[Scandales financiers en Côte d’Ivoire] Prélude à la chute des régimes politiques ?
Abidjan, le 08-01-2024 (lepointsur.com) Plusieurs scandales financiers ont constitué des signes précurseurs qui ont contribué à affaiblir de manière très drastique et explicite à la fois, différents régimes politiques en Côte d’Ivoire, depuis le Père de la Nation, Félix Houphouët-Boigny, jusqu’au Président Laurent Gbagbo en 2010. En sera-t-il de même pour le régime du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RDP), profondément acculé ces derniers jours par un rapport très accablant de la Cour des Comptes ?
Le cas du régime du Père de la Nation
« On ne regarde pas dans la bouche de celui qui grille l’arachide« . Ces célèbres propos de feu Félix Houphouët-Boigny, ou LeFéFall pour certains inconditionnels, constituaient un prétexte fallacieux, véritable boulevard économique qui a négativement fait ses preuves. Chaque « Grilleur d’arachides » en Côte d’Ivoire étant libre, l’économie ivoirienne a saigné énormément. Une situation plausible qui fut une véritable couleuvre économique difficile à avaler et qui a poussé un certain Laurent Gbagbo et ses amis, dont Simone, Bernard Dadié et bien d’autres, à l’action politique clandestine, puis visible, pour s’opposer à la mauvaise gestion des affaires publiques. La fin du régime du vieux étant venue et son décès en 1993 pourrait être bien due au poids de la contestation publique de ses actions pour la première fois et de manière récurrente par un certain Woody très tenace, venu de Mama.
Le cas du Président Bédié
Le rôle très déterminant joué par le Général de Brigade de corps d’armée, Robert Guéï (décédé), alors mythique Chef d’État-Major de la Côte d’Ivoire sous le régime du Père de la Nation, a permis au dauphin constitutionnel du vieux de lui succéder sans embrouilles. Malheureusement, sept ans après, le régime du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI/RDA) dirigé par le Président Bédié (décédé) a été violemment secoué par de nombreuses gabegies financières (chantiers pharaoniques à coups de milliards couverts par endroit par des pièces de 250 FCFA en guise de carreaux) et le détournement, dit-on, de 18 milliards de l’UE, des partenaires au développement alloués pour la santé des populations. Le pli étant ainsi pris, le Général et ses hommes de main en ont profité en 1999 pour écourter le règne du dauphin constitutionnel du Président Houphouët-Boigny.
Le cas du Président Gbagbo
Devenu Chef d’État de la Côte d’Ivoire de décembre 1999 à décembre 2000, la fin du régime du Père Noël n’était pas due à la gabegie financière mais plutôt à la « Vox populi, Vox Dei« . Juste après sa chute, la mise en place du budget sécurisé par le régime Gbagbo a eu des retombées, dit-on, positives. Ne dépendant donc plus des paradigmes occidentaux dictés depuis les laboratoires des colons. En revanche, les nombreuses gabegies orchestrées sur le plan agricole et quantifiées en plusieurs centaines de milliards par ses proches ont nuit drastiquement et vertement à sa réputation. Sa fin fut triste.
Le régime RHDP et son lot de tares financières
ADO « is known in the place » est dans la place avec ‘’La Solution’’. Avec une solution aux maux des Ivoiriens (entrepreneuriat tout azimut) qui fait encore ses preuves mais qui révèle à la fois des tares, tout comme sous le Sphinx et le frontiste, le régime du titulaire du PHD Pennsylvanien a aussi son lot de désolations. En témoignent celles dénoncées récemment par la Cour des Comptes où la Haute autorité en charge de la bonne gouvernance est attendue. Le Président aura-t-il, dès lors, les ressources nécessaires pour mettre ses propres hommes de main mis en cause au pas, à la hauteur des attentes juridico-juridiques des Ivoiriens et de ses parrains, à quelques mois des futures échéances électorales de 2025 ? Ces différents incidents auront-ils aussi, en clair, un impact négatif sur le cours de sa gestion des affaires de l’État, tout comme au temps d’Houphouët, de Bédié et de Gbagbo ?
Comme le disait un sage africain, ‘’Quand ce qui arrive à Nakakro arrive toujours à Nakakra’’, il urge que Nakakra prenne des mesures idoines, en interne, à temps, pour soulager les populations qui, longtemps, ont cru en sa nouvelle espérance tant vendue avec vuvuzela dans l’arène politique. Faute de quoi, les gens ne cesseront point de dire aussi que… Car quand « le bonheur que tu cherches se trouve dans ta main, tout dépend de toi« , dixit un célèbre groupe Zouglou.
LAINE GONKANOU, correspondant régional