Affaire Ena : Fraude ou complot pour dégommer la directrice ?
lepointsur.com (Abidjan, le 27-2-2015) Pour rendre nos propos clairs, nous ferons un bref historique de l’ENA, ensuite le contexte de la nomination de la directrice actuelle pour finir sur la crise qui l’oppose actuellement à sa tutelle.
I – HISTORIQUE DE L’ENA
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, pour reconstituer l’administration française effondrée, Michel Debré conseille le Général de Gaulle qui crée en octobre 1945 l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) (1). Les objectifs assignés à cette école dès sa création était le recrutement des meilleurs, disons les excellents étudiants français pour repositionner la France sur la scène internationale. Le succès de ce modèle (3 présidents français dont Hollande, 7 Premiers Ministres et l’essentiel des hommes d’affaires et politiques français actuels y sont passés) amène les pays africains de succession française à l’adopter après leur indépendance. C’est dans ce contexte que le Président Feu Félix Houphouët Boigny crée l’ENA ivoirienne en 1960 (2) pour bâtir une administration performante capable d’affronter les défis postcoloniaux.
II –LA NOMINATION DE LA DIRECTRICE ACTUELLE Mme YAPO née ZOUA SERELE EVELYNE
Les concours d’entrée à l’ENA n’ont jamais suscité des polémiques jusqu’en 2003. De cette date jusqu’à l’avènement de la direction actuelle, les rumeurs et des articles de presse ont mis cette école sous les rampes de l’actualité nationale. En effet, il était reproché aux responsables de cette école qui organisaient les concours d’entrée de favoriser la corruption, la vente des places mises au concours (offices de vénalité) et le clientélisme au mépris du mérite des candidats. Cette campagne de dénonciation sera même relayée par les opposants au régime GBAGBO (3), ce qui mettra gravement en cause l’image d’école d’élites de l’ENA.
Faisant sien l’adage selon lequel « il n’y a jamais de fumée sans feu », le Président Laurent GBAGBO décide de sévir après qu’il eut participé à une cérémonie de sortie de la promotion de 2010 qui était baptisée en son nom. Le 9 juin 2010, le Président GBAGBO chassera toute l’ancienne équipe pour en désigner une nouvelle dirigée par Mme Yapo. Il est à préciser que Mme Yapo, administrateur des services financiers, gérait avant cette nomination l’une des deux écoles de l’ENA, l’Ecole de Gestion Economique et Financière (EGEF) qui forme les cadres des impôts, trésor, douane etc.
A ce poste, elle avait déjà fait ses preuves en matière de rigueur, d’abnégation au travail. Sa promotion était reconnue par l’ensemble des personnels et anciens élèves comme une récompense de son mérite. A ce poste, le premier concours qu’elle a organisé en 2010 a été salué par tous, parce que fait dans la transparence et l’équité. Certains admis issus des familles pauvres l’ont félicité bruyamment dans l’enceinte de l’école le jour de la proclamation des résultats définitifs. L’ENA venait de retrouver ses marques.
III–FRAUDE AU CONCOURS DE 2014-2015 OU COMPLOT CONTRE LA DIRECTRICE?
Rappelons brièvement que les concours d’entrée à l’ENA ont été suspendus depuis 2011 et que le concours 2014-2015 est le premier qui sera organisé sous le régime du Président ALASSANE OUATTARA. Après un premier concours lancé en 2013 sans suite par le Ministre Niamien Konan (4), la Directrice actuelle animera une conférence de presse le 22 juillet 2014 (5) pour annoncer l’ouverture officielle du concours au titre de l’année 2014-2015.
Après que les candidats eurent s’inscrit en ligne, les inscriptions physiques démarreront le 11 Août dans l’enceinte de l’école. Tout s’est bien passé dans l’organisation du concours, c’est-à-dire de l’inscription jusqu’à la composition lorsque tombe le communiqué du Ministre de la Fonction publique le 24 décembre 2014 qui suspend les résultats et fait cas des fraudes au Cycle Moyen Supérieur (CMS) professionnel. Pour rendre nos propos intelligibles, nous évoquerons ce communiqué avant de le confronter aux faits tangibles qui le discréditent.
A – Le communiqué du Ministère
Voici l’essentiel du communiqué du 24 décembre 2014 :
« La proclamation, par l’ENA, le 23 décembre 2014, des résultats d’admissibilité aux concours professionnels a fait apparaître des cas de fraudes. En effet, de sources bien introduites au Cabinet du Ministère, 23 personnes ont été déclarées admissibles à ces concours sans avoir composé. « Faut-il rappeler que, conformément aux dispositions du décret n° 97-25 du 15 janvier 1997, l’organisation et le déroulement de ces concours ont été exclusivement pilotés par la Direction de l’Ecole ».
