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[Bombardement en Ukraine] Les étudiants africains entre peurs et espoirs


Le réveil a été brutal pour les étudiants africains sur les campus universitaires de Kiev. Si certains ont réussi à quitter l’Ukraine ces dernières semaines, ils sont encore nombreux dans la capitale. Et la grande majorité souhaite désormais rentrer au pays.

Au petit matin du jeudi 24 février, ce sont les effrayants bombardements qui ont réveillé Daniel en sursaut. Dans la panique, ce Congolais de 28 ans, à Kiev depuis deux années, s’est réfugié dans la cave : « Je suis un peu stressé parce que j’ai été réveillé par des bruits de bombardements. Et avec la panique et la tension, j’ai couru directement sous l’escalier et dans la cave pour me cacher. Je suis remonté au bout d’une heure à ma chambre. »

Elie est également natif de Kinshasa, il étudie les relations internationales à Kiev depuis deux ans. Lui pensait possible une issue diplomatique. Choqué par les bombardements, il ne souhaite désormais qu’une chose, rentrer en RDC : « La journée est vraiment remplie de beaucoup de frayeur. On arrête tout. L’aéroport n’est plus opérationnel, il n’y a plus de vol. Je ne pense plus rester longtemps en Ukraine, avec déjà tout ce qu’on a enduré, tout ce qu’on a vécu ici. Je rêve d’étudier encore ici en Ukraine, mais là, c’est cassé. »

Plusieurs milliers à Kiev

Comme Elie et Daniel, Ils sont plusieurs milliers présents dans la capitale ukrainienne, originaires de nombreux pays africains, du Nigeria, de l’Afrique du Sud, en passant par le Ghana. Depuis hier jeudi, l’heure de l’invasion de Kiev par Moscou, c’est l’inquiétude qui règne. Usman Abdulahi a 30 ans, il est nigérian et vit en Ukraine depuis plus d’une décennie. Étudiant en médecine, il a fui Kiev pour la ville de Zaporijia, à plus de 400 kilomètres de là. Son seul espoir c’est de retourner au Nigeria : « Honnêtement, nous sommes encore en panique, car personne ne sait ce qui va se passer d’une minute à l’autre. Nous avons tous quitté Kiev après le début des attaques. On a pris la voiture et nous sommes partis. En ce moment, je me trouve à Zaporijia, on a choisi de venir là car c’est loin des frontières russes et de toutes les attaques. Nous restons ici jusqu’à la réouverture de l’espace aérien qui nous permettra ensuite de quitter le pays. Certains pays ont déjà commencé à évacuer leurs citoyens, mais le Nigeria n’a réagi qu’après l’attaque. Chaque fois qu’il y a un problème, ils devraient prendre des précautions, et non proposer des solutions au moment où le problème survient. Personne ne s’attendait à cette invasion. Nous croyions tous à une solution politique au conflit. Donc cela, oui, nous a surpris. Nous espérons et attendons simplement à un cessez-le-feu afin que les étrangers puissent quitter le pays ». L’ambassade nigériane en Ukraine a invité tous ses ressortissants souhaitant quitter le pays à se rapprocher des autorités. Une annonce qui arrive bien tard.

L’espoir de rentrer

Dyn, 20 ans est étudiant en faculté de pharmacie. Originaire du Congo-Brazzaville, il est à Kiev depuis deux ans. Triste et choqué par la violence, isolé dans la capitale de l’Ukraine, il espère pouvoir rentrer dans son pays : « Tristesse parce qu’on ne s’y attendait pas, parce que c’était dans la nuit, les gens étaient en train de dormir. Et on écoute les bombardements, les bâtiments qui prennent feu. La panique dans la ville, forcément après j’étais inquiet. Je me dis : « Jusqu’où ça va aller ? Qu’est-ce que je peux faire dans ce genre de situation ? » Nous, ici, on est livré à nous-mêmes. Comment nous devons agir ? Je me sens pris au piège. Je ne peux pas aller où que ce soit. C’est comme si tu te sentais en prison. C’est dur de garder son calme. »

Pour Dyn, maintenant, l’espoir, c’est de pouvoir retourner au pays, de retourner à Brazzaville : « Rentrer chez moi et me sentir en sécurité, parce que, clairement je ne sais pas, et je pense que personne ne sait, jusqu’où ils sont prêts à aller avec ce problème-là. Aujourd’hui, on peut dire qu’on ne touchera pas à la population, mais demain, qui sait ? Personne ne sait ».

Source : Rfi

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