Côte d’Ivoire /13 ans après la rébellion armée, le nouveau visage de la ville de Bouaké


Face à l'insécurité grandissante à Bouaké, les opérations des éléments de CCDO se multiplient (Ph:DR)

Face à l’insécurité grandissante à Bouaké, les opérations des éléments de CCDO se multiplient (Ph:DR)

Abidjan le 2 novembre 2015 (lepointsur.com)-La ville de Bouaké a été longtemps marquée par la crise politico-militaire de 2002. 13 ans après ces tristes événements, la ville renaît petit-à-petit de ses cendres. Mais  que de difficultés !

13 ans après la rébellion armée, la deuxième ville de la Côte d’Ivoire se remet difficilement de la crise#Rébellion 

Bouaké, deuxième ville de Côte d’Ivoire, avec ses 600 000 habitants a connu une  page noire  de son histoire. Fortement marquée par la crise de 2004, elle porte encore les stigmates de cette crise qui a occasionné des milliers de morts.

Sécurité à Bouaké : Beaucoup reste à faire !

« L’insécurité règne toujours à Bouaké. Il ne se passe pas un seul jour sans que nous ne subissions les attaques d’individus armés dans nos domiciles. C’est seulement les quelques patrouilles des éléments du  Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo) qui nous permettent de passer des nuits paisibles », confie Mme Coulibaly Léocadie, institutrice de son état, domiciliée au quartier Hippodrome ; à quelques encablures de la résidence du président de l’Assemblée nationale, Soro Kigbafory Guillaume. Poursuivant, elle explique que des individus armés ont fait irruption dans plusieurs habitations avant de faire main basse sur les biens de leurs victimes. C’est donc à juste titre qu’elle plaide pour la multiplication des patrouilles dans la ville de Bouaké.

« Il faut que nos autorités multiplient les patrouilles des éléments du Ccdo.Pour dissuader ces gangsters qui continuent de hanter nos nuits. » D’un geste banal, elle nous montre une pile de tabourets et divers articles de ménage, dont elle s’en sert les nuits pour se barricader. Avant de  révéler : « Même s’il y a une nette amélioration, les armes circulent encore dans la région. »

Toujours concernant l’insécurité dans cette région M. Kramo, le chauffeur du taxi  que nous avons emprunté pour rallier le quartier Commerce confirme bien que ’’l’insécurité règne toujours à Bouaké. Il faut être prudent et éviter de se retrouver dans des quartiers dangereux à des heures peu  indiquées. Surtout ceux qui ne connaissent pas la ville.’’

A l’en croire, ‘’des chauffeurs de mototaxis sont des délinquants qui n’hésitent pas à s’en prendre aux sacs à mains des femmes. Et à arracher les portables des passants. Mais selon lui, ‘’depuis que le Ccdo et la gendarmerie ont mené des opérations communes dans la région, il y a une certaine accalmie’, se réjouit-il.

Occupations illicites des biens de personnes, une  autre réalité 

Occupations des habitations et de terrains nus sont entre autres  des problèmes auxquels certaines populations sont confrontées. En effet, malgré les nombreux appels des autorités pour restituer ces biens, les mis en cause refusent de se plier aux recommandations.

«Pendant le déclenchement de la crise militaro-politique de 2002, mes parents et moi sommes réfugiés à Abidjan. 13 ans après cette crise nous sommes revenus à Bouaké. Mais là, les lots de mon père situés  au quartier Banco, sont occupés par des populations. Qui ne manifestent aucun désir de les libérer malgré l’intervention de la justice. » Dénonce M. Kouassi  C.  Propriétaire d’un Complexe hôtelier, situé au Banco.

Pour lui, « maintenant que la guerre est finie, il faut que le Président de la République fasse quelque chose pour résoudre définitivement ce problème », qui selon lui, pourrait mettre à mal la paix sociale.

Sur la question, dame Coulibaly salue les actions de la justice de Bouaké qui ont permises de solutionner de nombreux cas. Elle en veut pour preuve, la restitution des lots d’un propriétaire terrien.

 « C’est vrai que des gens occupent frauduleusement des habitations et des lots. Mais le gouvernement mène de nombreuses actions pour que leurs biens leur soient restitués. Dernièrement, le propriétaire d’un terrain dont un individu a achevé la mise en valeur et qui par la suite loue des appartements, s’est vue restitué son bien, après que la justice a tranché en faveur du vrai propriétaire. Il revient donc aux propriétaires de faire les démarches administratives et judiciaires pour rentrer en possession de leurs biens. L’Etat fait déjà beaucoup…’’ Conseille-t-elle.

Bouaké et ses rues grouillantes de mets

Tout comme à Abidjan, la ville de Bouaké grouille d’un bon monde. Au quartier Commerce, des vendeurs  proposent aux férus  de la bonne bouffe,  divers mets  notamment de la braise de poulets et de gésiers, de poissons tilapia d’eau douce. Le maquis-restaurant « Myniel », situé au quartier Commerce  grouille de monde. Débordés les serveurs font mains et pieds pour satisfaire la clientèle. Comme pour dire que la reprise des activités commerciales est effective à Bouaké. Ce qui ne manque pas d’impressionner les nombreux visiteurs qui effectuent le déplacement dans cette zone. Ici à Bouaké, le coût de la vie est nettement acceptable pour une ville qui a beaucoup souffert des affres de la guerre.

Des vivriers à la viande de bœuf, en passant par la volaille et le poisson, l’on en a pour toutes les bourses. Et c’est cela l’une des réalités de la deuxième ville de la Côte d’Ivoire.

Mais face à la forte démographie que connaît la ville, la pauvreté semble avoir pris des proportions inquiétantes. « Tout est devenu cher à Bouaké. Le coût du loyer a augmenté, ce qui n’était pas le cas avant la guerre. » Regrette Dao Lassina, un jeune mécanicien.

Au regard de ce qui précède, un plan d’urgence s’impose dans la ville de Bouaké, de sorte à colmater les brèches de la pauvreté. Car, à la vérité, les armes continuent encore de circuler. En témoigne la grogne des militaires sortis des casernes en novembre 2014.

Faut-il espérer que le second mandat du Président Alassane Ouattara soit mis à profit pour résoudre définitivement les diverses questions qui concernent la ville de Bouaké appelée communément la « ville Cedeao » comme se plaisent à dire ses habitants. Du fait de la forte immigration des populations venues du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée, du Niger…

Opportune Bath (Envoyée spéciale à Bouaké)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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