Sermé Lassina (Pdt du Repprelci) : «Notre Réseau est devenu une plateforme importante qui compte »
Après son élection en décembre 2019, comme le nouveau président du Réseau des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire (Repprelci), Sermé Lassina, parle à couvert de la professionnalisation des médias numériques.
Monsieur le président, prière nous rappeler les principales missions du Repprelci ?
Le Réseau des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire (Repprelci) est une association créée en 2006, avec pour objet principal de promouvoir et de développer la presse en ligne et tous les métiers s’y rattachant en Côte d’Ivoire.
Elle vise à structurer, organiser et promouvoir la presse en ligne. Mais, spécifiquement à veiller aux intérêts des professionnels et entreprises de presse en ligne, aussi bien en Côte d’Ivoire, qu’à l’étranger. En cas de besoin, à contribuer à la paix en Côte d’Ivoire, ainsi qu’au rayonnement du pays à l’intérieur et à l’extérieur, à veiller à la professionnalisation des médias numériques.
La formation des journalistes et autres acteurs des médias numériques aux respects des règles de l’éthique et de la déontologie journalistiques, et la promotion de la solidarité entre les membres, restent pour nous des objectifs non négligeables.
Quatorze ans après, que devient le Repprelci ?
Tout d’abord, pour parler de ces quatorze ans d’existence du Repprelci, il me paraît judicieux de remonter à la création de notre organisation en 2006, et de rendre hommage aux membres fondateurs avec à leur tête Barthélémy Kouamé, premier président du Repprelci.
À l’époque, l’Internet était nouveau ici en Côte d’Ivoire et on ne parlait pas vraiment de presse en ligne. Alors, les quelques rares organes de presse en ligne ont jugé bon de se mettre ensemble dans une organisation commune, afin de défendre leurs intérêts, mais surtout pour qu’à côté des médias classiques, à savoir la télédiffusion, la radiodiffusion et de la presse imprimée, la presse en ligne ait toute sa place et soit reconnue comme un sous-secteur médiatique à part entière.
Quatorze ans plus tard, on peut dire aujourd’hui que ce défi a été relevé. Puisque à force de persévérance, nos devanciers ont réussi à imposer la presse en ligne dans l’écosystème des médias, en faisant asseoir ses bases.
‘’Nous avons renforcé les acquis hérités de nos aînés puisque l’importance du secteur de la presse en ligne était désormais reconnue de tous’’.
Quant à nous, en prenant la relève en 2013, avec le président Dr David Youant, nous avons permis grâce à diverses actions, dont la dotation de notre secteur d’une base de donnée fiable et régulièrement actualisée à travers un recensement des site-web d’information, d’avoir les premières statistiques sur le secteur de la presse numérique en Côte d’Ivoire. Nous avons renforcé les acquis hérités de nos aînés puisque l’importance du secteur de la presse en ligne était désormais reconnue de tous.
Ensuite, il fallait donner une nouvelle orientation à notre vision : « structurer, organiser et promouvoir la presse en ligne en Côte d’Ivoire », afin de faire face aux nombreux défis liés à sa rentabilité et à son modèle économique, en un mot à sa viabilité. Cela a permis au Repprelci d’être à tous les grand rendez-vous des décisions sur le secteur des médias. À l’initiative du ministre du ministère de la Communication, le Repprelci a eu l’honneur de présider la commission ‘’presse en ligne’’ dans le cadre des travaux de la réforme de la loi de 2004 portant régime juridique de la presse.
Ce sont ces travaux qui ont abouti à la nouvelle loi sur la presse promulguée en décembre 2017. Grâce aux actions du Repprelci et les plaidoyers des uns et des autres, les médias numériques sont pris en compte dans cette nouvelle loi régissant les médias.
Aujourd’hui, la presse en ligne est représentée au sein de l’Autorité nationale la presse (ANP) qui est l’organe officiel de régulation de a presse imprimée et numérique. Dans le cadre de cette nouvelle loi sur la presse, nous attendons les décrets d’application pour que les entreprises de presse numérique puissent bénéficier en bonne et due forme de l’aide publique de l’État à la presse à travers les prestations du Fonds de soutien et de développement de la presse (FSDP).
Après quartoze ans, le Repprelci est devenu, certes, une plateforme importante, qui compte au nombre des organisations professionnelles les plus significatives du secteur de la communication et de l’information, mais qui a encore beaucoup de défis à relever.
Quelles sont vos relations avec les hackers et les blogueurs ?
Notre sous-secteur de la presse en ligne concerne essentiellement les acteurs des médias numériques (professionnels comme entreprises), c’est-à-dire ceux dont l’activité repose sur la collecte, le traitement et la publication ou diffusion de l’information avec l’intervention de journalistes professionnels et des professionnels de la communication.
‘’Il nous arrive de nous retrouver régulièrement avec les organisations sœurs de blogueurs, que je salue au passage, qui s’organisent et jouent bien leur partition dans le secteur’’.
La nuance est donc nette entre notre activité et celles des hacker et des blogueurs, même si le blogueur peut devenir journalistes s’il est formé à ce métier et intègre une rédaction en bonne et due forme, et que le journaliste aussi peut animer un blog à côté de son activité principale. Cela dit, bien que n’évoluant pas dans le même sous-secteur, nous restons de bon voisins des hackers et des blogueurs, puisque nous partageons tous ensemble les mêmes outils de travail que sont le numérique et l’Internet.
