Côte d’Ivoire/Litige foncier à Béoumi : N’Gbabo et Djanhoun continuent de se regarder en chiens de faïence #Palabres
CIV-lepointsur.com (7-2-2018) Il faut encore de nouvelles lois, du courage, du temps et de la justice pour que l’on évite à l’avenir des guerres dont la cause serait indubitablement le foncier rural. Partout ailleurs en Côte d’Ivoire le problème est entier. Dans la sous-préfecture de Béoumi, des villages sont sur le pied de guerre. Nous en avons rencontrés quelques-uns.
Seriez-vous prêts à accepter une délimitation entre votre village (Djanhoun) et le village de N’Gbabo à partir du lit de la rivière Akô non-non ? La réponse donnée par Ahoutou Boni, un ancien du village, à cette question posée aux populations de Djanhoun n’appelle aucun commentaire : « ça, jamais ! Notre position, c’est la limite à partir de Djimbo. Djanhoun ne peut pas accepter une délimitation à partir de Akô non-non.»
On l’a souvent dit et redit, les prochaines guerres de la Côte d’Ivoire auront pour cause fondamentale les problèmes du foncier rural. N’Gbabo et Djanhoun arriveront-ils à fumer le calumet de la paix un jour ? Pas si sûr. Mais des possibilités existent.
Dans le cadre d’un projet de délimitation des villages de Côte d’Ivoire, projet financé par l’Agence française de développement (AFD), le Sous-préfet de Béoumi a procédé au tracé, piquetage et à la pose des bornes entre Faly-NGbabo et Djanhoun, deux villages de la sous-préfecture de Béoumi. C’était le jeudi 18 janvier 2018. Des jours avant, le Sous-préfet avait demandé aux deux villages de constituer une délégation de 11 personnes chacun, en vue de servir de témoins à cette action.
Pour autant, dès le lendemain du tracé et de la pose des bornes, une poussée de fièvre indescriptible s’empara des jeunes de N’Gbabo, qui décidèrent de tout remettre en cause. En colère, les jeunes de N’Gbabo ont non seulement déterré les bornes posées la veille, mais également opposé une fin catégorique de non-recevoir à ce tracé qu’ils considèrent comme arbitraire. Pour eux, ce n’est rien d’autre qu’une expropriation d’une grande partie de leurs terres.
Que s’est-il passé pour que l’on en arrive là ? Pour mieux comprendre la profondeur de ce litige qui a failli mal tourner et qui ne sommeille plus que d’un œil, nous avons dû nous rendre sur le site en question, visiter les deux villages en conflit et trois autres villages voisins. Nous avons interrogé chefs de villages, chefs de terre, notables, chefs de tribu, anciens des villages, cadres et jeunes des différents villages proches ou lointains selon que d’après l’histoire, ces villages sont censés nous fournir le moindre détail susceptible de faire éclater la vérité. Ce grand tour a non seulement révélé la complexité du litige, mais aussi permis de de comprendre que ledit litige est vieux de plus cent (100) ans.
DES ELEMENTS CLES DU CONFLIT. N’Gbabo et Djanhoun sont séparés de sept (07) kilomètres environ. Sur le trajet de N’Gbabo à Djanhoun, l’on traverse deux lits de rivières. La première rivière, ‘’Blah N’zué’’ est situé juste à la sortie de ce village à quelques 600 mètres des dernières maisons. La seconde rivière un peu plus loin, est appelée Akô non-non. En poursuivant le chemin à environ 1 kilomètre de Djanhoun, se trouvent les jeunes pousses d’un fromager du nom de ‘’N’Gatta blé Koffi Gnin’’ (le fromager de N’Gatta blé Koffi). Tout le conflit de délimitation tourne autour de ces noms de rivière et fromager en plus d’un autre site appelé Djimbo, situé lui aussi à environ 3,5 kilomètres de chacun des deux villages.
Alors, que s’est-il passé pour que l’on en arrive à déterrer les piquets et les bornes posés sous le regard bienveillant de monsieur Aka, sous-préfet de Béoumi ? Il faut d’abord savoir que lors du tracé, contrairement à ce qui avait été recommandé par le sous-préfet, la délégation de N’Gbabo n’était composée que du chef Koffi Angoran, de son Secrétaire général, Yao Yao et de deux jeunes. Cette attitude de la part du chef et de son Secrétaire général, jugée suspecte par le reste du village est l’une des raisons de la colère des jeunes. En effet, selon monsieur Yao Yao que nous avons interrogé, « La notabilité de N’Gbabo avait fait une réunion et décidé que personne ne devait prendre part au tracé et à la pose des bornes». Pour autant, Yao Yao s’y est rendu, en compagnie du chef Koffi Angoran.
