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[Adzopé : Hommage au « Vieux Monrovia »] Figure du transport célébrée à travers les témoignages émouvants de ses fils


À Adzopé, un hommage émouvant a été rendu à Papa Yapo Achipo Bernard, dit « le Vieux Monrovia », figure du transport et père exemplaire, célébré par ses fils artistes et toute la communauté.

Abidjan, le 04 septembre 2025 (lepointsur.com) Le samedi 14 juin dernier, la commune d’Adzopé a rendu un vibrant hommage à Papa Yapo Achiepo Bernard, plus connu sous le surnom de « Vieux Monrovia », décédé le 4 mai 2025 à l’âge de plus de 100 ans. À travers les témoignages de ses fils, l’artiste plasticien Yapo Ayéa René, fondateur de la Galerie Aney Univers des Arts, et le musicien Yapo Pamphil, c’est tout un parcours de courage, de résilience et de générosité qui a été célébré.

Un homme issu d’une lignée ancienne de la Mé

Né dans une grande famille de la région de la Mé, précisément à Adzopé, Papa Yapo Achiepo Bernard appartenait à la famille Akin, l’une des cinq lignées fondatrices de la commune. Orphelin à seulement 12 ans, il a dû affronter la vie sans soutien parental. Privé d’école et illettré, il a néanmoins bâti son destin avec une détermination exemplaire.

Le grumier du « Vieux Monrovia » représenté en œuvre d’art par son fils, l’artiste plasticien Yapo Ayéa René, dit « Le Prophète de la Peinture

Il fit ses débuts comme chauffeur, devenant l’un des conducteurs les plus respectés d’Adzopé. Grâce à son sérieux et sa droiture, il travailla pour des figures politiques de renom, dont Mamadou Koné, ancien député, ainsi que les pères de Patrick Achi et d’Aké N’Gbo, futurs Premiers ministres de Côte d’Ivoire.

Le Liberia, terre d’opportunités et d’épreuves

Le « Vieux Monrovia » s’illustra particulièrement au Liberia où, sélectionné parmi les meilleurs chauffeurs, il devint transporteur de grumiers. Sa persévérance lui permit d’acquérir plusieurs camions et de devenir l’un des rares Ivoiriens à se hisser au rang des grands transporteurs de bois de ce pays.

Mais la guerre civile libérienne de 1990 bouleversa son destin. Coincé durant un an, il réussit finalement à regagner la Côte d’Ivoire après une traversée périlleuse par la Guinée. Revenu les mains vides, il conserva cependant ce que ses enfants décrivent comme son plus grand héritage : sa dignité et sa droiture.

Un père généreux, pilier de sa famille

L’artiste Yapo Émile, entouré des fils du « Vieux Monrovia » : l’artiste plasticien Yapo Ayéa René, fondateur de la galerie Aney Univers des Arts, et le musicien Yapo Pamphil

Selon ses fils, Papa Yapo Achiepo Bernard n’a pas seulement soutenu ses propres enfants. Il a également pris en charge la scolarisation de nombreux membres de sa grande famille, convaincu que l’éducation était le meilleur héritage à transmettre.

« Malgré ses difficultés, il n’a jamais trempé dans les magouilles. Il était respecté et admiré dans toute la région », témoigne son fils aîné, l’artiste plasticien Yapo Ayéa René. Pour Yapo Pamphil, musicien chanteur, son père représentait « un homme bon et généreux, qui a toujours porté ses enfants et ses proches avec amour et courage ».

Des funérailles à la hauteur de son parcours

Ses obsèques, organisées le 14 juin, ont attiré une foule nombreuse venue rendre un dernier hommage à cet homme simple mais emblématique. Parmi les personnalités présentes figuraient notamment Mme Florence ACHI, maire de la commune d’Adzopé, accompagnée d’une forte délégation du conseil municipal et du conseil régional de la Mé, ainsi que de nombreux artistes plasticiens, musiciens et acteurs culturels. Tous se sont réunis pour célébrer sa vie et son héritage, témoignant de l’impact durable qu’il a eu sur la communauté et le monde artistique local. À l’occasion de la Fête des Pères, la mairie d’Adzopé, dirigée par l’actuelle maire et épouse du Premier ministre Patrick Achi, a également accepté de lui rendre un hommage public.

À travers ce témoignage, ses enfants entendent rappeler que la mémoire du « Vieux Monrovia » demeure vivante : celle d’un homme parti de rien, devenu une figure respectée, et dont la grandeur ne résidait pas dans les richesses matérielles mais dans l’intégrité, le courage et la générosité.

Par Médard KOFFI

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