C’est pourquoi d’ailleurs, ils ont été pris en compte dans nos textes sous certaines conditions lors du toilettage des Statuts et règlement intérieur du Repprelci lors de notre assemblée générale ordinaire élective de décembre dernier à Jacqueville. Il nous arrive de nous retrouver régulièrement avec les organisations sœurs de blogueurs, que je salue au passage, qui s’organisent et jouent bien leur partition dans le secteur.
Que faites-vous face au phénomène de fake news ?
Le phénomène des fakenews ou fausses nouvelles ou encore fausses informations est devenu ces dernières années un sujet de préoccupation majeur pour tous. S’il est vrai que les dégâts de ce fléau sont énormes, ils sont encore plus énormes pour nous, acteurs des médias surtout des médias numériques, puisque c’est surtout sur la toile que ces fausses informations circulent.
Elles jettent par ce fait, un discrédit sur les médias sérieux, qui fournissent de grands efforts tous les jours pour offrir à l’audience de l’information crédible et vérifiée. C’est pourquoi nous, au Repprelci, ayant pris la mesure du danger, avons opté pour une approche à deux niveaux quant à la lutte contre ce phénomène.
‘’Nos agents moniteurs épinglent chaque jour les manquements des sites aux règles de l’éthique et de la déontologie journalistiques, mais aussi les fake news. Tous ces manquements sont relevés dans un rapport tous les mois, et ce rapport cite nommément les sites mis en cause’’.
D’une part, notre organe d’autorégulation, l’Omenci (Observatoire des médias numériques de Côte d’Ivoire), fait du monitoring des sites d’information ivoiriens et des sites offrant du contenu d’information sur la Côte d’Ivoire. Nos agents moniteurs épinglent chaque jour les manquements des sites aux règles de l’éthique et de la déontologie journalistiques, mais aussi les fake news. Tous ces manquements sont relevés dans un rapport tous les mois, et ce rapport cite nommément les sites mis en cause.
Le second volet de notre action contre les fake news, c’est le fact-checking. Nous avons une équipe de fact-cheking, qui ne se limite pas qu’aux sites d’information, mais qui scrute également en permanence les réseaux sociaux en vue de débusquer la moindre fake news.
Une fois la fausse information débusquée, nous procédons à sa déconstruction à travers un article que nous publions dans tous notre réseau. Cela permet aux internautes de voir la réalité des faits. D’ailleurs, je voudrais profiter de cette occasion pour dire que nous annoncerons dans quelques jours une bonne nouvelle.
Quelle est la contribution du Repprelci dans la lutte contre le coronavirus (Covid-19), une crise sanitaire mondiale qui n’épargne pas la Côte d’Ivoire ?
Le Repprelci a très vite compris qu’il fallait s’engager dans cette lutte. C’est pourquoi le lundi 16 mars 2020, il a fait bénéficier à une vingtaine de journalistes une formation sur cette pandémie, notamment les mesures d’hygiène à observer. Cette formation dispensée par la Direction de l’hygiène publique et de la santé-environnementale (Dhpse) du ministère de la santé et de l’hygiène publique a été suivie par une campagne de sensibilisation sur le terrain auprès des journalistes et des entreprises de presse en ligne. La campagne qui se poursuit encore s’articule autour de deux axes.
Le premier axe est relatif aux mesures barrières édictées par les autorités. Nous rappelons aux confrères ces mesures qui doivent désormais intégrer nos faits et gestes quotidiens. Il s’agit entre autres du lavage régulier des mains, de l’usage du gel hydro-alcoolique, de l’observation de la distanciation sociale d’un mètre avec notre interlocuteur et du port du masque. Grâce à un appui logistique de la DHPSE, nous installons des dispositifs de lavage des mains dans les entreprises ou rédactions que nous sillonnons.
‘’Dans le prolongement de cette sensibilisation, nous avons lancé le vendredi 17 avril 2020, une campagne dénommée « Face au coronavirus, Informez-vous avec les pros »’’.
Le deuxième axe de notre campagne de sensibilisation porte sur les fake news ou fausses informations. Nous avons conçu des affiches et visuels que nous distribuons et diffusons pour sensibiliser tous les usages du numérique, spécifiquement les journalistes pendant cette crise sanitaire où des fausses informations fusent de partout. En tant que journalistes, nous devons faire recours aux fondamentaux de notre métier, à notre code d’éthique et de déontologie qui stipule en son article deux que nous ne devrons publier une information que lorsque l’origine, l’exactitude et la véracité sont établies.
Dans le prolongement de cette sensibilisation, nous avons lancé le vendredi 17 avril 2020, une campagne dénommée « Face au coronavirus, Informez-vous avec les pros ». Il s’agit d’inviter les consommateurs des productions numériques à faire recours aux professionnels de l’information pour avoir des informations fiables et crédibles sur leur téléphone mobile ou sur les sites internet, car en ces temps qui courent, de fausses nouvelles foisonnent partout.
À cet effet, nous avons élaboré des visuels avec les codes de souscription aux services alertes Sms sur les mobiles, mais également l’adresse des sites internet animés par des professionnels du métier. Le Repprelci, acteur historique de la presse numérique en Côte d’Ivoire prend en compte dans cette campagne tous les médias professionnels sans exception. C’est notre contribution à l’effort du gouvernement pour éradiquer cette pandémie de notre beau pays.
Entretien réalisé par Coulibaly Brahima
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