Aussi, face aux cas de fraudes constatés, le Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative a-t-il décidé de la suspension immédiate du processus de proclamation des résultats. Par la même occasion, le Ministère a diligenté une enquête conduite par l’Inspection Générale, afin d’élucider cette situation et de situer les responsabilités ».
B – Notre commentaire
Le ministère n’a pas dit la vérité aux ivoiriens à travers ce communiqué et cela se sait pas ce qui suit :
1 – De l’envahissante implication et ingérence du Ministère dans l’organisation du concours d’ENA 2014-2015 qui entament la souveraineté et l’indépendance du Jury. Selon le communiqué du Ministère, l’organisation du concours a été « exclusivement » pilotée par la Direction de l’ENA, ce qui n’est pas vrai au regard des données suivantes. D’abord, pour ce concours de l’ENA de cette année, le Ministère de la Fonction publique a créé une Commission de Coordination composée de trois (3) conseillers techniques du Ministre et de son Directeur de Cabinet Adjoint, président.
Ainsi, les concours du Cycle Supérieur (CS) sont supervisés par le Conseiller Technique Doumbia Moussa, ceux du Cycle Moyen Supérieur par M. Yao Kouakou Jean et enfin ceux du Cycle Moyen (CM) par Mlle Oulai Corine. Ces trois conseillers qui travaillent sous la direction du Directeur de Cabinet Adjoint du Ministre participent même aux choix des sujets, à leur distribution aux candidats, à la correction des copies et enfin aux délibérations du Jury.
Par exemple, lors de la délibération du concours de Cycle Moyen Supérieur, pour un candidat dont les membres du Jury ne s’entendaient pas sur sa note du fait du grand écart entre la note attribuée par le premier correcteur et celui du second, la copie a été finalement donnée au représentant du Ministre, M. Yao Kouadio Jean, professeur de Lettres à l’Université qui l’a recorrigée et attribué une note de 08/20. Dans cette même veine, lors de la délibération du concours du Cycle Supérieur professionnel, vu le niveau très bas des candidats, une discussion s’est engagée entre les membres du Jury pour décider de la barre de moyenne à atteindre pour qu’un candidat soit déclaré admissible, le Directeur de cabinet Adjoint du Ministre, le Professeur Assi Joseph avait alors proposé 7.10/20.
Proposition que les membres du Jury vont rejeter pour ne retenir que 08.50/20. Ensuite, l’opérateur technique, la SONEC (société de numérisation des examens et concours) qui gère l’informatisation et la sécurisation du processus de délibération du concours a été imposée par le Ministère à la Direction de l’ENA. C’est cette société SONEC qui gère l’ensemble des concours organisés actuellement par le Ministère de la Fonction Publique et même l’INFAS. Comme on le voit, le Ministère est bien impliqué dans le concours et même de façon envahissante. Car ses représentants vont même au-delà des prérogatives reconnues au ministère et entament la souveraineté du Jury (6).
2–De l’absence de fraudes au concours du cycle moyen supérieur professionnel.
Cette année, des innovations ont été apportées pour plus de transparence dans l’organisation de ce concours. Comme déjà indiqué, c’est le ministère qui a conseillé la SONEC, une société informatique, à la Direction de l’ENA pour sécuriser les copies du concours et éviter les « opérations hibou » qui sont fréquentes dans l’organisation des examens et concours. Cette société SONEC en accord avec la Direction de l’ENA ont mis en place un protocole pour éviter la fraude et faciliter la correction et les délibérations.
Dans ce protocole, il était prévu de scanner obligatoirement les copies de tous les candidats (présents, non présents, expulsés) avant de faire la moyenne de chaque candidat. Le 22 décembre 2014, les membres du Jury du Cycle Supérieur Professionnel ont respecté ce protocole lors de leurs délibérations, et tout s’est normalement passé. A la fin des délibérations où siégeaient les représentants du Ministre (M. Doumbia Moussa et le Prof Assi Joseph, Dicab adjoint), 23 candidats ont été déclarés admissibles sur la base de 08.50/20 préconisée par le Jury et non 07.10/20 proposée par le Dircab adjoint.
Il faut rappeler à toutes fins utiles que le rejet de la proposition du Dircab de prendre la moyenne de 07.10/20 la veille l’a mis en colère et n’a pas jugé bon de participer aux délibérations du concours de cycle moyen supérieur professionnel. Seul le conseiller technique chargé des concours du cycle moyen supérieur y a participé. Le jour suivant, c’est-à-dire le 23 décembre 2014, commence les délibérations du concours du cycle moyen supérieur professionnel. Mais le Jury ne respecte pas le protocole établit. Ils ne scannent pas toutes les copies y compris pour les non présents et les expulsés pendant le concours pourtant leur note administrative (concours professionnel oblige) avait déjà été introduite dans le système (ordinateur).
