CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 27-6-2017) Au fur et à mesure que le peuple de Côte d’Ivoire s’approche de l’année 2020, décisive pour la succession du chef de l’Etat, la sérénité semble foutre le camp au niveau des états-majors des formations politiques. Le Rhdp (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix), la coalition qui dirige le pays depuis la chute du régime des refondateurs n’échappe pas à cette vague.

Très soudés en 2010 et en 2015 pour porter Alassane Ouattara au pouvoir, les houphouëtistes sont de plus en plus divisés depuis que celui-ci a manifesté sa volonté de se retirer après ses deux mandats. Le Pdci (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) et le Rdr (Rassemblement des républicains) peinent à contenir leur désir de poursuivre l’œuvre du Président Ouattara à la tête de l’Etat. Si le parti d’Henri Konan Bédié met en avant l’historique accord de Daoukro, le Rdr n’entend pas se limiter à seulement deux mandats.

Depuis, loin de se retrouver dans le cadre de l’accord qui les lie, et aplanir les bords, en vue de rassurer les citoyens, les deux grosses têtes du Rhdp s’illustrent en conjectures à travers les médias. C’est Henri Konan Bédié qui donne le ton, dans une interview parue dans le n°2945 de Jeune Afrique. Rappelant avec force que relativement à l’accord de Daoukro qui a permis à Alassane Ouattara d’être élu en 2015, sans avoir à affronter un candidat du Pdci. D’autant plus que le parti septuagénaire avait demandé à tous ses cadres de ne pas faire acte de candidature, pour laisser le champ libre au candidat de la coalition des houphouëtistes.

Quelques jours seulement après cette sortie du Sphinx de Daoukro, le Porte-parole du Rdr montait au créneau. A travers une envolée lyrique sur les antennes de Rfi, Joël N’guessan balayait du revers de la main l’accord de Daoukro, pour annoncer que son parti aura un candidat en 2020. Le faisant, il désavouait publiquement Henri Konan Bédié qui pourtant, affirmait la main sur le cœur, que la question de l’alternance avait été réglée avec son ‘’cadet’’ Alassane Ouattara, en faveur de son parti.

Guillaume Kigbafori Soro, le Président de l’Assemblée Nationale fait actuellement l’objet de plusieurs attaques de certains militants du Rdr.

PENDANT CE TEMPS LE RDR SE DECHIRE. Alors que la bataille de positionnement fait rage au sein des alliés du Rhdp, les militants du Rassemblement des républicains ont décidé de se bouffer le nez. La bataille se livre ici entre les pro-Amadou Gon Coulibaly, l’actuel Premier-ministre et les militants proches du Président de l’Assemblée Nationale à qui les premiers reprochent sa trop grande ambition de devenir Président de la République. Pour les caciques du Rdr, Guillaume Kigbafori Soro ne mérite pas que le parti lui accorde son onction dans sa volonté de briguer le poste de Président de la République en 2020.

Ceux-ci contiennent difficilement ce qu’ils pensent du premier des députés ivoiriens. En témoigne la sortie hasardeuse de Ouattara Aboubakar, à l’encontre Guillaume Soro. C’est pratiquement un défi que l’ancien député de la circonscription électorale de Sandégué, que l’on dit être proche de Hamed Bakayoko, a adressé au Président de l’Assemblée Nationale. Bien entendu, cette sortie met en avant la profondeur du sentiment que certains militants du Rdr, se targuant de la première heure, éprouvent pour un haut cadre de leur formation politique, fut-il ancien chef de file de la rébellion.

La lutte pour le positionnement s’étend dans le Septentrion ivoirien, région d’origine du Premier-ministre et du Président de l’Assemblée. A en croire un proche de Guillaume Soro qui s’exprimait, sous le couvert de l’anonymat, sur la question, le lundi 19 juin 2017 au cours d’une conversation téléphonique, cette guéguerre gagne en intérêt au sein des cadres. Selon celui-ci, des intoxications ont présentement cours dans cette partie de la Côte d’Ivoire, présentant le chef du Parlement et un ministre proche de lui, comme instigateurs de la déstabilisation du pays.

Il avance que cette intoxication tire son origine dans la découverte d’armes au domicile du Directeur du protocole de Guillaume Soro. Et que par conséquent, le député de Ferkéssédougou serait détenteur de plusieurs stocks d’armes de guerre. Dès lors, pour parvenir à ses fins, il bénéficierait de l’important soutien d’un illustre fils de Korhogo. « Tous les proches de Soro sont en train d’être mis à l’écart au niveau des instances de décision chez nous à Korhogo. Le vieux jeu pour voiler la face a été découvert, avec à la clef, la boutade ‘’si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi’’ », estime celui qui se dit proche du ministre en question.

De son côté, les pro-Soro ne croisent pas les bras. Ils essaient tant bien que mal d’apporter la réplique. Dans un poste pris sur son mur facebook, le député de la circonscription de Sirasso,  Soro Kanigui Mamadou n’a pas manqué de rappeler, à toutes fins utiles, l’important rôle joué par les Forces Nouvelles, alors dirigées par Guillaume Soro, pour le positionnement du Rdr et par ricochet, dans l’ascension d’Alassane Ouattara à la magistrature suprême.

Idrissa Konaté 

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