Actualite, Point Sur

[Côte d’Ivoire Enseignement supérieur] Les dessous de la marche des enseignants-chercheurs


-La liste complète des enseignants sanctionnés

Les enseignants-chercheurs de l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody ont porté leur toge pour prendre la voie qui mène à la présidence de ladite université, le jeudi 21 février 2019, afin de réclamer la libération de leurs collègues  écroués à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).

Un nombre impressionnant d’enseignants-chercheurs ont abandonné les amphis, les laboratoires et les instituts de recherches pour prendre la rue et protester contre l’incarcération de leurs collègues dans la crise qui ronge l’école ivoirienne depuis quelques semaines.

Et pour cause. Interpellés le lundi 18 février par la police pour avoir empêché le bon déroulement des examens à l’université de Cocody, le secrétaire général de la Coordination nationale des enseignants et chercheurs (CNEC), Johnson Kouassi Zamina, et Joël Dade, un enseignant de chimie ont été écroués mardi soir à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).

Les enseignants-chercheurs sont sortis comme un seul homme

« Les deux enseignants sont accusés de trouble politique, trouble à l’ordre publique, séquestration, menace et injure », écrit le confrère koaci.com qui indique une judiciaire. Les enseignants selon cette source sont sous le coup d’une procédure en flagrant délit, ‘’ils doivent être jugés sous 15 jours.’’

Dans un communiqué de presse du 20 février 2018, le président de l’université Félix Houphouët-Boigny (UFHB), le professeur Abou Karamoko, indique que le lundi, 17 décembre 2018, le comité de direction de l’UFHB tenait sa réunion hebdomadaire, quand un groupe d’enseignants, au nombre de huit (08), après avoir obstrué la voie d’accès à la Présidence avec leurs véhicules, a fait irruption au secrétariat du président pour exiger une rencontre avec celui-ci, ‘’sans délai et sans avoir pris, au préalable, un rendez-vous.’’

« À l’issue de leur audition pour les faits du 17 décembre 2018, de la plaidoirie de leur avocat et de la délibération, deux(02) enseignants ont été suspendus de toutes activités académiques pour une période d’un an, avec interdiction de présence sur les campus, pendant toute la durée de cette suspension. Les six  (06) autres ont été blâmés », indique le communiqué.

Par ailleurs, le 15 février 2019, un autre conseil d’université mué en conseil de discipline s’est tenu pour les entendre sur les faits suivants qui leur sont reprochés : violences et voies de fait, destruction des biens de l’État, séquestration des membres du conseil de l’université parmi lesquels des personnalités extérieures et profération d’injures et menaces verbales de mort.

À la demande de leur avocat, Me Goba, selon le communiqué tous les mis en cause ont été appelés dans la salle du conseil puis chacun a été invité à tour de rôle à répondre aux faits qui leur sont reprochés.

À l’issue de leurs auditions pour les faits qui leur sont reprochés et après la plaidoirie de leur avocat, le conseil a délibéré et suspendu 2 enseignants pour une durée de six (06) mois à inscrire aux dossiers des intéressés. Une suspension assortie d’une interdiction de présence sur l’espace de l’université. 5 autres ont été suspendus pour une durée d’un (1) an à inscrire aux dossiers des intéressés assortie d’une interdiction de présence sur l’espace de l’université, 4 dont le porte-parole Johnson Kouassi Zamina, ont été révoqués.

Par ailleurs, le président de l’université constate que malgré ces sanctions, Johnson Kouassi Zamina  et ses camarades continuent de perpétrer des actes de violences sur les enseignants et les étudiants non en grève. « Le paroxysme de ces faits a été le braquage, le lundi 18 février 2019, des copies d’examen des étudiants de l’UFR Sciences économiques et de gestion que l’administration décanale allait remettre aux correcteurs. La police, alertée, a retrouvé ces copies au siège de la CNEC et a procédé à des arrestations », révèle le communiqué.

En effet, depuis des mois les enseignants chercheurs réunis au sein d’une coalition revendiquent les prélèvements sur les heures complémentaires et réclament le départ du président de l’université, prof. Abou Karamoko qu’il pointe du doigt pour son ‘’autoritarisme’’. Ils sont donc étonnés de l’arrestation et l’incarcération de deux des leurs. « C’est avec stupeur et colère que nous avons pris connaissance des arrestations et de l’emprisonnement de deux enseignants de la Coordination nationale des enseignants et chercheurs que sont le secrétaire général, Johnson Zamina Kouassi et son chargé de communication Dadé Joel, tous écroués à la préfecture de police. À de tels abus nous disons non et non », s’indignent les enseignants protestataires.

Prof Konan Roger Langui, porte-parole du Syndicat libre des enseignants-chercheurs (Sylec), au premier plan

Les enseignants révoqués

Johnson Kouassi Zamina (porte-parole de La Cnec)

Kazon Aubin Diescieu Sylvere

Dagbe Ahodan Stephane

Kouadio Amani Augustin

Sont suspendus d’un an avec interdiction d’accès à l’UFHB

Brou Kamenan Marcel

Dakon N’da Joseph

Koffi Kouassi Justin

Owo Kouassi Jean-Marc

Zamble Bi Zou

Sont suspendus de six (06) mois avec interdiction d’accès à l’UFHB

Kouame Atta

Kpatta N’cho Jerôme

Après sa réouverture le lundi 3 septembre 2012, les revendications des étudiants et du corps enseignant à l’UFHB de Cocody se multiplient. La sanction sévère contre 11 enseignants prise par le président de l’université FHB et l’incarcération de deux enseignants-chercheurs lèvent un coin du voile sur la crise qui ronge le milieu scolaire et universitaire en Côte d’Ivoire.

Kpan Charles

Commentaires

commentaires