Par ailleurs, le tracé fait par le sous-préfet à partir de ‘’Djimbo’’, a été considéré par les jeunes de N’Gbabo comme une véritable provocation, d’autant plus que ce site se trouve au cœur des anciens champs et campements des populations de N’Gbabo. C’est ce qui explique la colère des jeunes dudit village. Mais le chef Angoran dit avoir eu des raisons de participer à ce tracé. « Comme je suis le chef, je ne peux pas me dérober alors que le sous-préfet vient au village pour une telle activité. Je me dois de respecter l’autorité administrative. Voilà pourquoi j’ai pris part à cette rencontre », se justifie-t-il. D’accord, rétorquent les jeunes.
Mais pourquoi avoir apposé sa signature au bas du document qui fait de ‘’Djimbo’’ la frontière entre les deux villages ? Sur la question, le Secrétaire général du chef, Yao Yao répond qu’il s’agit d’un tracé virtuel et que selon ledit document, tant qu’il n’y aurait pas eu un accord véritable entre les deux villages, aucun des deux n’avait le droit d’aller au-delà des limites litigieuses. Un tracé virtuel n’est certainement pas un tracé provisoire. En principe, on ne pose les bornes que lorsqu’on est sûr d’avoir trouvé un accord.
DES REPERES TRES ANCIENS, TEMOINS DE L’HISTOIRE. Bien des gens d’un âge avancé qui habitent encore ce village de N’Gbagbo seraient nés, d’après les témoignages de plusieurs personnes, dans toute la partie qui part de N’Gbabo à ‘’N’Gatta Blé Koffi Gnin’’. Nous avons pris le temps qu’il faut pour visiter les vestiges de ces endroits. Nous y avons découvert d’anciennes maisons, des canaris et autres mortiers aux valeurs et à l’esthétique amoindris par l’effet du temps, ainsi que des histoires relatives à toutes cette partie du Kon’go Ahawlè (la Savane de Kongo, du nom de l’ancêtre fondateur de la famille Gôssou).
Faut-il le noter, la famille Gôssou constitue à elle seule tout un quartier de N’Gbabo. Il faut également retenir que, de N’Gbabo à ‘’N’Gatta Blé Koffi Gnin’’, nous n’avons découvert que d’anciens champs et maisons appartenant aux gens de N’Gbabo. Pourquoi les habitants de Djanhoun qui disent être les propriétaires terriens de toute cette partie, n’ont ni champs, ni maisons, ni souvenirs de toute cette partie allant de N’Gbabo à N’Gatta Blé Koffi Gnin, à environ 1 km de Djanhoun sur une distance totale de 07 km ? La question leur a été posée.
Et c’est M. Ahoutou Boni, ancien de Djanhoun qui a bien voulu donner la réponse : « A l’époque, nous avions un tout petit village et très peu d’habitants. Nous avions suffisamment de terres cultivables ici, et donc nous n’avions pas jugé nécessaire d’aller faire des champs jusque là-bas », s’est-il défendu. Quand on sait que dans les villages, les champs, les rivières, les anciennes maisons, les forêts sacrées et même des arbres constituent des repères importants pour déterminer les frontières et les limites, on est obligé de s’interroger.
BLAH N’ZUE, POSSIBLE FRONTIERE ENTRE LES DEUX VILLAGES ? Cette idée est fortement défendue par les populations de Djanhoun. Selon elles, cela ne fait l’ombre d’aucun doute, ‘’Blah N’Zué’’ situé à environ 600 mètres de N’Gbabo, dans le sens N’Gbabo-Djanhoun est bel et bien la frontière entre les deux villages. Pour toute logique, il faut bien admettre que cela parait invraisemblable, d’autant plus qu’une telle frontière contraint le village de N’Gbabo à ne disposer d’aucune terre cultivable. C’est certainement pour cette raison que le sous-préfet lui-même n’a pu accepter cette idée, en allant faire le tracé à 3,5 kilomètres plus loin.
