[Côte d’Ivoire] L’ex-première Dame Simone Gbagbo reste résolument une femme engagée en politique, une opposante déterminée

Abidjan, 19-05-2023 (lepointsur.com) « Simone n’a pas de haine contre Laurent », le dit Mon Frère d’un soir, Traoré Moussa Ahmed, après la lecture du livre de l’ex-première Dame ivoirienne, Simone Ehivet Gbagbo. « Elle dit avoir perdu un ami et que sa vraie mission est d’intercéder pour l’homme ». Simone reste résolument une femme engagée en politique, une opposante déterminée.

Frère d’un soir, Simone Gbagbo a sorti le 15 février 2023 un livre intitulé : « Du sous-sol de la République à la Restauration ». Ce livre de 400 pages est publié sous la forme d’une grande interview menée par la journaliste Régine Dominique Talmas Tayoro. Seulement, par moments, le lecteur averti constate que certaines questions ont été trouvées pour un texte déjà écrit.

Ce n’est pas un entretien à bâtons rompus. Souvent , c’est la personne interrogée qui mène le débat en disant que j’en parlerai plus loin ou nous y reviendrons. Cette observation n’enlève rien à la qualité de ce texte très instructif qui permet de mieux cerner l’ex-première Dame.

Si on enlève de ce texte les extraits de la bible, il ne restera que ses 2/3. Elle interprète tous les événements comme prévus par Dieu. Son arrestation, sa détention pendant 7 ans à Odienné puis à l’école de gendarmerie, son acquittement et son amnistie par Ouattara étaient annoncés par des hommes de Dieu et par ses propres visions.

Simone Gbagbo ne lâche rien contre le régime Ouattara qui piétine la loi fondamentale et les libertés individuelles, selon elle. Elle s’interroge sur les deux investitures de Ouattara. La première au golf hôtel et celle du 6 mai 2011 à Yamoussoukro. En quelle qualité Ouattara agissait au début de son mandat? La question qui a gagné les élections est encore d’actualité dans l’œuvre. Elle reste très amère contre J. Y Choi et l’ensemble de la communauté internationale qui ont refusé le recomptage. Elle très amère contre certains magistrats ivoiriens qui gagneraient à faire preuve d’intégrité. Elle assume clairement que c’est elle et Aboudrahame Sangaré qui ont insisté pour que Gbagbo ne cède pas pendant la crise postélectorale. Toutefois, ajoute-t-elle, s’il n’a pas fait autre chose c’est que lui-même était favorable à la résistance.

L’œuvre a le grand mérite de donner deux informations essentielles. Primo, elle énonce que le jour de son arrestation, elle n’a vu aucun militaire français dans la résidence présidentielle de Cocody. Secundo, elle révèle n’avoir pas été violée. Dr Simone Ehivet Gbagbo ou tout simplement madame Gbagbo ne prononce aucune phrase qui pourrait desservir Laurent Gbagbo. Aucune critique négative contre l’homme. Elle n’évoque pas sa situation matrimoniale actuelle. Elle dit juste qu’elle a perdu un ami, que son foyer a été déséquilibré. Elle révèle que sa vraie mission est d’intercéder en faveur de l’homme. La vie de couple devient donc secondaire. Elle écrit à la page 303: « Je me disais, pendant mes prières que j’allais sortir de la boue, que le président Gbagbo également sortirait de la boue et qu’il reviendrait sur le trône pour gouverner à nouveau ».

Pour finir, Simone Gbagbo met à la disposition du lecteur tous les documents émis par la justice internationale contre elle. Rien sur la justice ivoirienne car elle annonce un livre sur la justice de son pays. Pour le reste, que chacun fasse l’effort de lire. A plus!

Par Fernand Dédeh

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