[Sport/Tournoi UFOA-B des Dames] Jusqu’au seuil de l’irréel (Simple opinion de Fernand Dédêh)
Ce match là… Ces 15 interminables secondes du temps additionnel. Quatre minutes du temps à jouer qui paraissent une éternité. La Côte d’Ivoire tient à ce moment là, son trophée. L’équipe est en fusion avec le public. La communion est contagieuse. Mais il faut tenir. Ce but sur coup franc de Ange Koko N’guessan en milieu de première mi-temps est si beau… À lui seul, il vaut la coupe du deuxième tournoi UFOA B des Dames.
Mais il faudra tenir 15 secondes… Cela signifie conserver le ballon, ne pas s’exposer aux contres nigérians…Malheureusement, l’euphorie, l’enthousiasme, l’inexpérience se paient cash en football. Une offensive manquée des Ivoiriennes, un long ballon nigérian dans la zone défensive ivoirienne, mauvaise appréciation de l’effet de la balle, une tête dévissée et l’irréparable… La gardienne ivoirienne se retrouve en une contre une. Contre-pied parfait et voilà le Nigéria à la hauteur de son adversaire… « Si je n’étais pas hypotendue, je me serais effondrée », murmure une supportrice des Éléphantes. La star des pistes mondiales d’athlétisme perd toute son énergie. L’irréel venait de se produire. Une finale de football se gagne. Au coup de sifflet final de l’arbitre. Pas avant. La leçon du jour…
L’arbitre togolaise Liguan Aurore est courageuse. Elle siffle la fin de la partie sur ce coup venu de nulle part. Elle essuie quelques projectiles à la fin du match. Mais elle a conduit la partie avec beaucoup de rigueur.
L’épreuve des tirs au but se joue au mental. Les filles de Clementine Touren’y étaient plus. Dans la tête, elles ont remporté la partie. Les tirs au but? Elles n’y sont plus. Mais elles puisent dans leurs dernières énergies. 4 tirs réussis. Un raté. Les Nigérianes ne ratent rien. Sereines, adroites. Elles donnent une leçon de réalisme aux Ivoiriennes. Terribles moments. Mais belle ambiance. Chaude ambiance. Le football passionne. Les football féminin a un public. Son public.
10 jours de passion. 8 pays en confrontation. 4 sur le podium. Dans l’ordre, Nigéria, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali. Le Sénégal, le Togo, le Burkina Faso et le Niger en apprentissage.
Pour Clémentine Touré…
« Je vais tout faire… Je ferai tout… ». À une semaine du démarrage de la compétition, l’entraîneure des Éléphantes ne savait pas où donner de la tête. Elle avait alors envisagé le forfait. Pas de championnat. Pas d’entraînement. Pas de regroupement. Pas de moyens. Des filles sans condition physique, sans repères sur les stades, non, patriotisme d’accord, respect du métier et du minimum d’abord. Clémentine Touré n’en peut plus. Elle craque et veut tout abandonner.
À une semaine, la FIF s’accorde sur le minimum. Faire venir quelques filles évoluant à l’extérieur. « Je vais tout faire dans ce cas pour réussir un bon panache… ». Elle reprend goût à la vie. Elle se re-oxygène. Les filles arrivent aux compte-gouttes. Son premier match face au Togo est une bonne entrée en matière. 5-0. Elle est la première surprise. Ensuite le Sénégal. Première période laborieuse. Et puis l’éclair de Koko Ange. Un coup franc maitrisé et le compteur but démarre. 4-0. Le troisième match contre le Ghana est une formalité. Juste pour la hiérarchie du groupe (0-0). Le Mali se présente pour l’affiche de la demi-finale. Les Maliennes font illusions mais tombent (2-1).
La détermination, la force d’y croire, l’engagement personnel de l’entraîneure ont sur motivé les filles. Leurs performances ont réveillé la passion enfouie et endormie des Ivoiriens. La mobilisation au stade a été exemplaire pour ne pas dire totale. Mais le football est à la fois magique et cruel… Clémentine et ses filles méritaient vraiment ce trophée. Comme pour passer un message aux dirigeants du football ivoirien: nous avons du potentiel, le football féminin a juste besoin d’organisation, de promotion, de moyens et de respect…