Souvenir/Nice et les années Jean Marc-Guillou
André Barthélémy est abattu. Et on le comprend. Quelques jours plus tôt, il avait rejoint le Chaudron depuis sa Drôme natale au volant de sa 2 CV, juste à temps pour intégrer l’équipe. «Il suffit que j’arrive pour que Saint-Étienne perde chez lui!», souffle-t-il, amer. En effet, son premier match sous le maillot des Verts s’est soldé par une défaite pour l’ancien Angevin: 1-2 face à Nice à Geoffroy-Guichard, lors de la 4e journée de D1. Une défaite, oui. La première à domicile en plus de quatre ans. Cent cinq rencontres, toutes compétitions confondues, sans la moindre déconvenue. La précédente datait du 25 mars 1973, face à Nantes (1-2). Et dire que tout avait commencé pour le mieux face à Nice pour la troupe de Robert Herbin. À peine deux minutes de jeu et déjà 1-0. Un but contre son camp d’Henri Zambelli, initialement attribué au p’tit nouveau, André Barthélémy. L’hôte vert maintient un temps la pression, mais l’euphorie retombe.
Après plus de 4 ans d’invincibilité, Saint Ettienne perd sur ses installations
Les Stéphanois portent trop le ballon et leurs nombreuses occasions s’avèrent infructueuses. En face, Nice sort de sa léthargie. La balle voyage, entre passes courtes et longues transversales, avec un milieu azuréen dictant le tempo. Roger Jouve, Jean-Noël Huck et Jean-Marc Guillou régalent leurs supporters. L’estocade est portée en seconde période par des buts de Nenad Bjekovic et Huck. «Nice a su accélérer la progression du ballon au bon moment», lâche Herbin à l’issue du match.
L’autodérision des supporters
Dans les tribunes, les fans stéphanois se marrent. «On a perdu, on a perdu !», ironisent-ils. Un brocard à la hauteur de l’événement. Les Verts devaient passer l’obstacle niçois sans encombre. Ils étaient invaincus depuis l’entame de la saison. Eux, les favoris annoncés pour le titre. C’est qu’avec Patrick Revelli, Dominique Rocheteau, Christian Sarramagna, Jacques Zimako et André Barthélémy, Herbin possédait une force offensive fournie et complémentaire. Sans parler du soutien d’un public exalté. Mais Nice en a décidé autrement. Ce qui n’empêche pas Guillou d’avoir le succès modeste: «Gagner n’est pas spécialement un exploit.» Un discours d’un nouveau genre pour un club en pleine restructuration. Aux oubliettes, les transferts de vedettes. Cette année, zéro recrue. Mais le souffle de la révolution retombera immédiatement, Nice terminant septième, une place derrière l’ASSE, qui, après la défaite face aux Sudistes, s’est inclinée de nouveau deux fois à domicile dans la même saison. Le revers face au Gym n’était donc pas un faux pas passager et les Verts attendront près de quatre ans avant de conquérir à nouveau le titre, le dixième de leur histoire, le dernier en date. En cette soirée d’août 1977, Saint-Étienne n’a pas seulement vu une série prendre fin, il a perdu son mojo.
Source : France Football
Le titre est de la rédaction