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Violences faites aux femmes: les Maliennes attendent une loi depuis plus de trois ans


Des manifestants se rassemblent place de l’Indépendance à Bamako pour marcher contre les violences faites aux femmes au Mali, le 26 septembre 2020.

Les barrières socio-culturelles pèsent sur les victimes d’agressions au Mali, provoquant une autocensure qui limitent le nombre de dénonciations et empêche les poursuites pénales contre les auteurs de ces crimes. Un texte de loi est en préparation mais cela fait des années qu’il stagne à l’état de projet. Viols, agressions physiques ou psychologiques, violences conjugales ou de rue, les femmes maliennes sont quotidiennement victimes. Mais très peu osent en parler. Un avant-projet de loi sur les violences basées sur le genre existe pourtant.

« Pour minimiser les risques en cas de dénonciation. À chaque fois qu’une femme veut porter plainte, les pesanteurs socio-culturelles sont là. Quand vous voulez dénoncer un cas de violence conjugale par exemple, vous aurez forcément la pression de la famille. Même la pression des enfants. Donc ce sont ces barrières qu’il faut lever. Avec une loi, il y aura davantage de dénonciation », plaide Maître Mariam Traoré, avocate au sein de l’association de défense des droits des femmes Wildaf-Mali qui juge ce dispositif indispensable.

Lentement, la parole se libère

Le problème, c’est que cet avant-projet de loi existe depuis plus de trois ans, mais qu’il n’a jamais été soumis aux députés. Il faut dire que le texte suscite de nombreuses réticences, notamment dans les milieux les plus conservateurs. En 2011, le gouvernement malien avait cédé aux pressions du Haut conseil islamique lors de l’adoption d’un nouveau Code de la famille, dont la version initiale accordait trop d’avancées au statut des femmes maliennes.

Deux espoirs cependant pour les défenseurs de la nouvelle loi sur les violences faites aux femmes : le premier, c’est la médiatisation récente de plusieurs cas, notamment celui de l’ex-compagne du musicien Sidiki Diabaté, qui commence doucement à libérer la parole. Le second, c’est l’entrée au gouvernement de transition, le mois dernier, de Bintou Samaké. Celle qui a porté pendant de longues années cette lutte au sein de la société civile est aujourd’hui ministre de la Promotion de la femme.

RFI

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