Retour du « ET » et du « OU »

Rencontre entre les sécretaires généraux du MFA et du RDR.Ph.Dr

Abidjan, 23-12-15 (lepointsur.com)-Retour du « ET » et du « OU » : « Pdci ET Rdr » OU Pdci ? C’est un secret de polichinelle. Le débat sur le parti unifié préconisé par le président Henri Konan Bédié est au centre de tous les débats et commentaires actuellement dans le marigot politique ivoirien. Entre passion et raisonnements démesurés, des propositions, les unes aussi fantaisistes que les autres meublent l’actualité. Au moment, où certains observateurs soutiennent mordicus que les deux ténors du RHDP (PDCI, RDR) doivent accorder leur violon pour aller au parti unifié, d’autres en revanche pensent que le PDCI-RDA doit prendre ses responsabilités pour préparer l’alternance 2020. Décryptage.

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-rda) et le Rassemblement des républicains (RDR) sont-ils condamnés à mettre fin à leur idylle ? Sur la question, les avis sont partagés. Tant, les positions de part et d’autre, semblent inflexibles. « A mon avis, je pense qu’il n’y a plus de débat. Ceux que nous avons considérés comme des amis hier, viennent de nous démontrer qu’ils sont désormais nos ennemis. Alors, pourquoi, vouloir s’entêter pour faire chemin avec eux. Ce n’est plus possible de faire confiance à ces gens-là. Pour moi, c’est terminé, le PDCI doit compter sur ses propres forces pour reconquérir le pouvoir d’Etat, perdu en 1999. » S’est exprimé sous le sceau de l’anonymat ce militant du PDCI-RDA, visiblement très remonté contre les déclarations du RDR qu’il qualifie d’insultantes de la part de certains cadres de la direction du parti à la case.

En effet, à la question de savoir si pour le parti unifié dont il est question au RHDP, le PDCI et le RDR doivent accorder leur violon, le militant susmentionné est on ne peut plus catégorique. « D’ailleurs, je peux vous dire que moi personnellement, je ne suis pas surpris. Je savais que nos amis d’en face allaient avoir ce comportement. Donc, pour moi, le débat est clos. Il faut les laisser avec leur conscience. Nous allons voir ce qu’ils vont devenir après le président Ouattara », renchérit-il.

Pour ce militant en effet, à ce stade des débats sur le parti unifié, il est quasiment impossible d’aller à l’alternance en 2020 avec le RDR qui à travers certains de ses cadres a clairement donné sa position. « Ils sont nombreux, les militants et cadres du PDCI qui pensent aujourd’hui comme moi. Seulement, comme nous sommes un parti mature, discipliné et respectueux des textes, beaucoup n’osent pas se prononcer à la place du bureau politique ou du prochain congrès du parti(…) Dans tous les cas, au moment opportun, le PDCI va aviser. » A –t-il conclu.

Pour sa part, M D .B, militant de première heure du RDR, joint par téléphone soutient « pourquoi voulez-vous que notre parti, pour lequel, nous avons perdu des parents, se renie aujourd’hui pour se fondre en autre parti, fut-il, le PDCI-RDA, un parti pour lequel, nous avons beaucoup de respect. Que vont devenir les cadres de notre parti ? Moi, je pense que ceux de nos responsables qui se sont prononcés sur la question ont raison de s’opposer, parce qu’un parti politique, c’est tout d’abord la base. La direction de notre parti, n’a pas encore consulté la base. De toutes les façons, l’avis de ceux qui ont déjà parlé sera partagé par la majorité de nos militants. »

A la question de savoir, si ces dissensions entre les deux ténors du RHDP ne va pas dérouler le tapis rouge pour l’opposition ivoirienne, notamment le Front populaire ivoirien (FPI), notre interlocuteur pense que le RDR après avoir gouverné le pays a désormais les armes nécessaires pour faire face à toutes sortes d’adversité. « Aujourd’hui, le RDR a les hommes et les femmes qu’il faut pour diriger et faire face aux obstacles.

Le président Alassane Ouattara nous a montré le chemin, il n’est plus question de se sous-estimer. Nous sommes prêts à faire des concessions, mais pas prêts à se renier… » A-t-il martelé. Avant d’ajouter que le PDCI doit comprendre que durant plus de 30 ans, il a dirigé le pays, pour ce faire, ce n’est pas un crime de lèse-majesté que de vouloir, après Alassane Ouattara, laisser un cadre du RDR poursuivre son œuvre.

Cet avis est largement partagé par nombre de militants du RDR qui soutiennent mordicus : « Nous avons tous quitté la maison-mère et chacun a construit sa propre maison. Aujourd’hui, on nous demande de laisser notre belle maison que nous avons construit et notre famille que nous avons eue pour retourner habiter dans la maison du père. En acceptant de retourner à la maison-mère, qu’allons-nous faire de la maison que nous avons construite. »

Les femmes du Rassemblement des Républicains RDR ont reçu la visite d`une forte délégation des femmes du PDCI-RDA.Ph.Dr

Un autre militant de la commune d’Abobo, sous le sceau de l’anonymat qui n’a pas voulu trop polémiquer sur la question souligne « il n’y a pas de débat. Le PDCI et le RDR sont deux partis frères. Ils doivent s’asseoir et discuter, afin d’accorder leur violon. Si, c’est la dénomination qui pose problème, ils peuvent trouver le juste milieu en trouvant un sigle qui évoque ceux des deux partis. » A –t-il soutenu anxieux.

Comme, on le voit le débat sur le parti unifié est loin de connaître son épilogue. Toutefois, au regard de l’avis des uns et des autres, l’on peut aisément s’essayer à une réflexion d’opinion. Comme, l’a souligné le militant du RDR, les deux partis semblent avoir un destin commun. Tant, les points de vue divergents n’ont en rien altéré leur désir ardent de pérenniser l’œuvre du père fondateur Félix Houphouët Boigny.

Si tel est le cas, pourquoi, comme pense ce militant, ne pas opter pour un juste milieu (PDCI-RDR.) Au demeurant, s’il est vrai que pour l’heure, c’est le PDCI et le RDR qui à fleurets mouchetés se lancent des flèches, force est cependant de constater que le moment venu, les autres partis membres du RHDP, qui se sont abstenu de se prononcer, aussi petits, soient-ils auront leur mot à dire.

En tout état de cause, le retour du débat sur le « ET » et le « OU », n’est pas fait pour arranger les choses au sein de la grande famille des houphouetistes. Pour autant, la nécessité d’accorder les violons pour les deux partis frères( ?) est on ne peut plus impérieux.

EKB