Par ailleurs, cette idée est défendue par le seul village de Djanhoun. Ni Tiéndiébo, voisin immédiat de N’Gbabo, ni Agbayansi ou Wongrès des villages voisins très au fait de cette affaire que nous avons rencontrés, n’ont évoqué Blah N’zué comme probable frontière entre N’Gbabo et Djanhoun. Monsieur Yocoly Kouamé, chef de la tribu des Faly a lui aussi réfuté cette idée. Kouadio Kouamé (habitant de Agbayansi) et petit-fils de Angbéyan Dibi plus connu sous le nom de Popo Dibi, ancien chef de N’Gbabo, ne reconnait pas cette délimitation faite par Djanhoun aux abords de N’Gbabo. Pour lui, la limite c’est le lit de la rivière Akô non-non.
Cette idée est aussi défendue par N’Gbabo et Wongrès, arguant qu’en raison des nombreux litiges des décennies avant, le chef de canton Jean Kouadio avait en son temps fait une délimitation à Akô non-non afin d’éviter d’autres conflits. Une version que ne reconnaissent pas Tiéndiébo et Djanhoun. En tout cas, ces deux villages disent n’avoir jamais entendu parler de cette délimitation faite par Jean Kouadio. Où se trouve alors la vérité ?
TIENDIEBO, LE TEMOIN CLE ET LA CONSTANCE DE ‘’N’GATTA BLE KOFFI GNIN’’. Une donnée très intéressante dans cette enquête est la position historique et géographique du village de Tiéndiébo. C’est connu de tous dans la zone. Le village de Faly N’Gbabo est installé sur le territoire de Tiéndiébo. Il y a plus de cent ans, les habitants étaient à Agbanyansi. C’est donc de là-bas qu’ils sont venus s’installer sur leur site actuel, site concédé par Tiéndiébo, village dont ils sont les voisins immédiats séparés seulement d’environ 50 mètres. C’est donc le village de Tiéndiébo qui a traditionnellement une frontière avec le village de Djanhoun, N’Gbabo se trouvant sur le territoire de Tiéndiébo.
De ce point de vue, la version de ce village sur la frontière qui le sépare traditionnellement de Djanhoun est d’une importance capitale. Le chef du village de Tiéndiébo, Boh Yao Pascal, que nous avons rencontré en compagnie de quelques-uns de ses notables, a été clair sur la question : « Notre frontière avec le village de Djanhoun a de tout temps été matérialisée par ‘’N’Gatta Blé Koffi Gnin’’. Ce n’est ni Blah N’zué, ni Djimbo ».
Ce même point de vue est soutenu par Yocoly Kouamé le chef de la tribu des Faly (13 villages) : « la plus ancienne frontière connue et reconnue comme telle, est ‘’N’Gatta Blé Koffi Gnin’’. Des années plus tard, en raison des multiples conflits, le chef canton Jean Kouadio avait fait un découpage à partir d’Akô non-non. Mais, je répète que la plus ancienne frontière entre les deux villages est bel et bien N’Gatta Blé Koffi Gnin ». On le voit, il y a une constance autour de ‘’N’Gatta Blé Koffi Gnin’’. Wongrès et le chef de tribu des Faly, N’Gbabo, Tiéndiébo reconnaissent tous ‘’N’Gatta Blé Kofi Gnin’’ comme la frontière. Là où Djanhoun et Agbayansi désignent respectivement Blah N’zué et Akô non-non comme la frontière.
LA PARCELLE DE 400 HECTARES DE TRAORE THIEMOKO, LE NŒUD GORDIEN DU PROBLEME. Comme indiqué un peu plus haut, il y a une constance autour de N’Gatta Blé Koffi Gnin, désigné comme la plus ancienne frontière connue entre les deux villages. C’est ce que disent les sachants interrogés à N’Gbabo, Wongrès, Tiéndiébo et le chef de la tribu des Faly. Alors, pourquoi le village de Djanhoun persiste-t-il à désigner Blah N’zué comme la frontière entre les deux villages ?
A la vérité, vers 1970, le village de Djanhoun a cédé une grande partie de son territoire à un certain Traoré Thiémoko, richissime opérateur économique d’origine voltaïque, mariée à une femme Baoulé. Cette parcelle s’étend sur une superficie de 400 hectares. Elle est aujourd’hui exploitée par des peulhs qui entretiennent de nombreux parcs de plusieurs centaines de têtes de bœufs.
48 années après, Djanhoun n’est plus le petit village d’autrefois. Sa population a aussi pris du volume. Les terres cultivables autour du village se raréfient. Il faut bien trouver de nouvelles terres pour les jeunes qui ne comprennent toujours pas comment et pourquoi leurs parents ont pu céder 400 hectares à un seul individu. Selon des témoignages recueillis, des histoires mystérieuses de génies et d’un géant serpent dans cette partie du territoire de Djanhoun, auraient été à la base de la cession.
