Politique

Contentieux électoral : Palé Dimaté (Candidat indépendant à Bouna et Bouko) : ‘’Nous sommes victimes d’un braquage électoral’’


CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 30-12-2016) Monsieur Palé Dimaté, vous contestez les résultats des législatives issues de la circonscription électorale 028 de Bouna commune et Bouko sous-préfecture auxquelles vous avez été candidat ? Que s’est-il passé ?

 Il faut dire qu’il y a eu beaucoup d’irrégularités depuis les campagnes déjà.  Parce que pendant les campagnes, nos adversaires ont retiré les cartes d’électeurs, nous ne savons pas ce qu’ils en ont fait. Ensuite pendant la campagne, ils ont porté des tee-shirts à l’effigie du chef de l’Etat. Ors le code électoral interdit cela. Ils ont tenu des réunions où leur slogan était ‘‘ils gagnent ou ils gagnent’’. Ce qui veut dire pour eux que n’importe comment, ils doivent aboutir à un braquage électoral qu’ils ont juste confirmé le jour des élections. Nous avons constaté plusieurs dysfonctionnements le jour des élections. Ces dysfonctionnements se situent à plusieurs étapes. D’abord, dans les bureaux de vote, les résultats qui sont donnés, il est à constater que le nombre de votants est supérieur au nombre d’inscrits. Je veux parler de Pouan, de Vragbo, de Bromakoté village, de Bouna centre, Bouna 3 et Bouna 2…Sans compter que dans ces villages, il y a ces cas-là aussi. Ensuite, il y a eu des PV sans stickers. Il est dit dans le code électoral que s’il n’y a pas de sticker, le bureau se met d’accord pour signer. Mais les PV que nous avons eus, ne portent pas de signature. La chose la plus grave, c’est qu’à partir de 16 heures déjà, les militaires qui sont chargés veiller à la sécurité ont plutôt opté pour un camp. Je suppose qu’ils ont reçu des mots d’ordre un peu partout. Ils ont chassé tous nos représentants, tous nos superviseurs et nous-mêmes candidats qui avons droit conformément au code électoral de faire dépouiller le vote en notre présence. Nous n’y avons pas assisté. Ils nous ont empêchés. Et les voix qu’ils ont données à notre adversaire souvent dépassent le nombre d’inscrits. Alors fort de ces dysfonctionnement, de cette tricherie en mase, nous avons refusé de reconnaitre les résultats. Nous n’avons pas signé. Et nous étions surpris que le mardi, on annonce à la télévision des résultats que nous ne reconnaissons pas. Ensuite, il y a même eu trafic d’influence parce que le général Palenfo était là et dit agir au nom du chef de l’Etat, alors que nous sommes tous citoyens et enfants de l’Etat et du chef de l’Etat qui n’a pas de parti pris. Il est entré en négociation avec nous jusqu’au samedi 17 décembre, parce que sachant pertinemment que ses candidats ne pouvaient pas passer. Alors, il a dit aux populations que si ses candidats ne passent pas, le chef de l’Etat n’allait pas développer la région. Ce sont donc des trafics d’influence que nous dénonçons avec force. Alors, fort de tout ce que je viens de dire, nous avons jugé bon, utile et nécessaire de porter plainte au Conseil constitutionnel et demander la reprise des élections à Bouna.

Comment vous êtes-vous procuré les procès-verbaux que vous brandissez, alors que vos représentants ont été chassés des bureaux de vote ?

Les PV ont été distribués complètement au dehors. Nous ne disons pas on dit. Mais nous affirmons que nous et nos superviseurs avons été chassés des bureaux de vote. Ils ont distribué les PV dehors. Ce sont d’ailleurs des PV fabriqués qui ne comportent pas de stickers. Nous avons des preuves palpables pour dénoncer cela. Nos représentants n’ont pas participé aux dépouillements. Nous sommes partis à l’EPC Catholique, un peu partout pour assister et partout, nous avons été empêchés. Donc nous sommes fondés à dire qu’il y a eu tricherie et braquage électoral.

Où en êtes-vous avec le Conseil constitutionnel après votre recours en annulation ?

Nous avons déjà saisi un avocat qui a fait diligence pour déposer notre requête auprès du Conseil constitutionnel. Nous attendons qu’il nous appelle. Et nous sommes prêts à apporter la preuve encore. Tout est entre les mains des conseillers constitutionnels. Je pense qu’ils diront le droit. Toutes les preuves que je viens de signaler sont des preuves manifestes, palpables qui montrent que nous avons gagné les élections. Nous sommes victimes d’un braquage électoral parce que toute l’armada du RHDP était là et il y a eu menace. Les agents du Conseil régional ont été menacés. On les a empêchés de faire la campagne. Donc tout ça et la négociation qui a échoué, d’autant que le général Palenfo a appelé par plusieurs fois, le collègue Moctar pour demander que cette liste se retire). Ce qui montre qu’ils sont convaincus de notre puissance sur le terrain, notre capacité de mobilisation et que le peuple était avec  nous. Et qu’ils sont sûrs qu’on devait gagner. Il fallait donc utiliser leur dernière stratégie qui était d’utiliser l’armée qui a pris parti pour un camp. Là aussi, je dis qu’il faut qu’on reprenne les élections et qu’elles se passent de manière transparente. Et que celui qui a gagné soit content de gagner et que celui qui a perdu félicite le gagnant. Si non, pour l’heure, nous ne reconnaissons pas ces résultats.

Ne redoutez-vous pas que votre requête soit invalidée par le Conseil constitutionnel ?

Je voudrais remercier les populations qui nous ont soutenus ; que ce soit au niveau de la commune que dans la sous-préfecture. Les fonctionnaires, les différentes communautés, les opérateurs économiques, car tout le monde était derrière nous. Les gens voulaient un retour de la paix dans la région. C’est dommage qu’on arrache la victoire du peuple. Mais nous disons que le peuple continue de nous faire confiance. Nous allons faire de sorte que cette paix-là revienne. A Bouna, Nous n’avons pas voulu faire de bruit parce qu’il y a eu les évènements de mars et le chef de l’Etat ne voulant plus qu’il y ait ces genres de bruits à Bouna, os n’avons pas voulu créer de problème, nous avons voulu suivre la voie normale qui consiste à saisir le Conseil constitutionnel. Je pense que c’est un organe important du contentieux électoral et qui prendra les mesures pour répondre aux désidératas du peuple parce qu’il nous a choisis. Et moi qui étais député déjà, je fais confiance à priori au Conseil constitutionnel. Pour le moment, je pense qu’il dira le droit. Le conseil constitutionnel ne peut pas être aux ordres de qui que ce soit. Mais aux ordres du peuple de Côte d’Ivoire dont il bénéficie de son entière confiance. Il doit faire son travail tel que l’Assemblée nationale a voté le texte qui lui a donné le pouvoir de résoudre les contentieux électoraux. C’est pourquoi, je félicite ce brave peuple qui nous a soutenus et conduit notre campagne. Je félicite la base du RDR et du PDCI et même bien d’autres partis qui étaient déterminés à nos côtés. Nous attendons qu’on nous donne la date de la reprise des élections à Bouna et nous allons voir qui a gagné.

Bosco Deparé, une correspondance particulière

 

 

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