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[Assihué 2024 : Regards sur les réussites et défis d’une communauté en pleine croissance] Entretien exclusif avec le Président de la MUDESA, Monsieur Amani Paulin


Abidjan, le 22 décembre 2023 (lepointsur.com) Assihué, localité dotée de trois quartiers singuliers, marqués par une histoire exceptionnelle : Landonou, Bendé Tanoukro et Salèkro, au sein de la commune de Tié-N’Diékro, se révèle être le théâtre d’un essor remarquable orchestré sous la direction éclairée de Monsieur Amani Paulin, président de la Mutuelle de développement économique et social d’Assihué (MUDESA) depuis 2019. À travers une interview exclusive, il nous dévoile les réussites, les défis et les perspectives qui sculptent l’avenir prometteur de cette communauté. Entretien !

Quels succès marquants ont été accomplis sous votre direction à la tête de la Mutuelle de développement économique et social d’Assihué (MUDESA)

À l’avènement de la mutuelle, j’ai intégré l’ancienne équipe dirigée par le préfet Dali Philippe Yao. Ma mission consistait à mobiliser et à accompagner la jeunesse nouvellement fédérée sous l’unité appelée UJA. Depuis 2019, nous avons assigné des missions aux jeunes, les fédérer en les regroupant dans des entités que nous avons mises en place à Assihué. Assihué représente initialement une rivière traversant les trois villages, aujourd’hui devenus quartiers. J’ai occupé ce poste pendant près de sept ans, s’en est suivi une élection qui m’a porté à la tete de la MUDESA en 2019.

Les actions entreprises ont été nombreuses. Avec un soutien financier, nous avons œuvré pour l’établissement d’un centre de santé et la mise en place d’une école adaptée. Nous avons fourni des tables et des bancs, équipé les cantines en matériels nécessaires, distribué 250 tables bancs en 2019, et acheminé 60 sacs de riz ainsi que des manuels scolaires à chaque rentrée aux élèves d’Assihué.
Nous avons également collecté des vêtements de seconde main pour nos jeunes du village.

Notre engagement s’étend à l’IEP Raviart, au collège, et à notre centre de santé, que nous avons soutenu en équipement jusqu’à ce jour. En 2023, nous avons investi dans des médicaments d’une valeur de trois millions, plaçant la santé et l’éducation au cœur de nos priorités. Chaque année, nous célébrons nos enfants à travers un arbre de Noël, organisé de manière tournante dans nos trois quartiers.

Concernant les développements récents, nous avons procédé à la pose de la première pierre en 2023 d’un foyer des jeunes et aussi le lancementdes travauxdu chateau d’eau. A cela s’ajoutent l’expansion et le lotissement de nos quartiers actuellement en cours avec la mairie. Un projet d’envergure du ministère des sports prévoit la construction d’un complexe sportif à Tié-N’Diékro, et notre village à été retenu pour sa réalisation
Je precise que le foyer des jeunes est un projet initié par le Maire avec un budget de 28 millions de FCFA pour 2024, dont 10 millions sont alloués à l’équipement.

À noter aussi que nous avons un projet de couverture téléphonique qui débute le 24 de ce mois de décembre avec la première antenne posée, suivi de deux autres à Bende Tanoukro et Salèkro. Ces initiatives reflètent les avancées significatives de la mutuelle au service de notre communauté.

Face aux enjeux actuels, quels sont les principaux défis du développement que vous identifiez spécifiquement à Assihué ?

Nous débutons notre démarche en privilégiant l’autosuffisance, en pensant avant tout à nos jeunes frères, confrontés à la précarité qui touche nos parents. Face à des soins de 500 francs, nous devons parfois solliciter des appels à l’aide. Grâce à l’appui de la mairie, nous avons réussi à établir un barrage hydro-agricole chez nous, une opportunité que nous encourageons vivement nos jeunes frères à saisir pour tirer profit des opportunités qui s’offrent à nous, que ce soit dans les marchés, l’élevage, la pisciculture, et bien d’autres domaines.

Il est impératif que nous nous investissions dans ces activités, car l’investissement chez soi revêt une importance cruciale. Nos parents sont impliqués dans des secteurs industriels tels que l’anarcade, qui ne se consomme pas instantanément. Cependant, la mévente, constitue un défi. Un véreux a récemment acquis près de 20 tonnes pour un retour financier d’un million fcfa seulement, ce qui souligne l’urgence de la situation.

Aujourd’hui, nous devons encourager nos parents à atteindre l’autosuffisance, un objectif qui, une fois atteint, contribuera à notre bonheur collectif. Bien que je n’aborde pas en détail la politique, je tiens à souligner que le bitumage de notre route constitue une problématique qui dépasse les frontières d’Assihiué. Elle s’étend à Assihué, englobant même M’Bahiakro, une question d’importance nationale, marquée par des changements de ministres au fil du temps, un défi qui transcende notre localité.

Nous releverons ces défis avec détermination, en faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour contribuer à ce changement, conscient que notre action a un impact qui va au-delà de nos frontières locales.

