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Bouaké/Un arrêté du Préfet fait des vagues au sein de la chefferie de Kongodékro #Notabilitévillageois


Fac simulé de l’arrêté de nomination du chef de Kongodékro qui crée la tension dans le village.

Fac-simulé de l’arrêté de nomination du chef de Kongodékro qui crée la tension dans le village.

CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 21-6-2016) Le village de Kongodékro, à l’entrée de la ville de Bouaké venant d’Abidjan, est au bord de l’éclatement. Un arrêté du Préfet de la Région de Gbêkê, Konin Aka portant nomination d’un chef de ce village en est la cause.

Au cours d’un point-presse qu’il a animé récemment à Bouaké afin, dit-il, de prendre l’opinion publique à témoin sur d’éventuels troubles qui se profileraient à l’horizon dans son village, Kouadio Kouakou Pierre Apékan, cadre de l’Administration à la retraite, a vivement dénoncé « cette décision arbitraire du Préfet qui a pris la décision de confirmer Koffi Konan dit Konan Boui dans les fonctions de chef du village auxquelles il n’a pas droit », grogne-t-il.

Selon le conférencier, « Koffi Konan n’est pas de la lignée de ceux qui doivent diriger le village. Il était simple envoyé du défunt chef qui, pendant la maladie qui l’a emporté en 2001, lui faisait faire ses courses. C’est pourquoi nous ne comprenons pas l’attitude du Préfet, qui a pris sur lui la décision de le confirmer, malgré l’opposition de la majorité des habitants de ce village. Pis, alors qu’il a diligenté une enquête réalisée par les chefs de canton, il n’a pas tenu compte du résultat de cette enquête qui lui a été transmis en bonne et due forme, puis a signé son arrêté », exprime-t-il sa colère.

En conclusion, prévient-il, « si cet arrêté n’est pas retiré, nous rendrons responsable le Préfet Konin Aka de tout ce qui pourrait arriver. Cela fait un bon moment que les populations ruminent leur colère, mais je fais des mains et des pieds pour les calmer. Mais combien de temps cela va-t-il durer ? »

Pour Kouadio Pierre Apékan, après le décès du chef en 2001, il revenait à la reine-mère, Madame Kouadio née Brou Kra d’occuper le trône, ou, à tout le moins, de désigner le successeur. Mais, pour des raisons de commodité, la notabilité, en accord avec la reine-mère, a voulu laisser Konan Boui assurer ce qu’il convient d’appeler l’intérim, en attendant que la situation soit régularisée.

Laquelle régularisation il a tenté d’obtenir, depuis qu’il s’est rétabli d’une maladie qui l’avait éloigné de toute activité juste après sa mise à la retraite.

Des réunions de ressortissants de Kongodékro avec le Sous-préfet central de Bouaké, le Préfet de Région et les chefs de cantons ont eu lieu dans l’objectif de faire comprendre aux supporters de Konan Boui que ce dernier ne peut être chef au regard des règles coutumières. C’est donc pour mieux comprendre la situation que le Préfet les avait tous ramenés à utiliser la voie coutumière pour définitivement mettre fin à cette situation. Ce que les chefs de canton ont fait, lesquels ont tenu une grande assemblée avec tous les protagonistes, en présence d’une caméra dont les images ont été transmises au Préfet de région, par courrier signé de Nanan N’Goran Koffi II, chef de canton des Faafouès de Bouaké, en date du 04 Janvier 2016, après qu’il a refusé que le film soit projeté au cours de la dernière réunion de synthèse pour des raisons de timing.

A-t-il visionné cette cassette avant la signature de l’arrêté n° 012/P.BKE/SGI en date du 02 Mars 2016 ? Difficile de d’y répondre.

Interrogé sur la question quelques jours plus tard, à son bureau de Bouaké, le Préfet Konin Aka a reconnu ne l’avoir pas fait. « Peut-être que si j’avais visionné cette cassette, je n’aurais pas signé l’arrêté de nomination du chef », avoue-t-il. Cependant, « pourquoi ne pas reconnaître l’autorité d’un vieux de 90 ans, qui a assuré cette fonction depuis 15 ans maintenant ? J’ai signé l’arrêté afin de mettre fin à ce long intérim, et régulariser la situation de la chefferie de Kongodékro. Ce n’est d’ailleurs pas le seul cas à Bouaké », soutient-il.

Pour Kouabran Assalé, cousin du conférencier, neveu du chef Konan Boui, lui aussi cadre à la retraite, et soupçonné par le clan Apékan de lui succéder, « toute cette agitation est veine. J’ai diligenté une enquête qui a démontré que la famille de la reine-mère en question a été accueillie à Kongodékro par mes arrières grands-parents. L’arbre généalogique le démontre bien, et je suis prêt à le démontrer partout où besoin sera. Dès lors, dire que c’est cette reine-mère qui doit occuper le trône après le décès de l’ancien chef, ou même de désigner son successeur, ce n’est qu’une vue de l’esprit. Konan Boui mérite bien d’être le chef de Kongodékro, et ce n’est que justice qu’a faite l’Administration en signant l’arrêté de sa nomination. Un arrêté qui ne souffre d’aucune contestation. D’ailleurs, nous sommes en train de nous organiser pour une grande cérémonie d’investiture du chef Konan Boui », explique Assalé.

Tranchées, les positions des protagonistes de la chefferie semblent mettre à mal la cohésion sociale dans ce village. Village de la commune de Bouaké, Kongodékro, jadis havre de paix, est au bord de l’éclatement. Déjà, ‘’l’espace dans les tecks’’ réservé à ‘’Pâquinou’’, a été détruit depuis le déclenchement des hostilités autour de la chefferie. Les lotissements sont sous haute surveillance par chaque camp, et tout se dessine pour un affrontement sanglant si l’on n’y prend garde.

L.N, Correspondant local

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