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[Secteur Aérien Africain : Entre crises et Opportunités] Quel modèle pour l’avenir ?


Abidjan, le 19-09-2024 (lepointsur.comDepuis le 18 septembre 2024, Air Sénégal a suspendu ses vols vers New York, avec des réductions prochaines des liaisons vers Milan, Barcelone, Marseille et Lyon. Seule la route vers Paris reste active, une décision dictée par une crise financière sévère évaluée à 150 millions de dollars. Mais Air Sénégal n’est pas un cas isolé : l’ensemble du secteur aérien africain est en proie à des difficultés similaires.

Les défis chroniques des compagnies africaines

L’histoire des compagnies aériennes sénégalaises est marquée par une série de faillites : Air Sénégal International, puis Sénégal Airlines, ont toutes connu des déboires financiers. Les problèmes de gouvernance, la taille du marché, et les difficultés spécifiques à chaque compagnie sont des facteurs récurrents. Mais ces défis sont loin d’être uniques au Sénégal.

En Afrique, le manque de synergies et d’infrastructures adaptées affaiblit les compagnies aériennes. Didier Bréchemier, associé du cabinet Roland-Berger, explique que le manque de taille critique rend les opérations de maintenance et de logistique particulièrement coûteuses. « Le coût des sous-traitances est élevé par rapport à l’Europe, car il n’existe pas de grands centres de maintenance capables de générer des économies d’échelle », souligne-t-il.

Une rentabilité faible comparée au reste du monde

Les chiffres sont préoccupants : selon l’Association internationale des transporteurs aériens, les compagnies africaines affichent un profit net moyen de seulement 90 centimes d’euro par passager. En comparaison, la moyenne mondiale se chiffre à 6 dollars. Pour améliorer la viabilité des compagnies, Bréchemier recommande la formation d’alliances pour partager les ressources de maintenance, négocier les achats d’avions et optimiser les équipages.

Vers une consolidation inévitable ?

La consolidation des compagnies aériennes, comme observé en Europe avec British Airways, Air France-KLM, et Lufthansa, semble être une solution viable. Cependant, en Afrique de l’Ouest, la volonté d’alliances se heurte à la politique et au prestige national. Chaque État souhaite conserver sa propre compagnie, ce qui complique la création de grands hubs régionaux.

Exemples d’exception

Malgré la crise généralisée, certaines compagnies africaines réussissent à prospérer. Asky, la compagnie togolaise, s’est affirmée grâce à ses liaisons régionales efficaces. Air Côte d’Ivoire, quant à elle, a réussi à équilibrer ses finances depuis 2021 en misant sur des acquisitions stratégiques, des formations, et des partenariats.

Les géants régionaux comme Ethiopian Airlines et Royal Air Maroc continuent de briller en devenant des hubs régionaux incontournables. Leur succès repose sur une stratégie de diversification des routes, une gestion optimisée, et une vision globale du marché.

Le secteur aérien africain fait face à des défis complexes, mais la voie de la consolidation et de l’innovation offre des perspectives d’avenir. Les compagnies qui réussiront à naviguer ces turbulences seront celles qui sauront adopter des stratégies adaptées aux réalités du marché tout en renforçant leur position en tant que hubs régionaux.

Médard KOFFI

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