[Adayé Kessiè Festival 2024] Vers une professionnalisation des festivals Ivoiriens (Entretien avec Alexandre Drama)
Tabagne, le 30-10-2024 (lepointsur.com) À l’occasion des festivités de l’Adayé Kessiè Festival 9, qui animent actuellement la localité de Tabagne dans la région du Gontougo, nous avons rencontré, ce mercredi 30 octobre 2024, Alexandre Drama, Président de la Fédération des Festivals de Côte d’Ivoire et Commissaire général du Djaka Festival. Dans cet entretien exclusif, Alexandre Drama aborde son rôle au sein de la fédération, la nécessité de professionnaliser les festivals ivoiriens et sa vision pour promouvoir la culture à travers un réseau structuré et innovant. Interview :
Monsieur Drama, pouvez-vous nous expliquer votre présence ici au Festival Adayé Kessiè et le rôle que joue la Fédération des Festivals de Côte d’Ivoire dans le soutien aux événements culturels ?
En tant que Président de la Fédération des Festivals de Côte d’Ivoire, je suis venu ici pour apporter mon soutien à notre collègue Ouattara Bini, qui organise le festival AdayéKessiè. Ce soutien est essentiel car notre fédération regroupe 85 festivals à travers le pays. Notre rôle est d’encourager et d’assister les festivals dans leur organisation, afin qu’ils puissent se professionnaliser et se structurer efficacement.
Vous parlez de professionnalisation. En quoi cela consiste-t-il concrètement pour les festivals ivoiriens ?
La professionnalisation, c’est avant tout la mise en place de normes et de standards pour chaque festival. Cela signifie avoir un programme bien défini, respecter les horaires, et offrir au public une expérience enrichissante. Trop souvent, certains événements sont pris à la légère, comme de simples activités de vacances, alors qu’un festival reconnu par l’État doit être organisé annuellement, avec des structures claires et des équipes formées. Nous avons mis en place un encadrement pour aider chaque festival à se structurer selon ces critères.
Quels sont les principaux défis que rencontrent les festivals pour se conformer à ces standards ?
Le premier défi est administratif. Beaucoup de festivals doivent régulariser leur situation auprès des autorités. Le ministère de la Culture a recensé plus de 400 festivals, mais seulement une partie d’entre eux répondent aux exigences nécessaires pour être reconnus officiellement. Nous comptons environ 80 festivals parmi les plus structurés au sein de la fédération, comme le FEMUA ou le Popo Carnaval, et nous travaillons à encadrer les jeunes festivals pour les amener à ce niveau.
Vous êtes également le Commissaire général du Djaka Festival. Comment votre expérience à la tête de cet événement influence-t-elle votre travail à la fédération ?
En effet, le Djaka Festival, que j’organise depuis 2006, est aujourd’hui un modèle en termes de structuration et de continuité. Cette expérience m’a permis de développer une vision de ce qu’un festival doit apporter à sa communauté et à la culture ivoirienne. Lorsque mes collègues ont vu le travail accompli avec le Djaka Festival, ils ont jugé utile de me porter à la tête de la fédération pour transmettre cette expertise et aider les autres festivals à progresser.
Comment voyez-vous l’avenir des festivals en Côte d’Ivoire ?
Je suis optimiste. Avec l’aide de la fédération, les festivals gagnent en notoriété et en professionnalisme. Notre culture est riche et diversifiée, et les festivals en sont une vitrine. Nous avons une jeunesse dynamique, prête à s’investir et à apprendre. Le chemin est long, mais notre objectif est de faire en sorte que chaque festival soit une véritable plateforme culturelle, reconnue à l’échelle nationale et, pourquoi pas, internationale.
Un mot pour conclure cet entretien ?
J’encourage tous les organisateurs à persévérer et à investir dans la formation et la régularisation de leurs activités. La fédération est là pour les soutenir. Ensemble, nous pourrons montrer au monde la richesse de notre culture et faire des festivals ivoiriens des rendez-vous incontournables.
À travers son engagement et sa vision, Alexandre Drama ambitionne de transformer les festivals de Côte d’Ivoire en événements professionnels et durables, véritables moteurs de promotion de la culture ivoirienne. L’Adayé Kessiè Festival, comme bien d’autres, en témoigne.
Par Médard KOFFI depuis Tabagne