a promis un parc pour accueillir les bœufs, ce qui évitera les conflits entre éleveurs peulhs et les agriculteurs.  Ce que les Ivoiriens doivent retenir, c’est que la mairie de Bouna a trop souffert et continue de souffrir depuis le déclenchement de la crise.

Comprenez qu’il y a des moments où je me suis débarrassé de ma casquette de secrétaire général de la mairie pour ramasser des corps. Malheureusement, la mairie n’est pas prise en compte comme ce fut le cas lors de la crise de Grand-Bassam, dont la mairie a reçu 50 millions Fcfa en guise de soutien. Chez nous, je me demande bien qui va nous aider à supporter nos charges.

Que fait le maire depuis la fin de la crise pour rapprocher les populations ?

De façon concrète, bien que nous ne soyons pas parvenus à toucher individuellement les populations, nous sommes entrés en contact avec les communautés en passant par les différentes mosquées, les chefs Lobi et Koulango  en expliquant le bien fondé de vivre ensemble. Ces tournées se sont effectuées avec le maire et le représentant de chaque communauté.

Entretien réalisé à Bouna par Sériba Koné

 

 

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