Au cours de cette enquête, nous avons pu rencontrer Traoré Aminata, la dernière fille de Traoré Thiémoko, qui gère aujourd’hui l’espace de son père. Selon elle, la parcelle appartient bel et bien à son père et cela est connu de tous, y compris les autorités administratives en charge du dossier. Voilà en substance ce qui pousse le village de Djanhoun au-delà des 400 hectares et aux abords du village de Faly-N’Gbabo.
LES GRAVES CONTRADICTIONS DANS LES DECLARATIONS DES SACHANTS DE DJANHOUN. A Djanhoun, nous avons rencontré une quinzaine de personnes, toutes des sachants qui nous ont informés sur différents sujets. Il ne faut pas perdre de vue que notre enquête consistait à déterminer avec exactitude la véritable frontière entre Faly-NGbabo et le village de Djanhoun. Lors de nos échanges avec les sachants de Djanhoun, nous avons enregistré de graves contradictions dans leurs propos. Monsieur Yobouet Ahouman est le Secrétaire général du chef du village de Djanhoun. Voici sa version des faits : « aux temps anciens, un homme de la famille Gôssou avait pris pour femme une ressortissante de Djanhoun. Cet homme avait demandé au chef de terre de Djanhoun de lui donner un lopin de terre afin de pouvoir prendre soin de sa femme et des enfants qu’ils pourraient éventuellement avoir avec elle. Ainsi, le chef de terre lui accorda toute la parcelle allant de Faly-Gbabo jusqu’au site appelé Djimbo ». Yobouet Ahouman reconnait toutefois qu’aux temps des travaux forcés, leurs parents faisaient leurs travaux jusqu’au lieu appelé N’Gatta Blé Koffi Gnin.
Et que de l’autre côté, les populations de N’Gbabo faisaient aussi leurs travaux jusqu’à N’Gatta Blé Koffi Gnin. Une idée développé et soutenue d’ailleurs par Koffi Angoran, actuel chef du village de Faly-N’Gbabo. « En 1929, raconte-t-il, je suis allé deux fois à l’ancien village (village de la famille Gôssou situé dans le ‘’Ko’ngo Ahawlè’’ sur le tronçon N’Gbabo-Djanhoun). C’était pendant les travaux forcés où j’ai accompagné mon père qui était le chef du village de N’Gbabo à cette époque. En ce temps-là, la frontière connue de tous entre les deux villages était ‘’N’Gatta Blé Gnin’’. Il faut se souvenir que c’est à Djimbo, situé à environ 3,5 kilomètres des deux villages que le sous-préfet a fait son tracé et posé les bornes le jeudi 18 janvier 2018.
Les populations de Djanhoun disent être le dernier groupe de Baoulé venu du Ghana. Alors, comment les derniers peuvent-ils être propriétaires terriens devant ceux qui y étaient déjà installés ? Sur cette question, Yobouet Ahouman tente le tout mais finit par se dédire. « Le territoire que nous occupons aujourd’hui n’était pas occupé il y a bien longtemps de cela. C’est Kokora Angbi, notre ancêtre, qui a conduit la délégation du Ghana en Côte d’Ivoire et s’est installé ici en premier, après accord de la reine Pokou. N’Gbabo n’était pas non plus là sur son site actuel. Leur site traditionnel est Agbayansi. Le Village de N’Gbabo est sur le territoire de Tiéndiébo.»
On le voit, il y a quelque chose d’absolument terrifiant en ce qui concerne celui qui a concédé un lopin de terre à N’Gbabo. Loin de nous l’idée de prendre position pour l’un ou l’autre village. Il apparait cependant, au regard d’un certain nombre de déclarations, qu’aucun fait, site ou histoire ne témoigne en faveur de Djanhoun. Comme déjà indiqué, de Faly-N’Gbabo à ‘’N’Gatta Blé Koffi Gnin’’, rien ne restitue la mémoire de Djanhoun dans toute cette partie où l’on découvre avec aisance d’innombrables champs, forêts, puits, canaris, mortiers, vestiges de maisons appartenant aux plus vieilles populations de Faly-NGbabo.
Ceci n’est qu’une enquête journalistique. II ne nous appartient pas de décider à la place de l’autorité administrative. Toute l’administration centrale de Béoumi pourrait faire le tour des mêmes villages que nous avons visités, compléter la liste avec d’autres villages que ni le temps, ni les moyens ne nous ont permis de visiter. Une enquête judiciaire pourrait le cas échéant, être suscitée en vue de compléter la nôtre. La paix actuelle et future entre Faly-N’Gbabo et le Zèdè-Djanhoun en dépend.
