Contribution

Visite d’Etat/ Alassane Ouattara ira-t-il un jour à Odienné ?


Gaoussou Touré, le leader d'Odienné (Pdci-Rda)

Gaoussou Touré, le leader d’Odienné (Ph:Dr)

«  Je devais aller à Odienné mais, les cadres du Denguelé disent ne pas être prêts, la visite dans le Denguélé est donc reportée ».  C’est la première fois qu’une visite du Président de la République est reportée par la faute des cadres d’une région. Nous ne sommes donc pas prêts. Que regorge ce mot : « prêts » ? Point n’est  besoin de fouiller très loin. En Aout dernier, dans une trilogie intitulée « Qui a donc exclu le nordiste Ivoirien ? », nous nous sommes prononcés sur certains faits typiques au Nord de la Cote d’Ivoire. On disait de nous : « Le traite qui montre son village de la main gauche ». Et si ce village est effectivement situé à gauche par la faute de ses cadres ? Plusieurs éléments justifient ce report. Le premier, c’est lorsque la visite a été programmée que certains durs de ce pays se sont brusquement découverts cadres d’Odiénné. : « Le jeune demi-dieu de Goldmans Sachs, l’ex-porte-parole des rebelles, le Champion, le trésorier en chef, le rivale d’Affi, le prédécesseur de Banny, le chargé des forces terrestres,… tous seraient de la région. » Le savaient-ils ? Pas tous. Parce qu’ils sont en partie incapables de positionner la région du Kabadougou sur une carte. Et lorsque les faits se présentent ainsi, concluez qu’ils n’y ont jamais mis les pieds. Ne leur demandez pas s’ils ont une brique en banco au village, à plus forte raison une hutte. Par contre, ceux qui prétendent ne pas être prêts à recevoir le Président ont fini de bâtir « chez les autres ». Yopougon, Anyama, Issia, Daloa, Bonon, etc…

La seconde raison de ce report, c’est l’éternelle mésentente entre, d’une part les cadres d’Odienné ville, d’autre part, la marginalisation des cadres des autres départements de la région par ceux-ci. Lorsque le 18 Mars dernier, au cours d’une réunion des fils d’Odienné, nous tentions de savoir auprès d’un ainé, les raisons du beau bitumage, et la belle électrification de Korhogo, comparativement à Odiénné qui est toujours à la traine, il m’a répondu ceci : « Amadou Gbon gère le Programme Présidentiel d’Urgence ( PPU), et ce PPU est devenu le budget de fonctionnement de la mairie de Korhogo ». Quelle fuite en avant ! C’est alors que nous lui avons présenté le document écrit, objet de tous les conflits à Odiénné depuis des mois. Il est relatif aux voies devant bénéficier d’un bitumage ou d’une réhabilitation. Certains cadres ont ciblé les voies longeant leurs résidences en construction, au détriment de celles plus fréquentées et nécessitant en réalité un bitumage. D’où le courroux des laissés pour compte. Que dire de la marginalisation ? Nos ainés d’Odienné n’ont jamais organisé de réunion ayant pour ordre du jour « les retombées de la visite du Président sur la région ». Par contre, ils sont les premiers à organiser des rencontres, juste pour bourlinguer UNIQUEMENT sur la ville et elle seule. Le bitumage de l’axe Odienné-Boundiali et du tronçon Tiémé-Tahanso-N’goloblassou-Ziguitiéla ne seraient plus à l’ordre du jour.