Conséquence, l’ordinateur tient compte seulement des notes administratives des candidats absents et expulsés, ce qui les placera comme meilleurs candidats au classement. Après l’affichage des résultats, les candidats recalés voient les noms de leurs collègues qui n’ont pas composé et interpellent l’administration. La directrice rappelle les membres du Jury qui se rendent compte de leur erreur et s’organisent pour délibérer de nouveau comme l’autorise le droit positif ivoirien.
Car le protocole n’a pas été respecté. Les membres du Jury se retrouvent le 24 décembre pour délibérer de nouveau et c’est lors de cette séance que le Ministre enjoint le Jury par l’intermédiaire de son représentant de tout arrêter. Par la même occasion, il est demandé aux membres du Jury de rester sur place pour attendre l’arrivée de l’Inspecteur Traoré Flavien et sa délégation. Ce dernier arrive dans la salle de délibération, écoute les explications du Président du Jury et le technicien de l’opérateur technique qui expliqueront leur erreur.
Quelques moments, après que M. Traoré Flavien eut reçu un appel du Ministre, il ordonne l’annulation des résultats du concours. Entre temps, le communiqué annonçant 23 cas de fraudes est déjà balancé à AIP et Abidjan.net. La commission d’enquête mise en place et dirigé par M. Traoré Flavien a conclu aux dysfonctionnements et insuffisances (7), donc pas de fraudes. En réalité, c’est le Ministère qui a empêché le travail du Jury pour créer un buz médiatique pour des objectifs mentionnés dans la conclusion de mon commentaire.
3–De l’annulation abusive et vindicative des résultats du concours
S’il n’y a pas eu de fraude comme l’attestent les résultats de l’enquête et les faits ci-dessous exposés, pourquoi donc frustrés les candidats de leur réussite provisoire. Il faut rappeler que le Ministère voudrait insérer leurs protégés parmi les admis. Leurs manœuvres n’ayant pas eu de résultats escomptés auprès de la Directrice, ils voudraient procéder autrement. C’est alors que le directeur du cabinet adjoint du Ministre, Mr Assi Joseph avait intimidé l’ordre aux membres du Jury de prendre 07.10/20 de moyenne d’admissibilité. Ce que ceux-ci refuseront considérant cela comme médiocre pour un concours réservé aux plus intelligents.
Ce sont ses différents échecs qui ont amené le ministre et son staff à annuler le concours pour faire bénéficier de nouveau la chance à leurs protégés. Sinon, pourquoi annuler les résultats du Cycle Supérieur professionnel alors que tout s’y est bien passé ? Le Jury étant distinct pour le concours du cycle supérieur et celui du cycle moyen supérieur, pourquoi exécuter la volonté de ce dernier pour annuler le travail du premier ? C’est comme demander l’annulation de l’examen du Bac parce qu’il a eu fraude au concours de BEPC ou CEPE ? Encore que dans ce cas d’espèce, les enquêtes ont prouvé qu’aucune fraude ni intention de fraude n’a entaché les délibérations (lire le point 7).
Par ailleurs, les concours étant organisés par les hommes, les erreurs inhérentes à l’espèce humaine peuvent toujours survenir lors de ces opérations. Mais il faut pouvoir toujours en rattraper lorsque cela est découvert. Cela a été le cas du concours de l’ENA France 2014 où les copies de 686 candidats ont été volées dans les mains d’un correcteur. Ce qui n’a pas conduit à l’annulation du concours mais la reprise de la composition par des candidats victimes du vol de leurs copies dans la discipline concernée (8 et 9).
4–De l’intimidation et du trafic d’influence du Ministère sur la directrice de l’ENA.
Après que le communiqué du ministre annonçant les 23 cas fraudes eut été publié, la Directrice de l’ENA sera convoquée le 26 septembre au bureau du Ministre. En présence du Ministre, de Touré Mamadou, chargée de la jeunesse à la Présidence, le Dicab adjoint, le Prof Assi Joseph, ce dernier ordonnera à la Directrice de l’ENA d’organiser une conférence de presse pour expliquer la fraude aux journalistes. Elle le fera le même jour où elle expliquera qu’il ne s’agit pas de fraudes mais d’une erreur humaine, ce que confirmera par la suite l’enquête de l’Inspection. Mais bien avant toutes ces péripéties, le Ministère avait exigé avant que la liste des admissibles et admis leur soient transmis avant affichage, ce que la DG de l’ENA a refusé arguant que cela est contraire à l’esprit de ce concours.
Mieux, elle expliquera que le Jury est souverain et que c’est après proclamation définitive des résultats et leur affichage que la liste des admis est transmise au Ministre pour nomination des admis. Or, l’organisation exemplaire de tout concours exige le respect de l’autorité et de la décision du Jury. C’est cette divergence de conception de l’organisation entre le Ministre et la Directrice qui bloque ce concours actuellement. Comme ce qui s’est passé en son temps entre le directeur de l’ENS, le Prof Valy Sidibé et son ministre de tutelle qui était en ce moment M. Cissé Bacongo dont la clé était le contrôle du concours. (Lire le point 6).