Jean-Philippe Okann
Encadré 1
Pourquoi le Sous-préfet a-t-il refusé de parler ?
Le vendredi 26 janvier peu avant 9 heures, nous nous sommes rendu à la sous-préfecture pour faire nos civilités à monsieur le sous-préfet. Après les échanges de salutations habituelles, nous avons décliné notre identité et exposé les raisons de notre présence à Béoumi et dans son bureau. Sa première préoccupation a été de savoir comment nous avons pu avoir l’information relative au litige foncier qui oppose Djanhoun et N’Gbagbo. Elle a été rapidement gérée sou le sceau de la protection des sources. Pour le reste, monsieur Aka nous a vaguement dit qu’il ne comprenait pas l’attitude des gens de N’Gbabo qui refusent le tracé somme toute, virtuelle (?). Lorsque nous avons voulu en savoir davantage, il nous a répondu qu’il n’était pas habilité à traiter cette question, et que nous devrions plutôt nous adresser au préfet ou à la Secrétaire générale de préfecture, tout en sachant que ces deux personnalités étaient absentes de la ville de Béoumi. Mme la Secrétaire générale de préfecture était par exemple en séminaire à Bouaké depuis deux jours. L’information nous été donnée à la préfecture où nous nous sommes également rendu. Le sous-préfet a donc refusé d’évoquer le sujet avec nous, refusé de nous donner son contact. Et pourtant, pourtant à notre arrivée à son bureau, il a fait faire photocopier notre carte d’identité de journaliste professionnel, enregistré notre numéro de téléphone, demandé notre ville natale et notre résidence habituelle. Intrigant tout de même ! Le principe de la réciprocité aurait voulu que le sous-préfet acceptât de nous donner sa version des faits en tant qu’acteur principal du tracé et de la pose des bornes qui a failli dégénérer. Pourquoi a-t-il refusé de parler ?
JPO
Encadré 2
Sékongo, un nom qui cache bien une histoire
Sékongo. Voilà un nom qui est souvent revenu sur les lèvres des personnes que nous avons eu à interroger. Ce Sékongo gérerait les biens, notamment des bœufs et des champs d’une autorité administrative de la ville de Béoumi. Selon certains témoignages, la délimitation faite à ‘’Djimbo’’ loin de ‘’N’Gatta Blé Koffi Gnin’’ aurait quelque chose à voir avec les activités du fameux Sékongo. De fait, Sékongo travaillerait dans un des parcs (21 parcs avant la crise de 2002, il n’en reste plus que 09) situé dans la parcelle de 400 hectares de feu Traoré Thiémoko. Cette parcelle qui est du domaine de Djanhoun se situe également aux limites de ‘’N’Gatta Blé Koffi Gnin’’, considéré par la plupart des villageois comme la traditionnelle frontière entre Djanhoun et N’Gbabo. L’enquête était délicate et pouvait à tout moment soulever des susceptibilités capables de barrer notre chemin. En raison donc d’un certain nombre de paramètres, nous n’avons pas pu rencontrer le fameux Sékongo. C’est la raison pour laquelle nous taisons volontairement le nom de cette autorité administrative pour laquelle Sékongo travaillerait. Mais, une chose est sûre, des intérêts croisés dans cette zone rendent difficiles le tracé aux limites traditionnelles.
JPO
Encadré 3
Qui a coupé le fromager ?
Quelques jours seulement après les incident survenus à Djimbo, le fromager de N’Gatta Blé Koffi a été abattu. C’est une jeune pousse, pas assez robuste, mais de souche multiséculaire. Il a toujours été désigné par le village de N’Gbabo comme la frontière naturelle et traditionnelle entre les deux villages. Alors, qui a coupé ce fromager ? Qui a intérêt à ce que ledit fromager (N’Gatta Blé Koffi Gnin) disparaissent ? A Qui profite le crime ? Si tant est qu’abattre cet arbre peut être assimilé à une dissimulation de preuve. En abattant ce jeune fromager on tente de corrompre la vérité. ‘’N’Gatta Blé Koffi Gnin’’ est un repère historique. Pourquoi l’avoir abattu juste après le tracé litigieux du sous-préfet ? Autant de questions que seule l’administration centrale est à même d’apporter les réponses après enquête.
JPO
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