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Côte d’Ivoire : Primes impayées des Éléphants/ Des « têtes » bientôt arrêtées ?


-Le premier capitaine, Alassane Ouattara doit mettre fin à l’impunité

Les athlètes de l’Afro-Bsket 2013 attendent toujours leurs primes

Cette image traduit ce que les Ivoiriens veulent savoir dans cette affaire (Ph:Dr)

Cette image traduit ce que les Ivoiriens veulent savoir dans cette affaire (Ph:Dr)

Abidjan, le 27-4-15 (lepointsur.com)-Pour mettre fin à l’impunité dans l’administration ivoirienne concernant les dessous de table, il commence un jour. Avec ce qui se passe entre le ministère de la Promotion de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs et la Fédération ivoirienne de football (Fif), il est temps que les responsabilités soient situées, et que les coupables soient punis.

Le ministre de la Promotion de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, Alain Lobognon a instauré le paiement des primes des athlètes par virement bancaire. Il a très vite pris la mesure des plaintes et complaintes des athlètes et du mouvement sportif sur les difficultés rencontrées pour percevoir leurs primes quand elles transitent par la régie des compétitions internationales.

« L’argent du Sport aux sportifs. » Tel est le leitmotiv du ministre, Alain Lobognon que la mafia fédérale sportive ivoirienne présente comme un vulgaire bandit. Il a imposé cette méthode de paiement par virement bancaire des primes et bourses d’études des sportifs de haut niveau depuis sa prise de fonction.

Les nombreuses réformes initiées dont justement la disparition de la régie des compétitions officielles répond à cet impératif de bonne gouvernance et de la discipline budgétaire. Depuis sa prise de fonction, il se bat pour que le Trésor public vire directement les primes des bénéficiaires sur leurs comptes respectifs. Où alors quand tous les athlètes sont à Abidjan comme lors de la CAN 2013 des Cadets ou de la CAN2014 des Dames (médaille de bronze), il organise une cérémonie publique au cours de laquelle les joueurs prennent directement leurs enveloppes sans intermédiaires.

En conséquence, il n’a pas toujours réussi à imposer sa volonté en raison des mauvaises habitudes acquises, c’est-à-dire, « on ne regarde pas dans bouche de celui qui grille l’arachide« . Les dernières sorties du président de la Fif, Sidy Diallo et certains de ses membres achèvent de convaincre que M. Lobognon a souvent l’impression de se battre contre un groupe de personnes tapies dans l’ombre qui tire « la bonne gouvernance » dans les abymes.

Mais, il ne désespère pas de faire entendre raison aux réfractaires. Pour toutes les grandes compétitions internationales, il impose ainsi que le Trésor soit la pièce maîtresse du dispositif financier. Dans son entendement, et au regard de ses sorties à peine voilées sur les réseaux sociaux, cela évite, la manipulation de l’argent, assure la transparence et rassure les sportifs.

A la lecture des différentes sorties sans aucune preuve justificative par les dirigeants de l’instance fédérale du football, notamment Sidy Diallo et ses membres l’on peut affirmer que la méthode du ministre de la Promotion de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs fait ses effets. La CAN 2015, n’est que le déclic d’une mafia organisée dont les ramifications sont connues.

Comment des athlètes qui ont remis leurs coordonnées bancaires au régisseur du ministère de l’Economie et des Finances, et qui à son tour affirme avoir viré selon lui, « directement les primes des professionnels  du compte du Trésor aux comptes respectifs des joueurs,  » soit mis de côté dans les différentes accusations de la Fif au profit du ministre Alain Lobognon?

Ne rendait-il pas compte des différentes transactions bancaires à chaque étape de la compétition, au fur et à mesure des virements effectués, aussi bien à sa tutelle administrative qui n’est autre que le ministère des Sports qu’à sa tutelle financière, de l’Économie et Finances ? Ce qui ressort de nos investigations, c’est que le ministre des Sports transmettait chaque fois, le bilan des différentes transactions à la présidence de la République et à la Primature. Et ce, jusqu’à la finale et même après. Aussi curieux que cela puisse paraitre, les bilans transmis par le régisseur n’ont laissé place à aucun doute.

Le ministre des Sports a imposé la procédure du virement bancaire pour la récompense spéciale du chef de l’Etat, après la victoire finale. Il a demandé les coordonnées bancaires des joueurs et encadreurs utilisées par le régisseur pour le virement des primes pendant la CAN2015. Il les a transmises à la présidence de la République comme le montre le tableau ci- dessous.

