Côte d’Ivoire : Une manifestation de producteur de cacao dispersée par la police


Abidjan le 17-02-2017 (lepointsur.com) La police a dispersé à coups de gaz lacrymogène une manifestation de producteurs de cacao de Côte d’Ivoire, premier exportateur mondial de la fève, organisée pour dénoncer la mévente des récoltes, a constaté l’AFP.

Plusieurs dizaines de producteurs brandissant des pancartes proclamant « Tout notre cacao va à crédit (il n’est pas payé) », se sont rassemblés au Plateau, quartier administratif et des affaires d’Abidjan pour déplorer

« l’immobilisation de plusieurs milliers de tonnes de cacao au port d’Abidjan à la suite du blocage du système d’achat mis en place par les autorités ».

Depuis novembre 2016, les producteurs n’arrivent plus à écouler leurs récoltes. Le prix « bord champ » du kilo de cacao fixé à 1.100F CFA (1,67 euros) par le gouvernement ivoirien « n’est même plus respecté », a déploré le président du syndicat national des producteurs pour le progrès, Moussa Koné.

« Tout est bloqué dans les ports comme en brousse. Donc les paysans sont obligés de brader par défaut d’acheteurs », a-t-il expliqué.

« Les producteurs sont venus de toutes les régions de Côte d’Ivoire (…)

pour que le cacao soit payé. Le produit (cacao) se trouve bloqué dans les deux

ports de San Pédro et Abidjan », a déclaré à l’AFP Bilé Bilé, président de la

Coordination nationale des planteurs de Côte d’Ivoire.

Actuellement, il y a « 580 remorques de 35 à 38 tonnes qui sont bloquées au

port d’Abidjan ce qui équivaut à près de 20.000 tonnes de cacao », a-t-il

poursuivi.

Selon un exportateur qui a requis l’anonymat, tout est parti « du gap de 470

FCFA (0,71 euros) qu’il y a entre le prix du cacao à la Bourse de Londres qui

est de 1.380 FCFA (2,10 euros) et le prix de vente à l’exportation imposé par

le Conseil (ivoirien) café-cacao qui régule la filière, qui est de 1.850 FCFA

(2,80 euros) ».Le cacao est vital pour l’économie ivoirienne. Ce secteur représente 15% du

PIB, plus de 50% des recettes d’exportation et, surtout, les deux tiers des

emplois directs et indirects, selon la Banque mondiale.

On se le rappelle, une partie des planteurs de cacao a entamé ce mercredi 15 février une grève illimitée. Ils entendent ainsi protester contre le blocage de leurs fèves. Alors que le cours du cacao a chuté de 25% en quatre mois, ils n’arrivent plus à vendre et exporter leur or brun.

Autour du port d’Abidjan, des camions remplis de cacao sont bloqués depuis des semaines, au bord des champs des producteurs, des toiles de jutes attendent, et les planteurs voient leurs fèves se dégrader. Alors que les cours du cacao ont fortement chuté depuis l’automne, ils ne parviennent pas à exporter toute leur production.

« Personne ne vient acheter. Aujourd’hui, ceux qui viennent acheter viennent proposer 600 CFA pendant que l’Etat a fixé le prix du cacao à 1100 CFA garantis… voilà le problème, explique le président du Syndicat national agricole pour le progrès, Moussa Koné. Ce que nous demandons, c’est que ce fameux fonds soit débloqué pour sauver la campagne. »

Un fonds de réserve est prévu en cas de crise. Mais le Conseil du Café-Cacao ne l’a toujours pas débloqué, alimentant ainsi rumeurs et inquiétudes. Alors que la Côte d’Ivoire compte environ 800 000 planteurs et que le cacao représente la moitié de ses recettes d’exportation,

L’instance officielle de régulation s’emploie désormais à rassurer. « Il n’y a jamais eu de blocage, jamais eu de paralysie », explique Massandjé Touré Litsé, sa directrice. « Il y a a seulement eu un ralentissement dû à un pic de la production », assure-t-elle.

Elle appelle tous les producteurs à dénoncer les intermédiaires qui achèteraient le cacao en dessous de 1100 CFA. Pour le reste, assène-t-elle, il n’y a aucune inquiétude à avoir.

Rfi

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