5 – De la collusion et de la coalition du Ministère et du Secrétaire Général de l’ENA pour dégommer la Directrice qui refuse d’entrer dans leur ‘’jeu’’.
Le SG de l’ENA est Monsieur Oulai Deazi. En 2011, il a été trempé dans l’achat des places au concours de l’Ecole Nationale Supérieure (ENS) (10). En effet, il avait promis à un chercheur d’emploi d’utiliser les canaux de ses relations pour le faire rentrer dans cette école contre une somme de 700.000F. Mais la promesse n’a pas été respecté, le jeune se retourne vers ce monsieur pour réclamer son argent. Face au dilatoire de M. Oulai, le candidat malheureux saisit la police pour abus de confiance.
Les policiers débarquent à l’ENA pour l’arrêter (M. Oulai) . Pour éviter cette humiliation devant les élèves et le personnel, il promet de payer intégralement cette somme. Ce qu’il fera peu après. Depuis cette histoire, la confiance entre lui et la Directrice de l’ENA s’est détériorée. C’est dans cette atmosphère délétère que le concours de l’ENA 2014-2015 fut lancé. Dans le décret n° 97-25 du 15 janvier 1997 qui confie l’organisation du concours de l’ENA à la Direction de cette école, le SG joue un rôle central en ce que le concours s’organise sous sa supervision (article 13) (11). Mais pour ces antécédents expliqués ci-dessus, la Directrice lui confie seulement le processus d’inscription et la validation des candidatures et l’écarte donc de l’organisation proprement dite du concours.
L’objectif de la Directrice étant ici de sauvegarder la transparence et l’équité dans ce concours. C’est ce que Monsieur Oulaï semble n’avoir pas accepté en portant des accusations graves sur la Directrice lors de l’enquête de l’inspection de la Fonction publique sur affaire de la prétendue fraude à l’ENA mais aussi bien avant cela, en menant indirectement une campagne de dénigrement de la directrice dans le journal ‘’AUJOURD’HUI’’ du 12/01/2015 P.2-3. Et ce sont les témoignages de l’audition de ce Monsieur qui ont été pris au comptant par l’Inspection dans son rapport sans mener une véritable enquête sur le terrain.
L’enjeu ici est clair : Monsieur Oulaï veut prendre la place de la Directrice ou la voir partir pour s’adonner à ce qu’il connait bien qui est la vente de places au concours. Et il s’appuie sur le Ministère qui semble lui prêter une oreille attentive pour les besoins que j’ai déjà exprimés et bénéficier de sa ‘’technologie’’ : faire rentrer leurs protégés dans cette école sans égard à leur mérite. En conclusion, SG de l’ENA + Ministère « contre » La Directrice (une femme d’une moralité impeccable, il ne s’agit pas d’un parti-pris et cela peut se vérifier auprès des fonctionnaires ivoiriens qui ont fait EGEF). Ce que la nomination de Dame Traoré vient de confirmer (nous ne mettons pas en cause la compétence de Mme Traoré mais les conditions dans lesquelles sa nomination intervient sont vraiment suspectes et scabreuses).
Mieux, quand on sait que Mme Traoré qui vient d’être nommée la nouvelle directrice de l’ENA était secrétaire du jury du cycle moyen supérieur professionnel dont l’erreur est à la base de cette fausse affaire de fraude ou tricherie à l’ENA, on comprend bien tous les contours de ce puzzle (ils ont saboté leur travail de jury pour jeter la faute à la directrice). Et curieusement, c’est Madame Yapo seule qui est remplacée et le Secrétaire général, cet homme à la moralité douteuse est resté à son poste et Mme Traoré promue. Et lorsqu’on sait que nous sommes sous la Présidence de M. Alassane Ouattara, l’homme du FMI, supposé tatillon dans le travail, boxeur qui aimerait la transparence, la rigueur, le mérite, la bonne gouvernance, on laisse forcément patois devant ce spectacle honteux.
Conclusion
Comme on le voit, il s’agit d’une volonté de récupération du concours par l’éjection de la directrice actuelle et la nomination d’une nouvelle direction plus malléable et attentionnée aux desideratas du Ministère (12). L’alibi de fraude est un montage grotesque pour nuire à la réputation de Mme Yapo pour l’éjecter, d’où son absence à la passation de charge. Maintenant que les objectifs sont atteints, c’est-à-dire faire de l’ENA une école des courtisans et des militants, au suivant les candidats admis avant même de composer ! A bas l’émergence !
Une contribution de Imperial Laido piquée sur Facebook
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