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[Côte d’Ivoire Présidentielle 2020] Le duel des ‘’fils’’ d’Houphouët aura bel et bien lieu


Abidjan, le 07-08-2020 (lepointsur.com) Après l’annonce de la candidature de Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda, Alassane Ouattara, président du Rhdp sera candidat à la présidentielle d’octobre 2020. Le deuxième duel des fils héritiers de celui qui instruisait que  ‘’La paix, ce n’est pas un mot mais un comportement’’ et ‘’le dialogue est l’arme des forts’’ est inéluctable.

Après les deux décennies de ni paix ni guerre, on pensait que l’heure du dialogue et de la paix entre les héritiers de Félix Houphouët-Boigny a enfin sonné. Hélas ! Les jours qui viennent ne présagent pas un ciel clément et un climat apaisé.

Après la violence des armes sans effusion de sang en 1999, la Côte d’Ivoire est entrée dans une spirale de violences. Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié qui se proclament à qui veut les entendre les ‘’fils’’ du père la Côte d’Ivoire moderne, et l’opposant Laurent Gbagbo le savent bien.

‘’Après les deux décennies de ni paix ni guerre, on pensait que l’heure du dialogue et de la paix entre le de Félix Houphouët-Boigny a enfin sonné. Hélas !’’

Vingt ans après sa mort (décembre 1993), ils sont à l’épreuve de cette paix et du dialogue. En cause, le pays a connu les pires crimes de l’humanité, qui ont envoyé Laurent Gbagbo, l’opposant historique à Félix Houphouët-Boigny en prison à La Haye. Officiellement, le père de la paix et du dialogue a perdu 3 000 de ses fils et petits-fils dans une guerre fratricide sans merci.

Henri Konan Bédié et Alassane Ouattra seront bel et bien candidat. Ph. Archives

Personne n’a voulu mettre d’eau dans son vin à la présidentielle de 2010 et le pays a sombré dans le chaos. Les communautés nationale et internationale étaient au chevet d’une Côte d’Ivoire sous perfusion de la haine qui rongeait les trois grands leaders qui n’ont rien assimilé des leçons de la paix et du dialogue.

Vingt-sept ans après sa mort (décembre 93), la Côte d’Ivoire pleure celui qui a enseigné la valeur de la tolérance et du pardon à son peuple. Les fleurs de l’amour qu’il a semé sont fanées. Même les sages qui représentaient le feuillage des arbres sous l’ombre desquels la jeunesse pouvait se recueillir ont séché.

‘’Les vieux démons assis dans les articles de la Constitution, sources de tout le mal de la Côte d’Ivoire, resurgissent et exposent davantage la paix.’’

Le mal qui ronge la Côte d’Ivoire est profond, le pays n’a plus de repère. Pourtant, ce ne sont pas les valeurs qui manquent, mais la Côte d’Ivoire sombre davantage dans l’abîme de l’extrême violence.

Chacun des trois grands leaders a formé des militants qui embouchent la trompette du mal et de la haine. Chaque année, le peuple patauge dans une paix précaire où tous les signaux sont au rouge à l’approche de la présidentielle et des élections législatives, municipales et régionales.

Les vieux démons assis dans les articles de la Constitution, sources de tout le mal de la Côte d’Ivoire, resurgissent et exposent davantage la paix. Certains articles de la loi fondamentale du pays sont taillés sur mesure sciemment ou inconsciemment par d’imminents enseignants constitutionalistes et renferment, par conséquent, des germes confligènes.

Du coup, la boussole qui doit éclairer le peuple ne s’impose pas aux candidats aux élections, mais porte à interprétation et ouvre grandement la porte à l’anarchie, à la violence et à la déstabilisation du pays.

Leaders d’opinion, présidents de partis politiques, société civile deviennent tous des zombies, actionnent des relais sur le terrain, prêts à faire couler le sang du peuple. Sur la question, personne ne veut faire de concession ; pouvoir et opposition sont d’accord sur la base de : « 1000 morts à gauches, 1000 autres à droite, tant qu’il y aura des Hommes inscrits sur la liste pour voter, les filles et fils peuvent s’entretuer et la Côte d’Ivoire ne disparaîtra pas.» Le pays se zombifie.

Aujourd’hui, personne ne se soucie des charniers de Duekoué, qui attendent que les corps de la crise post-électorale de 2011 et, même bien avant, soient identifiés et dignement enterrés. À Man, capitale de la région du Tonkpi, par exemple, lors des travaux de terrassement d’une route près du lycée moderne de la ville, un charnier contenant une vingtaine de corps ont été découverts le 13 janvier 2020. L’on sait que cette ville a été le théâtre d’affrontements violents, pendant la rébellion de 2002, entre les groupes armés rebelles (MJP, MPIGO et MPCI), qui devaient devenir les Forces nouvelles (FN), et les forces armées régulières loyales au président Laurent Gbagbo.

Voici que personne ne s’interroge sur le cas de ces morts sans sépulture digne, perdus dans des charniers à travers le pays, et dont les âmes crient sûrement vengeance et justice. Comme s’il fallait tuer pour que la Côte d’Ivoire soit en paix. Une chose est sûre. En bon visionnaire, Houphouët-Boigny a construit la Fondation pour la recherche de la paix à Yamoussoukro parce qu’il savait que ses fils n’avaient pas appris les fondamentaux d’une paix durable entre eux. Celle qui doit fédérer des énergies positives à même de forcer l’admiration des pays de la sous-région et du monde entier. Ses ‘’bons petits’’ (pour parler comme l’enfant de la rue) sont dans la posture des règlements de compte. La Fondation peut servir à autre chose que celle de la recherche véritable de la paix.

‘’Le face à face Bédié-Alassane pour la présidentielle de 2020, achève de convaincre que le mal de la Côte d’Ivoire était profond.’’

C’est dans ce contexte peu digne des fils de celui qui a semé la paix, que le peuple est en train de récolter la haine. Pour la présidentielle de 2020, l’ultime face à face Henri Konan Bédié (le dauphin constitutionnel d’hier) et Alassane Ouattara (l’ex-Premier ministre d’Houphouët) aura lieu. L’heure de la vomissure de la violence verbale et physique entre ceux qui se réclament d’un père de la paix a sonné. Faut-il assister à ce dernier spectacle pour que le mal qui ronge la Côte d’Ivoire depuis des décennies prenne définitivement fin dans dix ans ? Le vin est tiré, il ne reste qu’à le boire en pensant à une autre Constitution qui fermera définitivement la porte aux articles confligènes.

À tous les coups, la victoire reviendra à l’un des fils de Félix Houphouët-Boigny, qui sème le trouble et la violence en s’appuyant sur une minorité. Qui, à la vérité ne représente rien, mais utilise les moyens du contribuable pour faire du bruit dans la presse et les médias d’État.

Le face à face Bédié-Alassane pour la présidentielle de 2020, achève de convaincre que le mal de la Côte d’Ivoire était profond. Le peuple découvre enfin qu’il s’agissait d’un problème de personne. Simplement !

Sériba Koné

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