Second tour de la présidentielle au Brésil / Le camp de Marina Silva très courtisé
Une campagne plus âpre que prévu s’est engagée le lundi 06 octobre 2014 pour le second tour de l’élection présidentielle au Brésil. Les candidats encore en lice, Dilma Rousseff et Aecio Neves, s’efforcent de séduire les électeurs qui ont voté pour Marina Silva.
Le centriste Neves, longtemps donné troisième par les sondages pour le premier tour, a fait une remontée fulgurante et devancé dimanche Marina Silva, qui avait fait pourtant une éclatante entrée en campagne.
Avec 33,6% des suffrages dimanche, Aecio Neves, candidat du Parti social-démocrate du Brésil (PSDB), a obtenu exactement huit points de moins que la présidente sortante Dilma Rousseff (41,6%), tandis que Marina Silva, militante écologiste qui était la candidate du PSB (Parti socialiste du Brésil, gauche), a dû se contenter de 21%.
Certains hauts responsables du PDSB devaient rencontrer lundi les chefs de la campagne de Marina Silva pour tenter d’obtenir qu’elle appelle à voter Neves au second tour, fixé au 26 octobre, a-t-on appris auprès du parti centriste.
Le PSDB et le PSB ont des orientations libérales très proches; le directeur de campagne de Marina Silva, Walter Feldman, est un ancien dirigeant du parti social-démocrate qui conserve des liens étroits avec cette formation.
Eduardo Giannetti, autre proche collaborateur de Marina Silva qui exerce sur elle une forte influence, a déclaré dès dimanche soir qu’il soutiendrait Aecio Neves. « Je ne crois pas qu’il serait bon pour le Brésil d’avoir encore quatre années de Rousseff », a-t-il dit, cité par le site internet du magazine Veja. « Désormais, nous devons rétablir la confiance. C’est Neves qui est le mieux placé pour le faire ».
Dans l’autre camp, un proche collaborateur de Rousseff, Gilberto Carvalho, a dit à la presse s’être déjà entretenu avec le numéro un du PSB, Roberto Amaral, pour lui demander de soutenir la présidente. « Il a réclamé un moment de calme, davantage de temps pour mener des consultations au sein du parti », a dit Carvalho.
La majeure partie des observateurs donnent fort peu de chances à Dilma Rousseff d’obtenir le soutien officiel de Marina Silva. Son plus grand espoir serait que celle-ci ne se prononce pas, tout comme elle l’avait fait après le premier tour de la présidentielle 2010, quand elle était là aussi arrivée troisième.
Marina Silva n’a pas caché son irritation face au barrage de publicités négatives financées à la fois par le camp Rousseff et l’équipe Neves, qui ont dû détourner d’elle nombre d’électeurs lors des derniers jours de campagne. De ce fait, il se pourrait qu’elle n’appelle à voter pour personne, et la frange la plus à gauche du PSB se reporterait ainsi plus facilement sur Rousseff.
Certains électeurs de Marina Silva sont effectivement trop à gauche pour soutenir le PSDB, qui a procédé à des privatisations et réduit les dépenses publiques lorsqu’il a dirigé le Brésil pour la dernière fois, de 1995 à 2002.
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