Côte d’Ivoire : Quand le retour d’exil se fait à la tête du client #ProGbagbo
CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 10-7-2016) Il est très malade. Il traîne depuis longtemps un mal, la paralysie faciale, qui le ronge à petit feu. Lui, c’est Pol Dokoui, anciennement journaliste à Radio Côte d’Ivoire et qui, par la force des choses, est confronté aux turpitudes de l’exil au Ghana comme de milliers d’Ivoiriens qui ont choisi cette voie sans issue dès les premières heures de la crise postélectorale. Il ne cesse de manifester sa volonté de rentrer dans son pays.
Malheureusement, ses pieds d’appels semblent royalement ignorés par les services du Pr Mariétou Koné, ministre de la Solidarité, de la cohésion sociale et de l’indemnisation des victimes qui a pourtant décidé d’inscrire le retour massif des exilés ivoiriens au cœur de ses priorités dès sa nomination à ce poste le mardi 12 janvier 2016.
En témoignent plusieurs missions diligentées dans les pays à forte concentration de réfugiés de nationalité ivoirienne. Une démarche salutaire du Pr Mariétou Koné qui a réveillé en ces Ivoiriens, la volonté de regagner la Côte d’Ivoire après de nombreuses années d’exil. A la clef, 35 en provenance de la Guinée-Conakry dans la soirée du 28 juin 2016 et plus récemment, le retour de quatre caciques du pouvoir des refondateurs, dont Kadet Bertin, ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, le 30 juin 2016.
Avant cette vague, d’anciens exilés pro-Gbagbo, et non des moindres, ont été accueillis en pompe à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. Il s’agit notamment de Marcel Gossio, l’ancien Directeur général du Port autonome d’Abidjan sous la refondation qui se trouve être de la même région de l’Ouest que Pol Dokoui.
Le retour de celui-ci avait tellement suscité une vague d’intérêt au niveau du gouvernement que Mme le ministre Anne-Désirée Ouloto en avait fait son affaire personnelle. Toutes les Garanties, dont la libération et la réhabilitation de son domicile alors occupé par des éléments des Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire), ainsi que le dégel de son compte bancaire lui ont été concédées avant qu’il accepte de rentrer, enfin, le 17 janvier 2014.
Si les conditions du retour au pays ont été facilitées pour tous les exilés cités plus haut, pourquoi les choses trainent, lorsqu’il s’agit de Pol Dokoui qui, contrairement aux autres, est mal en point et souhaite regagner sa famille et ses proches. Que lui reproche-t-on, au point de le laisser dans cet état d’agonie ? Quelle était sa responsabilité militaire au moment du déclenchement des hostilités, au point où dans sa démarche de cohésion, Mme le ministre de la Solidarité ferme les yeux sur le cas Pol Dokoui ?
En tout état de cause, l’ancien journaliste de Radio Côte d’Ivoire n’attend qu’une seule chose : la garantie d’un retour, à travers le dégel de son compte bancaire, la libération et la réhabilitation de ses deux maisons, dont l’une à Abidjan et l’autre à Toulepleu. Si ce n’est pas le cas, Pol Dokoui risque de connaître le même sort que Mamadou Ben Soumahoro dont la dépouille mortelle a été expédiée en Côte d’Ivoire après son décès en exil au Ghana.
Si la volonté du gouvernement est de faire rentrer tous les Ivoiriens encore en exil, le ministère de la Solidarité, la cohésion sociale et l’indemnisation des victimes gagnerait à faire bénéficier tous les exilés du même traitement. C’est à ce prix que la Côte d’Ivoire pourra se targuer de 0 ressortissant exilé dans d’autres pays des suites de la crise postélectorale.
Idrissa Konaté
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