Reportage

[Sud-Comoé : Lutte contre le trafic illicite des produits agricoles] Le travail remarquable des acteurs des filières agricoles


Réussir le pari du « Zéro produit agricole commercialisé à l’extérieur de la Côte d’Ivoire depuis le Sud-Comoé« , tel est l’objectif que se sont fixées les autorités de cette région.

Aboisso, le 06-02-2025 (lepointsur.com) Dans la région du Sud-Comoé, les exportateurs illicites de produits agricoles ne règnent plus en maîtres sur l’économie locale. Pour comprendre et expliquer la stratégie mise en place par les acteurs de ce secteur, nous nous sommes rendus au cœur du royaume du Sanwi afin d’écouter et de suivre sur le terrain les différents protagonistes de cette lutte économique. Reportage…

Un fléau enrayé par une synergie d’actions

Le trafic illicite des produits agricoles est une réalité persistante en Côte d’Ivoire. Toutefois, dans la région du Sud-Comoé, une mobilisation concertée des acteurs des filières café-cacao et palmier-hévéa, avec l’appui des autorités administratives, militaires et coutumières, a permis de freiner ce phénomène qui, autrefois, asphyxiait l’économie locale.

Située à quelques kilomètres du Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, la région du Sud-Comoé était une zone propice à la contrebande. Pour endiguer ce fléau, des campagnes de sensibilisation ont été organisées auprès des populations afin de promouvoir les avantages de la commercialisation légale des produits agricoles sur le sol ivoirien.

Des mesures incitatives pour les producteurs

Afin d’encourager les agriculteurs à abandonner la vente illicite de leurs récoltes à l’étranger, plusieurs mesures ont été mises en place :

Soutien aux producteurs : Les sociétés coopératives octroient des prêts scolaires en début d’année aux producteurs et aux délégués, en fonction de leur rendement.

Surveillance accrue : Un réseau de contrôle de type « araignée » a été instauré par les autorités administratives et militaires, en collaboration avec la direction régionale de l’autorité de régulation des filières café-cacao et palmier-hévéa, sous l’égide du préfet d’Aboisso. Ce dispositif inclut également l’implication des leaders communautaires.

Renforcement des contrôles aux frontières : L’opération « Verrou 322 » a renforcé la vigilance dans la zone Est, notamment sous la supervision du commissaire de police Touo. Les rencontres régulières entre les responsables des filières, les forces de défense et de sécurité, les opérateurs économiques, les sociétés coopératives, les producteurs et les transporteurs, orchestrées par le colonel-major Yaké et le corps préfectoral des localités frontalières, ont permis de sensibiliser les populations aux enjeux économiques de cette lutte.

Un élan patriotique au service du développement

Grâce à ces efforts conjoints, les populations du Sud-Comoé se mobilisent désormais avec un véritable esprit patriotique pour lutter contre le trafic illicite des produits agricoles. L’objectif est clair : garantir des recettes fiscales permettant la construction d’infrastructures essentielles telles que des écoles et des routes.

Toutefois, la porosité des frontières entre la Côte d’Ivoire et le Ghana demeure un défi de taille. Ce facteur pourrait, à terme, fragiliser les acquis obtenus au prix de nombreux efforts. Certains experts préconisent ainsi le recours à des drones de surveillance pour renforcer le contrôle des axes transfrontaliers et éviter une nouvelle saignée de l’économie ivoirienne. « Aucun sacrifice n’est de trop », souligne un économiste.

Un combat loin d’être terminé

Si la lutte contre la commercialisation illicite des produits agricoles s’intensifie dans le Sud-Comoé, elle ne saurait être gagnée sans une vigilance constante. Les acteurs de la filière café-cacao et palmier-hévéa, appuyés par les autorités locales, devront redoubler d’efforts pour pérenniser ces acquis et assurer un développement économique durable pour la région.

Laîné Gonkanou, Correspondant Régional

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