Quelles sont vos attentes au sujet de la mission de santé de l’ONG française « Agir pour demain Côte d’Ivoire » et son impact sur la communauté locale ?

Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance et à saluer cette magnifique initiative de la part de Jérôme Kouakou. Cela procure une immense joie. J’ai fréquemment interpellé chacun sur l’idée que le développement est un effort collectif. Ceux qui n’ont pas encore saisi l’importance de se mettre au service de la mutuelle doivent comprendre qu’il ne s’agit pas seulement de se mettre à la disposition du président, mais de contribuer à l’essor de la mutuelle, afin que nous puissions progresser ensemble vers le développement.

Bien que notre collaboration ne remonte pas à une éternité, si l’on dressait un bilan, nous constaterions que nous avons déjà atteint une somme considérable, qui ne provient pas de la poche d’un individu isolé. Nous nous sommes rapprochés des autorités publiques pour obtenir leur soutien, et je me réjouis particulièrement de l’implication de l’ONG « Agir pour Demain Côte d’Ivoire« . Actuellement, le Maire a pris en main le projet, proposant son extension à la Commune, chef-lieu de Tié-N’Diékro.

Remarquons qu’auparavant, une ONG appelée « Cocody » intervenait dans cette région, mais le processus était beaucoup plus complexe. Chaque arrivée de dons impliquait des démarches douanières pouvant s’étaler sur 1 à 2 ans, nécessitant une mobilisation de fonds considérable. Grâce à Dieu, nous avons la chance de recevoir nos produits plus facilement, et nos partenaires peuvent nous rendre visite en toute quiétude. C’est un présage très positif pour notre initiative.

Comment votre mutuelle envisage-t-elle renforcer la coopération avec d’autres organisations pour un développement plus soutenu ?

En dépit de la réputation de dynamisme qui nous précède en tant que jeune mutuelle, nous demeurons constamment à la recherche de soutien, particulièrement de la part des instances gouvernementales. Notre sollicitation est principalement orientée vers l’État de Côte d’Ivoire, en mobilisant nos cadres et leurs réseaux pour nous appuyer à tous les niveaux. Nous tenons à souligner que l’objectif majeur de notre mutuelle est d’obtenir le soutien des pouvoirs publics, et pour cela, nous continuerons de faire appel à leur collaboration.

Il est important de noter que nos demandes ne se limitent pas simplement à des requêtes. Nous exprimons notre gratitude envers ceux qui ont déjà répondu à notre appel et ont pris des mesures concrètes. Par ailleurs, nous reconnaissons la gravité de l’état de santé de nos parents, un aspect crucial que certains ont pu constater lors de déplacements avec l’ONG. Bien que la présence d’un centre de santé soit un premier pas, cela ne suffit pas à instaurer la confiance au sein de la population pour déclarer ou traiter une maladie.

L’intervention de l’ONG « Agir pour Demain Côte d’Ivoire » a mis en lumière le besoin urgent d’une approche plus proactive en matière de santé. Nos parents ont besoin non seulement de survi mais aussi d’attention et d’un véritable accompagnement. Il est impératif de mobiliser les ressources nécessaires, pour apporter le bien-être à nos parents et à notre communauté. La santé doit être considérée comme une priorité, et nous continuons notre appel à une collaboration étroite avec les instances publiques pour atteindre cet objectif essentiel.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux populations d’Assihué pour les inspirer et les encourager ?

Le combat ne fait que commencer à travers l’action de l’ONG « Agir pour Demain Côte d’Ivoire« , et malgré les défis à venir, nous sommes prêts à les affronter. En cette nouvelle année, je souhaite une santé florissante à chacun, à mes collaborateurs de la mutuelle, à nos partenaires externes, ainsi qu’à nos parents du village. Que la santé de fer accompagne tous les membres et ressortissants d’Assihué, offrant une année 2024 pleine de promesses et de réussites.

Nous aspirons à ce que l’horizon de cette nouvelle année nous réserve le meilleur. Que chaque rencontre soit couronnée de succès, soutenant nos démarches et projets. J’adresse également un appel aux parents qui se sont exilés vers l’Ouest, le Sud ou le Nord, les invitant à rejoindre le mouvement du développement en marche. Personne n’est oublié, et cette réussite ne dépend pas uniquement du président et de son équipe, mais de toute la communauté d’Assihué. Nous sommes unis dans cette quête, transcendant les clivages politiques, car notre objectif est le développement local, une vision qui s’étend loin dans l’avenir.

En tant que mutuelle, nous sommes apolitiques et ne sommes affiliés à aucun groupe politique. Notre engagement est enraciné dans le besoin de développer notre communauté, car à travers le développement, nous construisons un avenir plus prometteur. Que cette nouvelle année soit une année de santé pour tous, marquée par la réalisation de nos aspirations collectives et la concrétisation des projets qui façonneront positivement l’avenir d’Assihué.

Entretien réalisé par Médard KOFFI

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