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[Catastrophe naturelle] Au moins 100 morts dans des inondations en Europe


Le bilan des intempéries en Europe ne cesse de grimper. Plus de 100 personnes sont mortes en Allemagne et en Belgique où des centaines de personnes sont encore portées disparues. Les autorités craignent que le nombre de décès augmente encore.

C’est un paysage de désolation. Des villages engloutis sous des mètres d’eau, des maisons effondrées, des façades d’immeubles emportées… L’Europe fait face à des inondations brutales, du jamais-vu depuis plusieurs décennies.

Selon les autorités allemandes, le dernier bilan fait état d’au moins 103 morts dans le pays ce vendredi matin 16 juillet. Un chiffre appelé à monter en raison du nombre de personnes encore portées disparues, raconte notre envoyé spécial à RemagenPascal Thibaut.

Dans le canton de Bad Neuenahr-Ahrweiler particulièrement frappé, 1 300 personnes étaient considérées comme disparues jeudi soir. Sur place, un responsable des pompiers a confié à RFI que des parkings d’immeubles et des caves étaient encore sous l’eau, faisant craindre de retrouver des morts.

Une vue aérienne montre une zone complètement détruite par les inondations dans le quartier Blessem d'Erftstadt, dans l'ouest de l'Allemagne, le 16 juillet 2021.
Une vue aérienne montre une zone complètement détruite par les inondations dans le quartier Blessem d’Erftstadt, dans l’ouest de l’Allemagne, le 16 juillet 2021. AFP – SEBASTIEN BOZON

L’eau est montée à plus d’un mètre dans plusieurs régions allemandes. À Dusseldorf, dans le nord-ouest de l’Allemagne, tout le quartier de l’Ostparksiedlung est inondé. Un centre de soins a été mis en place pour les résidents.

« Le danger vient de la rivière Düssel qui a débordé et notre maison donne directement sur la rivière. Elle a commencé à décroître mais toutes les rues derrière la maison se sont transformées en fleuve ! », témoigne une habitante.

« Notre maison a eu de la chance car elle est construite sur un mur. Mais d’autres gens n’ont pas eu autant de chance. Leurs bâtiments sont parfois plus vieux et construits différemment. L’eau est descendue dans les caves, elle est venue de tous les côtés. Certaines personnes ont tout perdu dans leurs caves. Il n’y a plus d’électricité dans les maisons depuis deux jours. Il n’y a plus rien. Je n’ai aucune idée de quand je vais pouvoir rentrer chez moi. Nous ne savons absolument pas quand l’électricité sera rétablie ni quand le quartier sera ravitaillé », rajoute-t-elle.

Glissement de terrain due aux inondations

De plus, plusieurs personnes sont décédées et d’autres portées disparues en Allemagne à la suite d’un important glissement de terrain, consécutif aux violentes intempéries, qui a emporté vendredi matin des maisons dans une localité située non loin de Cologne, ont annoncé les autorités locales. Sur la commune de Erftstadt-Blessem, « les maisons ont été largement emportées par les eaux et certaines se sont effondrées. Plusieurs personnes sont portées disparues », selon un tweet de la communauté de communes de Cologne. Une porte-parole a précisé à l’AFP que plusieurs décès étaient « confirmés ».

Sur place, les secours sont donc encore omniprésents avec des renforts d’autres régions et même de l’étranger. Hormis la recherche de disparus, la remise en état d’infrastructures prioritaires (eau potable, électricité, téléphone, ponts, etc.) et l’hébergement des victimes des inondations figurent parmi les priorités.

« C’est une catastrophe unique d’une ampleur sans précédent », assène Gerd Landsberg, directeur général de l’association allemande des villes et municipalités. « À en juger par les dégâts, des milliards d’euros sont en jeu », chiffre-t-il.

Des digues sous pression

Les pluies diluviennes qui ont frappé l’Europe ont été d’une intensité extrême. À tel point qu’en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l’une des régions les plus touchées, le niveau des fleuves et autres retenues d’eau monte et à certains endroits, des digues s’affaiblissent.

Les autorités font tout pour réduire la pression. Mais l’eau déborde depuis la nuit dernière et différentes communes sont en état d’alerte et craignent des inondations. Toutefois, ce phénomène n’aurait pas la même violence soudaine que les événements des dernières 48 heures.

Les Pays-Bas ont aussi été durement touchés par les intempéries. Ici dans la ville de Valkenburg. 15 juillet 2021.
Les Pays-Bas ont aussi été durement touchés par les intempéries. Ici dans la ville de Valkenburg, des sauveteurs arpentent la ville à la recherche de personnes en détresse. 15 juillet 2021.