Ensuite, quelles infrastructures pour quelle cérémonie ? bien sûr le Président Ouattara passera ses nuits à l’ancienne prison où était incarcérée Madame Simone Gbagbo l’ex Première Dame, située route de Tiémé. Cependant, où  aura lieu le Conseil des Ministres, sachant que depuis l’incendie de 1995, c’est seulement fin Décembre qu’une nouvelle préfecture est en chantier ? Où dormira tout ce monde ? Qui parmi les cadres a pensé un jour à réunir ses paires pour la construction d’une cité, ou d’une auberge « au cas où » ? Il y a quelques semaines, un journal de la place affichait à sa Une : ‘’pénurie de ciment en Côte d’Ivoire ‘’ mais, où est donc passé dame ciment ? Ne la cherchez pas loin. Ces individus qui se découvrent comme par enchantement, cadres du Denguelé ont tout réquisitionné, pour bâtir précipitamment leurs résidences au village, question d’éviter une humiliation lors de la visite d’Etat du Président Ouattara. Quand tu iras de toi-même humer l’intérieur du taxi baptisé « tétanos », tu comprendras que son histoire n’était pas une légende. Le 31 Décembre 2014, le Ministre Gaoussou Touré était  au cœur d’une foule immense au carrefour IVODIS. Vu le monde fou qui s’y trouvait, nous pensions à deux choses : soit faire la fête pour le retour du premier Odiénnéka ayant posé le pied sur la planète Mars, ou bien l’inauguration de la première ligne de métro de la ville. Que non ! Il s’agissait de l’acte le plus anodin du monde dans une ville : l’inauguration du premier feu tricolore.  Et dire que par le truchement d’un lobbying  en direction des privés, et vu qu’il est en charge du ministère des transports, la région devrait en bénéficier depuis 4 ans. Parlant justement de lobbying, combien sont-ils ces fils du Denguélé exerçant dans les couloirs de la Présidence de la république et de ceux la Primature, capables d’ « appuyer » les dossiers afférents aux infrastructures ? Quel est le nombre de femmes et d’hommes riches issus de la région, capables de créer des activités génératrices d’emplois à Odiénné, juste pour maintenir sur place les jeunes ? Des centaines, mais tous sont amorphes, ne songeant qu’à leurs postes, leurs progénitures, et se battant pour le rayonnement de leur nom dans ‘’la tête du président’’ ou préférant s’attirer des voix ailleurs ? Dis-moi, Colette, qui doit être plus enclin dans l’affirmation de soi chez lui ? Réponse : c’est celui qui semble avoir conquis ailleurs. De quelle localité est originaire le plus grand nombre d’élus ayant conquis les cœurs « ailleurs » après les municipales de 2013 ? C’est à Tiémé, ville située à 28 km d’Odienné, et mieux dans la même famille. Feu le Maire d’Issia, le Maire d’Anyama, le Maire de Tiassalé, celui d’Adjamé, ajouté à ces Maires, le Député d’Anyama, tous des Sylla issus presque  tous de la même cour. Par contre, demande à chacun d’eux ce qu’il a réalisé comme infrastructures chez lui. En fonction de la réponse de chacun, tu comprendras leur degré d’inquiétude face à cette visite du Pésident Ouattara.

Si le document qui circule depuis des semaines dans les bureaux des cadres et sur les réseaux sociaux est vraiment un vrai, voila le plan des zones litigieuses en rouge, et le reste de la ville en noir sur la carte

Si le document qui circule depuis des semaines dans les bureaux des cadres et sur les réseaux sociaux est vraiment un vrai, voila le plan des zones litigieuses en rouge, et le reste de la ville en noir sur la carte

N’ayons pas peur de dire la vérité, si l’enjeu est de donner une gifle sur la mâchoire des incriminés. Il faut que ce choc conduise à une prise de conscience. Puisque le Président de la République et ses frères sont originaires de la région de par leur génitrice, lors de notre enquête, nous avons fouillé partout dans la région, question de retrouver les traces de leurs premiers tas de sable en prélude à la confection de leurs premières pierres. Point de pierre à apporter à l’édifice. La dernière fois que le Président y est passé, c’était pendant la campagne présidentielle 2010. En clair, c’est lorsqu’il avait besoins de nous pour atteindre son but, qu’il a su que nous existons.

Voilà présenté en partie, le tableau, l’état des lieux. Le fait que certains compatriotes se découvrent brusquement originaires du Denguélé, l’éternelle mésentente entre ces compatriotes, le manque d’infrastructures  et l’orgueil sans tache d’huile de l’Odiénnéka, voilà quelques éléments qui risquent d’hypothéquer la visite présidentielle dans le Denguélé. Et pour éviter une humiliation  face aux invités, et face à leurs collègues ministres, certains cadres et non des moindres ont engagé la construction de châteaux pharaoniques. On en voit dans le prolongement de la résidence du Préfet et face au Palais de justice. Hélas, leur attitude est comparable à celle d’un chasseur qui prépare son chien à la veille de la chasse. Que n’avons-nous pas entendu de la bouche de ces gens pour exprimer leur fierté ?  « N’fa Diaby, M’ba Diaby ;  Né yé Sylla yèrèworo ; Touré Mandjou ; Fanny danafi ; Cissé Magna mory, Diarra m’na djara»  et que sais-je encore ? Toutes ces fleurs que nous nous jetons, dans le cadre d’un verbiage creux resteront fanées à la source tant que l’intérêt de votre région n’occupera pas la place qu’elle mérite dans votre cœur ?

Dieu sauve notre région !

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