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[Commémoration de la 26e journée de la paix à Duékoué] Une occasion pour véritablement panser les plaies des victimes des crises ivoiriennes


Duékoué, le 11-11-2022 (lepointsur.com) La ville de Duékoué, capitale de la région du Guémon, par ailleurs porte d’entrée du District autonome des Montagnes (grand ouest ivoirien), abritera le 15 novembre 2022, la commémoration de la 26e journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire. Une cérémonie qui nul doute, sera une vraie aubaine pour reconstruire les murs de la Région du Guémon et revivifier les différents rapports sociaux entre ses habitants.

Nous y sommes enfin ! La paix est là, en face de nous, à porter de main, pour de bon, désormais… Preuve scientifique du retour au calme dans le District des Montagnes où le “Guéréland’’ (Région du Guémon) a subi un très lourd tribut durant les différentes crises politico-militaires qui ont profondément balafré la nation ivoirienne de 2002 à 2011 : Des vies humaines ôtées de façon massive, villages calcinés, biens détruits et/ou pillés, à Guitrozon, petit Duékoué, Duékoué carrefour, quartier Toguéhi, Guézon et autres… A ces événements malheureux toujours gravés dans la mémoire ou la conscience collective des victimes se sont ajoutés les violents et récents affrontements entre la communauté Wê résidant à Guézon et la confrérie des chasseurs traditionnels dénommée “Dozo’’.

En effet, après plusieurs mises en œuvre de la loi de l’ormeta et des tentatives infructueuses de non reconnaissance de cette tragédie et compte tenu des pressions monstres de la communauté dite internationale, le pouvoir ivoirien est tout de même sorti de son mutisme, quelques 10 ans après, pour enclencher un processus de réparation des torts faits aux différentes victimes des exactions commises dans l’Ouest Montagneux, en particulier dans la région du Guémon, épicentre de cette crise. Ce, en enclenchant, le processus de recensement des victimes et, en mettant en branle l’appareil juridico-juridique ivoirien, soldé par le procès du négativo-célébrissime chef de guerre du Mont Péko, le Burkinabè Amadé Ouéremie.

Ce début d’actions du régime RHDP est certes plausible, mais, il demeure quelque peu handicapé par la non reconnaissance publique de tous ces méfaits pour favoriser le repos définitif de l’âme de tous ces illustres disparus et la non indemnisation encore de toutes les victimes de ces différentes exactions qui malheureusement font désormais partie de l’histoire de notre jeune et récente démocratie dont le modèle, calqué au forceps sur le modèle occidental, s’avère de près et de loin, un vrai système d’engrenage qui nous ronge davantage voire un vrai prêt à porter qui nous serre trop.

Pour réussir ce pari, celui de la réconciliation, de modestes gestes, salutaires et symboles du partage du drame intérieur commun et communautaire des victimes auront le mérite d’être posés : se prosterner d’abord sur la stèle de Duékoué carrefour avant de construire une stèle de la paix à Duékoué. A cet acte s’ajoutera la qualité des discours des officiels qui se doit, à n’en point douter, de ramer aussi dans ce même sens d’apaisement profond et franc des cœurs encore meurtris pour montrer l’adhésion totale et effective des autorités administratives et politiques ivoiriennes à accepter de changer de paradigmes linguistiques et politiques autour de ce qui depuis longtemps, devrait se faire, en priorité. Car, quand la paix s’invite et s’impose à nous comme une arme rare de cohésion sociale et de développement, il faut poser des pas de géant en sortant de la bureaucratie et des calculs politico-politiciens, pour affronter les populations cosmopolites meurtries et prononcer en face d’eux et du monde entier, le petit et grand mot de 6 lettres pleins de sens qu’est le PARDON.

Le peuple Wê de Duékoué, tout comme le peuple Bété de Téhiri (violemment agressé lors des élections en 2020), n’est pas méchant comme certains “démons’’ de la division voudraient bien le faire croire partout. Il s’est accoutumé à sa réalité et n’attend que les officiels de la République viennent jusqu’à lui pour l’aider à effacer son drame. Le Ministre KKB, lors de son récent passage dans le Guémon en a fait la belle expérience : c’est nul doute la chaleur sociétale en pays Wê qui l’aura poussé inéluctablement à opter pour le Guémon pour l’organisation de la commémoration de la 26e fête nationale de la paix en Côte d’Ivoire.

La paix tant recherchée étant maintenant à porter de notre main, il n’y aura plus de raison que nous soyons à la traîne, sous aucun prétexte. Car, c’est une vraie aubaine « pour reconstruire les murs de la République et reteindre le drapeau national, avec une âme pacifique et recoudre le tissu social avec l’aiguille du temps pour mieux refonder les cœurs, en extraire la peur, essuyer toutes les larmes, et les salives qui salissent le bitume et qui rendent les routes très glissantes et, la paix impossible », dixit l’écrivain Roger Poussi WHEAUY.

Des leaders politiques (PPA-CI et PDCI-RDA) aux autorités administratives locales, le ton a déjà été donné en essuyant les larmes des uns et des autres, récemment, à travers un Yako public. C’est toujours dans cette même veine, et pour gagner le pari de la masse, que le préfet de la région du Guémon, préfet du département de Duékoué ; Sérey Doh Célestin, président du conseil régional du Guémon et monsieur Sagnon Célestin, le 6e adjoint au Maire de Duékoué sonnent la mobilisation, de façon inclusive. Dès lors, il revient maintenant de droit à chacun des populations, à quelque niveau de vie que ce soit, de se mobiliser, pour célébrer sincèrement la paix avec leurs illustres hôtes qui viendront certainement à Duékoué, les bras chargés de projets pour étancher leur soif ardente de développement durable de la région du Guémon.

La PAIX, la vraie, écrite en lettres a un coût et un prix que chacun des Ivoiriens doit payer, à quelque niveau que ce soit. C’est là aussi tout le sens du vrai sacrifice demandé tant à tous, et le vrai sens du vivre ensemble. Vive la PAIX à Duékoué pour que le Guémon et ses environs se développent rationnellement enfin, de façon harmonieuse et inclusive !

Laine Gonkanou, correspondant régional et envoyé spécial à Duékoué

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