[UNESCO] L’Égyptien Khaled el-Enany prend les rênes face aux défis budgétaires et diplomatiques
Khaled el-Enany devient directeur général de l’UNESCO. Premier dirigeant arabe, il hérite d’une organisation fragilisée et promet modernisation et relance du financement.
Abidjan, le 6 octobre 2025 (lepointsur.com) – Le Conseil exécutif de l’UNESCO a officiellement désigné, ce lundi 6 octobre 2025, Khaled el-Enany comme prochain directeur général de l’organisation pour un mandat de quatre ans, lors d’un vote marqué par un soutien écrasant : 55 voix sur 57. Cet ancien ministre égyptien des Antiquités et du Tourisme devient ainsi le premier dirigeant arabe à occuper ce poste depuis la création de l’UNESCO, et seulement le deuxième Africain après le Sénégalais Amadou Mahtar Mbow (1974-1987).
Âgé de 54 ans, égyptologue diplômé de l’Université de Montpellier, Khaled el-Enany prendra officiellement ses fonctions à la mi-novembre, succédant à la Française Audrey Azoulay. Son élection doit encore être ratifiée lors de la Conférence générale prévue le 6 novembre prochain à Samarcande, en Ouzbékistan, où le choix du Conseil exécutif a rarement été contesté.
Dans un contexte marqué par une remise en cause internationale de l’UNESCO, fragilisée par le retrait de ses principaux bailleurs comme les États-Unis et le Nicaragua, l’Égyptien s’est engagé à travailler “main dans la main avec tous les États membres” pour moderniser l’organisation et préserver son rôle universel.
“Le défi actuel, c’est le budget. Ça va être notre priorité à tous”, a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de sécuriser de nouvelles sources de financement, notamment par des contributions volontaires, des systèmes d’échange de dette (debt swap) et le mécénat privé.
Son mandat s’annonce particulièrement stratégique : il hérite d’une UNESCO fragilisée financièrement — les États-Unis représentant près de 8 % du budget — et questionnée sur son impartialité après les départs successifs de plusieurs pays. Khaled el-Enany a promis de privilégier les délibérations techniques plutôt que la politisation, et de bâtir un consensus autour d’une feuille de route ambitieuse pour l’organisation.
Parcours éclectique et controverses
Ministre des Antiquités (2018-2022) puis du Tourisme en Égypte, Khaled el-Enany est reconnu pour avoir supervisé des projets culturels majeurs, dont l’ouverture du Musée national de la civilisation égyptienne. Mais son parcours a été marqué par des polémiques, notamment autour des grands travaux de développement urbain dans la Cité des Morts du Caire, accusés de porter atteinte au patrimoine culturel.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a qualifié son élection de “réussite historique” pour l’Égypte, y voyant une reconnaissance internationale du rôle culturel du pays. Pour Khaled el-Enany, ce mandat représente l’opportunité de donner “plus de visibilité et d’impact” à l’UNESCO, dans un monde en pleine tourmente, où la culture et l’éducation apparaissent comme des leviers essentiels de paix et de développement.
Médard K.