Les Pays-Bas ont aussi été durement touchés par les intempéries. Ici dans la ville de Valkenburg. 15 juillet 2021. © © REUTERS – Mike Versteegh/SQ Vision

Réchauffement climatique

Les responsables politiques régionaux et nationaux multiplient les déclarations. Hormis les annonces d’aides d’urgence, la responsabilité du réchauffement climatique revient souvent dans les réactions. L’environnement figurera donc plus que jamais au centre de la campagne électorale qui commence et qui doit se conclure en septembre prochain par le remplacement de la chancelière Angela Merkel.

Le chef de l’État allemand Frank-Walter Steinmeier a appelé vendredi à « s’engager résolument » dans la lutte contre le changement climatique, seule alternative à ses yeux face aux phénomènes météorologiques extrêmes comme les inondations meurtrières qui ont frappé son pays.

« Ce n’est que si nous nous engageons résolument dans la lutte contre le changement climatique que nous serons en mesure de maîtriser les conditions météorologiques extrêmes comme celles que nous connaissons actuellement », a déclaré dans une allocution solennelle M. Steinmeier, qui s’est également dit « profondément touché » par la « tragédie » frappant son pays.

Ces exceptionnelles intempéries sont-elles une conséquence du réchauffement climatique ? « Difficile de répondre aujourd’hui à cette question », explique à RFI Frédéric Nathan, prévisionniste de Météo-France. Mais « effectivement, le réchauffement climatique a tendance à renforcer les précipitations », ajoute-t-il.

Du jamais-vu en Belgique depuis près d’un siècle

En Belgique, les inondations qui touchent principalement l’est et le sud du pays ont fait au moins 15 morts. Les pluies diluviennes ont déjà obligé une partie des habitants de la ville de Spa à s’abriter sous des tentes, quatre des dix provinces du pays sont en alerte inondation maximale avec mobilisation de l’armée.

La ville de Verviers est placée sous couvre-feu pour éviter les pillages alors que de nombreuses rivières sont sous surveillance comme l’Ourthe, la Sambre ou la Meuse. Des évacuations ont eu lieu à Ottignies, Grez-Doiceau, Jodoigne, Mont-Saint-Guibert, Court-Saint-Étienne et Tubize.

À Liège, un tel niveau d’eau n’avait plus été vu depuis près d’un siècle mais, ce vendredi, il commençait à baisser « tout doucement » dans le quartier le plus touché, a indiqué la police liégeoise. La Meuse est d’ailleurs sortie de son lit au début de la nuit, mais son niveau s’est stabilisé ce vendredi matin, rapporte notre correspondant à BruxellesPierre Benazet. « Ce qui est demandé, c’est que nos habitants qui sont dans les zones inondées partent s’ils peuvent encore le faire, qu’ils montent aux étages. Et ceux qui sont en bord de Meuse, c’est une situation potentiellement inondable. Donc, s’ils peuvent quitter la ville, ils le font, sinon ils montent aux étages avec de l’eau et des vivres. Il faut attendre que ça se passe », déclare Christine Defraigne, bourgmestre de la ville de Liège.

Après l’est de la Belgique, c’est le centre du plat pays qui craint les inondations. À Wavre, à une trentaine de kilomètres de Bruxelles, les habitants ont les pieds dans l’eau. Sur le parking de la place du cardinal Mercier à Wavre, la voiture d’Ivan a de l’eau jusqu’en haut des roues. L’eau est montée à plus d’un mètre cinquante au milieu de la nuit dans le centre de cette ville de 35 000 habitants. Et selon Ivan, tout aurait pu être évité : « Cela fait plus ou moins 20 ans qu’on sait que le bassin d’orage au Wavre est saturé, qu’il est trop petit en capacité et personne ne fait rien. Pour moi, c’est une mauvaise gestion communale. On le sait que Wavre est une grosse cuvette, que cela peut arriver. Rien n’est mis en place. Voilà, il ne faut pas s’étonner ». Quelques mètres plus loin, dans son magasin de vêtements, Frédéric a de l’eau jusqu’aux genoux et une partie de sa marchandise est irrécupérable : « Ici, on dirait que ça a l’air de se stabiliser. Mais, il faudrait peut-être trois, quatre jours avant que l’eau soit complètement partie. Et pour certains, c’est vraiment une grande tristesse ».

À quelques pas, le magasin Le relais des pêcheurs a de l’eau à l’entrée, mais les affaires continuent. Entre deux coups de serpillière, Denis vend certains équipements à tour de bras : « J’ai eu quelques clients qui cherchaient justement des cuissardes ou des waders pour pouvoir rentrer dans leur magasin et voir les dégâts qui ont été occasionnés. Les waders, ce sont des bottes qui montent jusqu’à la taille ».

Certes les pluies diluviennes ont cessé, mais les inondations continuent. Elles se déplacent vers les régions situées en aval. De nombreux axes routiers et une majeure partie des voies de chemin de fer en Wallonie sont  fermés à travers le royaume alors que les pays voisins comme la France ou l’Allemagne apportent leur aide sous forme d’hélicoptères ou de bateaux de sauvetage.

Source : Rfi

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