C’est presque unanime au Sénégal ! Robert Mugabe, 90 ans, qui a récemment parrainé l’élection de son épouse à la présidence de la ligue des femmes de son parti, et au pouvoir depuis presque une trentenaine d’années, « n’apportera pas grand chose à l’Ua. Dara! Dara ba dara diekh! (Rien!Rien de Rien, en langue wolof) », soutient l’enseignant Alfred Waly. Selon lui, Mugabe , comme Bachir du Soudan du Nord, aucun de ces présidents, le Congolais Sassou, le Tchadien Idriss Deby, entre autres « accrocheurs au pouvoir », ne devrait diriger l’Union africaine. De l’avis de Modou Faye,  » Mugabe nage à contre courant de la démocratie et du souffle du 3eme millénaire que l’Afrique veut se donner ».

 Mugabe, ennemi de l’Afrique nouvelle ?

« C’est vraiment déplorable, à l’orée de la fin de la 2eme décennie de l’an 2000, qu’on voie Mugabe présider l’Ua. Il en a aucune légitimité démocratique, institutionnelle, bien que le Zimbabwe soit une Nation. Mais son dirigeant actuel est un ennemi de l’Afrique nouvelle qu’on est en train de construire », tonne Fatoumata Diop, chercheuse en géopolitique. Pour Aly Fall, journaliste et porte parole du Synpics (syndicat national des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal) « c’est une abbération que de faire de Mugabé le président en exercice de l’UA ». « Quelqu’un qui n’a pas bonne presse auprès de l’opinion internationale, je le vois mal conseiller ses pairs qui aspirent à diriger leurs pays éternellement. A mon humble avis, c’est un mauvais choix de l’UA et ne soyons pas surpris qu’au cours de son mandat, l’Afrique perde la parole dans les plus grandes rencontres internationales, parce que ce serait surprenant qu’on lui donne la parole au nom de l’Afrique », dit M. Fall, soutenant:’C’est vraiment l’image de l’Afrique qui est en jeu ». Autre Africain, autre opinion sur le désormais président des présidents africains. Mamadou Moustapha Sarr estime que « c’est ridicule, c’est un dictateur qui est pouvoir depuis 40 ans, il organise des élections pour les gagner, demain quand un chef d’état comme Paul Biya du Cameroun voudra rester au pouvoir, Mugabe ne pourra pas lui faire la leçon ».

Robert va mettre à sa place l’Occident

Si le nouveau président de l’Ua qui a succédé au Mauritanien Abdel Aziz, est « disqualifié » aux yeux de Mamadou Sarr, il incarne pourtant l’espoir et l’aspiration des Africains à se départir de l’Europe pour Mohamed Diouf. « Je crois que c’est compte tenu de cela que ses pairs l’ont porté à la tête de l’Ua. C’est un résistant, un éternel refuseur de la main mise de l’Europe et de l’Amérique », explique Diouf. Il ajoute que durant cette année de présidence zimbabweenne de l’union africaine, l’Occident qui a déjà les sanctions contre Robert Mugabe pour lui permettre de voyager, saura comment parler au continent noir. Surtout que, affirme Khadi Fall, »Mugabe ne fait pas dans la langue de bois et sait dire non quand les intérêts de son pays sont en jeu ». »De la même manière, il le fera pour l’Afrique. J’en suis convaincue », dit Khadi.

Afrique Press