Pour cette deuxième journée du procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ouvert depuis jeudi à la Haye, l’accusation n’est pas allée du dos de la cuillère. Des vidéos d’attaques présumées des forces gouvernementales d’alors  contre des civils et de cadavres alignés dans les rues d’Abidjan ont été projetées.

Au cours de l’audience de vendredi, Eric MacDonald, chargé de l’accusation et représentant de la procureure Fatou Bensouda, a déclaré que « les forces pro-Gbagbo ont tiré sur la foule (…) provoquant la mort et des blessures physiques graves ».
« Ils ont été abattus simplement pour avoir soutenu Ouattara, » a renchéri le magistrat, montrant des séquences vidéo d’attaques armées présumées des forces gouvernementales de M. Gbagbo contre des partisans de l’opposition.

Un jour plus tôt, MM. Gbagbo et Goudé ont plaidé non coupable, à l’ouverture de leur procès jeudi, de meurtres, viols, actes inhumains et persécutions. L’accusation se concentre sur quatre incidents spécifiques survenus pendant les cinq mois de violences qui ont fait plus de 3.000 morts des deux côtés.
L’une des vidéos projetées, est relative à la manifestation des femmes dans la commune d’Abobo à Abidjan le 3 mars 2011. Ladite vidéo montre des forces pro Gbagbo ouvrant le feu sur des femmes non armées, laissant des corps ensanglantés joncher les rues.
« M. Gbagbo n’a pas pris toutes les mesures nécessaires pour prévenir ces crimes et enquêter sur eux(…)« Au contraire, les preuves démontreront que M. Gbagbo a tenté de dissimuler ces crimes. », a en outre soutenu le magistrat. Non sans ajouter que l’accusation convoquerait six témoins importants lorsqu’elle commencerait à présenter les preuves, vraisemblablement la semaine prochaine.
« Nous convoquerons six hommes et femmes ivoiriens… qui raconteront leurs souffrances(…) « Dans ce dossier, les preuves de l’accusation, et rien d’autre, parleront d’elles-mêmes », a affirmé M. Mac Donald. Par ailleurs, jeudi, la procureure de la CPI Fatou  Bensouda a déclaré  avoir rassemblé « un grand nombre de preuves contre les deux accusés », étayant les accusations « hors de tout doute raisonnable ».
À la fin de l’audience, M. Gbagbo a souri et a salué ses partisans, qui ont chanté l’hymne national ivoirien.
« Nous nous fichons des soi-disant preuves qui seront présentées(…) A la fin, notre président Gbagbo sera libre », a déclaré l’un d’entre eux sous le sceau de l’anonymat. Quant à la défense devrait prononcer sa déclaration d’ouverture lundi.
M. Blé Goudé, l’autre détenu a indiqué vouloir faire une déclaration, mais il n’a pas été indiqué clairement si M. Gbagbo s’adresserait également  au tribunal. L’audience reprend lundi prochain.

EKB

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