[Révision de la Liste Électorale pour 2025] Un bras de fer entre l’opposition et la CEI
En Côte d’Ivoire, la révision de la liste électorale (RLE) pour 2025 suscite des débats intenses entre la CEI (Commission électorale indépendante) et l’opposition. Quel impact pour la démocratie et les élections à venir ?
Abidjan, le 27 janvier 2025 (lepointsur.com) – La question d’une nouvelle révision de la liste électorale (RLE) pour 2025 est au cœur des débats politiques en Côte d’Ivoire. À l’approche des élections présidentielles prévues pour octobre 2025, les tensions autour de cette révision se sont accentuées, avec un bras de fer entre l’opposition et la CEI
Une révision contestée : l’opposition réclame une réforme immédiate
L’opposition ivoirienne, emmenée par le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), exige une révision de la liste électorale dès 2025 afin d’intégrer les nouveaux électeurs dans le processus démocratique. Le PDCI, à travers son groupe parlementaire, a formulé, le 20 janvier, une proposition de calendrier s’étendant de février à juin 2025. Ce dernier inclurait la collecte et la validation des données électorales, tout en conservant les informations déjà enregistrées lors de la révision de 2024 afin de réduire les coûts et les efforts.
Le député du PDCI a insisté sur l’importance de cette révision pour garantir une représentativité totale des électeurs. Il a affirmé qu’une telle opération permettrait de mettre à jour les listes et de tenir compte de l’élargissement de l’électorat, essentiel pour la transparence du scrutin de 2025.
La position de la CEI : une révision après les élections ?
Face à ces revendications, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, président de la Commission électorale indépendante (CEI), a tenu une position différente. Lors d’une rencontre avec le barreau de l’Ordre des avocats le 23 janvier, il a affirmé que la loi n’oblige pas à effectuer la révision avant les élections. « La loi dit que la révision doit se faire chaque année. Donc, elle peut se faire après les élections », a précisé le président de la CEI. Ce point de vue repose sur une lecture de l’article 6 de l’ordonnance n°2020-356 du 8 avril 2020, qui prévoit que la liste électorale doit être actualisée chaque année, mais laisse la possibilité de réaliser la révision après les échéances électorales.
Des moyens financiers conséquents pour une révision
La question du financement de cette révision n’est pas négligeable. Le gouvernement a annoncé un budget global de 54 milliards FCFA pour l’année 2025, dont 27,5 milliards FCFA seront spécifiquement alloués à la révision de la liste électorale. Ce montant dépasse largement celui de 2024, qui avait permis d’enregistrer 943 157 nouveaux inscrits avec un budget de 18,2 milliards FCFA.
Les chiffres récents de la CEI indiquent une augmentation constante du nombre d’électeurs. Depuis l’an 2000, le nombre d’inscrits est passé de 5,4 millions à 7,4 millions en 2020, et plus récemment, 1,6 million de nouveaux électeurs ont été enregistrés en 2023 et 2024. Une nouvelle révision en 2025 pourrait bien porter ce nombre à plus de 2,5 millions, ajoutant un poids démocratique significatif pour les élections présidentielles.
Des enjeux politiques et démocratiques majeurs
Ce débat sur la révision de la liste électorale, loin d’être une simple question technique, est profondément lié à l’avenir démocratique du pays. La CEI, sous l’autorité du président Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, est appelée à arbitrer ce différend entre le gouvernement et l’opposition, mais aussi à garantir la transparence et la crédibilité du processus électoral.
À quelques mois des élections présidentielles, cette question de la RLE fait figure d’enjeu stratégique non seulement pour l’équité du vote, mais aussi pour la stabilité politique du pays. L’enjeu est de taille : garantir que tous les électeurs, anciens comme nouveaux, puissent participer pleinement à la vie politique et aux décisions qui façonneront l’avenir de la Côte d’Ivoire.
Médard KOFFI