Retour sur la vie de Hurricane Carter/ Symbole des méfaits du racisme
L’ancien boxeur américain Rubin « Hurricane » Carter est mort, dimanche, d’un cancer. Incarcéré à tort pendant 19 ans, sa lutte avait inspiré le monde de la musique et du cinéma. Retour en vidéo sur les grandes dates de sa carrière et de son combat. Après s’être battu de longues années sur et en dehors des rings, l’ex-boxeur Rubin « Hurricane » Carter s’est éteint, dimanche 20 avril, à l’âge de 76 ans des suites d’un cancer. Cet ancien champion était devenu le symbole des méfaits du racisme aux États-Unis, après avoir été incarcéré à tort pendant 19 ans pour le meurtre de trois Blancs, ce qu’il a toujours nié. Sa détention avait suscité une vague de protestations et déclenché des soutiens dans le monde du sport et de la musique. Né en 1937 à Clifton dans le New Jersey, Rubin Carter commence à s’intéresser à la boxe après s’être engagé dans l’armée à l’âge de 17 ans. Considéré comme inapte au service militaire, il retourne à la vie civile où il se fait connaître de la police pour de multiples agressions. Condamné à plusieurs années de détention, il reprend la boxe à sa sortie de prison. Son style agressif et sa puissance lui valent le surnom de « Hurricane« , l’ouragan en anglais. Devenu professionnel, le boxeur poids moyens participe à 40 combats (27 victoires dont 19 par KO). En décembre 1963, à la surprise générale, il se paie même le luxe de mettre au tapis l’un des grands champions de l’époque Emile Griffith. Après avoir atteint la troisième place des prétendants au titre des poids moyens, Rubin Carter commence à décliner. Moins percutant, il enchaîne les défaites. En juin 1966, le boxeur est définitivement écarté des rings, avant d’être arrêté et accusé d’avoir participé à un triple meurtre dans un restaurant du New Jersey. Le sportif nie toute implication mais il est reconnu coupable par deux fois en 1967 et 1976. Un jury composé exclusivement de Blancs le condamne à 30 ans de prison. Dans sa cellule, le boxeur publie son autobiographie intitulée « Le 16e Round« . Bouleversé par ce livre, Bob Dylan prend fait et cause pour son combat. En 1975, l’artiste folk lui consacre même un titre. « Voici l’histoire de Hurricane, l’homme que les autorités ont blâmé pour un crime qu’il n’avait jamais commis, puis mis dans une cellule. Mais un jour il aurait pu être le champion du monde« , chante Bob Dylan. Soutenu par d’autres personnalités comme la chanteuse Joni Mitchell ou le boxeur Mohamed Ali, Rubin Carter continue de clamer son innocence. En 1985, il est finalement libéré sur injonction d’un juge fédéral, qui a renversé la peine de prison, l’estimant « marquée par le racisme plutôt que par la raison et par les dissimulations plutôt que par les révélations« . Ce long combat fut retracé par la suite dans le film « Hurricane Carter » du réalisateur Norman Jewison, diffusé sur les écrans en 1999. Denzel Washington, qui tient le rôle principal, remporte un Golden Globe pour son interprétation de Rubin Carter. Après avoir passé 19 ans en prison, Hurricane Carter continue à lutter contre les erreurs judiciaires. De 1993 à 2005, il fut le directeur exécutif de l’Association de Défense des Condamnés à Tort (Association in Defence of the Wrongly Convicted – ADWC) au sein de laquelle il multiplie les conférences pour parler de son passé et sensibiliser les jeunes délinquants. Dans une tribune publiée en février dernier dans le « New York Daily News« , il avait encore une fois rappelé son attachement à la justice: « Je serais très surpris de trouver le paradis après cette vie. Mais pendant mes années sur cette planète, j’ai vécu en enfer pendant les 49 premières, puis au paradis pendant les 28 dernières. Vivre dans un monde où la vérité compte et la justice est rendue, même tardivement, ce monde serait un paradis suffisant pour nous tous« .
De notre correspondante à Paris Maty.G.F