Le tableau de paiement des primes différentes primes

Le tableau de paiement des primes différentes primes

L’entraîneur national, Hervé Renard a levé un coin du voile sur les primes. Dans une interview à Jeune Afrique, il a clairement fait entendre, au moins trois choses. A savoir, primo : « Il lui manque deux primes à percevoir. Il s’agit de la prime de la demi- finale et celle de la finale« , secundo, il a perçu sa « prime spéciale du Chef de l’Etat virée directement sur son compte« , et tierço, « les autres encadreurs n’ont pas encore perçu leurs primes spéciales virées par la présidence sur le compte de la FIF, » comme indiqué sur le tableau.

Cette affirmation du premier encadreur des Eléphants ouvre la boîte aux pandores et des interrogations reviennent à l’esprit. Le régisseur a-t-il véritablement respecté les consignes du ministre des Sports relatives au virement des primes sur les comptes respectifs des joueurs? Ou alors sous la pression de sa tutelle financière, c’est-à-dire le Trésor public, a-t-il viré les montants des primes par étape dans le compte de la FIF?

Selon certaines indiscrétions, ses supérieurs hiérarchiques du Trésor lui auraient demandé d’ignorer les consignes de sa tutelle administrative une fois arrivé à Malabo. Que s’est-il alors passé à partir de ce moment? A-t-il remis les montants cumulés des primes à la FIF en espérant que les Éléphants n’iraient pas jusqu’à la finale? C’est ici que toutes les sorties empreintes d’intoxications et de mépris à l’égard de M. Alain Lobognon prennent leur source.

A l’analyse, la méthode de paiement des primes par étape imposée par le premier responsable des Sports ivoiriens avait l’avantage de garder l’argent dans les caisses de l’Etat en cas d’élimination des Éléphants. En revanche, M. Alain Lobognon n’ayant pas manipulé directement l’argent qui était dans les comptes du Trésor public ne saurait être pour responsable des primes impayées. Mieux, il découvre comme tous les Ivoiriens, ce qu’il qualifie de « méchanceté de ceux qui ont cru pouvoir impunément détourner l’argent des jeunes qui ont fait honneur au pays« .

D’où sa volonté d’aller jusqu’au bout pour découvrir les failles du système. « L’occasion est belle pour régler définitivement la question de la gestion des ressources du Sport en Côte d’Ivoire« , fulmine-t-il. « Quand je dis l’argent du Sport aux sportifs, certains pensent que ce sont des paroles en l’air« , fait-il savoir.

Du côté de la fédération ivoirienne de football, le président Sidy Diallo s’est « déculotté » par son discours-bilan tenu devant le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko au lendemain du retour des Éléphants de l’expédition de Malabo. « Nous avons reçu sur la somme de 3,5 milliards FCFA décaissée par le Président de la République pour la CAN2015, et avons dépensé 3,2 milliards FCFA. Nous avons réalisé une économie de 300 millions FCFA« , avait déclaré l’actuel réfractaire, Sidy Diallo au micro des confrères et sous les flashes des projecteurs des photographes. Le fait que certains de ses proches et lui-même fassent pression sur les joueurs aujourd’hui pour incriminer le ministre des Sports, sur les primes non-payées, étouffe son raisonnement.

Même son de cloche chez les basketteurs de la campagne de l’Afro-Basket 2013

Outre les primes impayées des footballeurs, les basketteurs accusent quant à eux, deux ans de non paiement de leurs récompenses. Le joueur de la balle au panier, un professionnel évoluant en Europe qui a requit l’anonymat explique que les basketteurs sont aussi confrontés à ce problème et ne savent pas qui doit faire quoi afin qu’ils rentrent en possession de leurs primes qui datent de l’Afro-Basket 2013. « C’est avec beaucoup de risques que nous nous déplaçons pour l’amour de porter les couleurs de l’équipe nationale. Mais quand des cas de figures de ce genre se présentent, cela n’encourage pas, » a-t-il précisé. Ajoutant, par ailleurs qu’il a lu avec beaucoup d’intérêt l’article publié par lepointsur.com et que, « c’est devant nous que le ministre a pris toutes les dispositions afin que les engagements soient tenues, en signant les papiers sur lesquels il doit apposer sa signature. Est-ce qu’après nous M. Lobognon prend une autre décision, je ne pourrais y répondre. Mais, j’ai la certitude que le problème se situe entre le Trésor et le régisseur, » soutient notre interlocuteur. Qui estime que l’Etat doit « être franc avec les athlètes en prenant des engagements avec eux.« 

Quand est-il des autres fédérations qui n’ont encore rien dénoncé? Si le capitaine des Eléphants, Alassane Ouattara doit faire face à cette situation choquante et déshonorante, il faut que les responsabilités soient partagées et que les mis en cause soient jugés et punis, selon la loi. C’est à ce prix que certains membres de l’administration ivoirienne pourront mettre fin à certaines sales besognes qui font école depuis des décennies en Côte d’Ivoire.

Sériba Koné

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