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[Côte d’Ivoire Politique] En 2016, voici ce qu’Alassane a dit aux leaders coutumiers ivoiriens et libériens


Le Monde

Par notre correspondant à Abidjan: Georges Moihet le 19/01/2016 à 18h20

Le président Alassane Ouattara a déclaré, lundi, n’avoir aucune intention de se présenter à nouveau à l’élection présidentielle. Une annonce qui vient réaffirmer sa position sur la question. La décision va raviver les tiraillements sur l’alternance au sein de la coalition au pouvoir.

Le président ivoirien Alassane Ouattara a affirmé, lundi 18 janvier à Guiglo, dans l’ouest ivoirien, où il était en visite accompagné d’Ellen Johnson Sirleaf, la présidente du Libéria, dans le cadre d’une rencontre entre les leaders coutumiers de ces deux pays voisins, qu’il ne comptait nullement briguer un troisième mandat, conformément aux dispositions de la constitution ivoirienne.

«Ellen Johnson Sirleaf et moi, nous nous sommes concertés, et nous avons dit non, nous n’avons pas besoin de cela», a-t-il déclaré, répondant à la requête d’un chef coutumier libérien leur demandant d’opter pour un troisième mandat présidentiel.

Dans les faits, c’est la énième  fois que le président ivoirien fait une telle déclaration, après l’avoir solennellement signifié une première fois devant Dlamini Zuma, la présidente de la commission de l’Union africaine, en visite à Abidjan en avril dernier.

Même si sa position paraissait connue sur la question, la sortie en début d’année de Bacongo Cissé, ex ministre en charge de la Fonction publique avant le remaniement de la semaine dernière, avait interpellé plus d’un. Ce dernier avait, dans une tribune publiée dans la presse en début d’année, appelé à lever le verrou de la limitation de mandat.

«Il convient d’abroger la limitation de la durée du mandat présidentiel et de revenir à l’ancienne rédaction de la disposition traitant cette question (…)» avait-t-il affirmé, évoquant des « conséquences fâcheuses», notamment «en l’absence de cadres politiques charismatiques, compétents, crédibles et intègres, pouvant assurer la relève, le peuple peut se trouver comme contraint d’élire un président de la République par défaut, dont la gestion peut le conduire à un désastre, sur tous les plans, …».

Si, après avoir soulevé un tollé général, celui-ci avait signifié dans une seconde tribune qu’«Alassane Ouattara, n’est pas concerné, ni visé …», la polémique avait déjà pris corps et entretenait quelques suspicions, dans l’opposition notamment.

Mais toujours est-il que, hasard de calendrier ou sanction, ce proche du président ivoirien figure parmi les rares ministres à n’avoir pas été reconduit dans le nouveau gouvernement ivoirien.

Cette annonce, qui n’est finalement pas une surprise, fait tout de même resurgir le débat sur l’alternance au niveau du RHDP, la mouvance présidentielle. Le PDCI, l’ancien parti unique dirigé par l’ex-président Henri Konan Bédié – qui a soutenu Alassane Ouattara au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2010 et à renoncer à présenter un candidat à celle d’octobre 2015 au profit de ce dernier – attend de voir un de ses cadres porter le flambeau de la coalition à la présidentielle de 2020.

Une chose qui n’est pas absolument acquise au niveau du RDR, le parti d’Alassane Ouattara. Mais aussi au niveau d’un autre parti de la mouvance, l’UDPCI d’Albert Mabri Toikeuse qui a déjà désigné ce dernier comme candidat à la prochaine présidentielle et espère voir le RHDP avalisé son choix.

La fusion des cinq partis qui forment la coalition, telle que préconisée par les deux poids lourds (le PDCI et le RDR), au sein du RHDP, pourrait ne pas suffire à faire taire les ambitions des nombreux «dauphins», pronostiquent déjà certains observateurs.

Par notre correspondant à Abidjan: Georges Moihet

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