Reportage-Autoroute du Nord/ Plus de deux ans après, Toumodi peine à rebondir économiquement #civ
Abidjan, 04 4 16 (lepointsur.com) Toumodi, naguère carrefour commercial très prospère, ce bourg où tout se vendait et s’achetait, grâce à la voie principale reliant la capitale économique, Abidjan, à de nombreuses villes de la Côte d’Ivoire, et celles des pays de l’hinterland, est aujourd’hui entre doute et espoir quant à son développement. La ville est à la recherche d’un nouveau souffle depuis l’ouverture de l’autoroute du Nord entre Singrobo et Yamoussoukro, le mardi 11 décembre 2013. La forte population cosmopolite, venue dans cette région à la recherche de l’or, doute d’un lendemain meilleur, après plusieurs décennies dans l’opulence.
L’illusion d’une fête
Jeudi 24 mars 2016. Peu après 15 h, notre équipe de reportage gagne Toumodi, ville située à 198 km d’Abidjan et 45 km de Yamoussoukro. À moins de 72 heures de la fête de Pâques, c’est l’affluence des grands jours. Les originaires du département et leurs invités venus de toutes les régions du pays débarquent dans la ville. Restaurants, maquis et bars grouillent de monde. Ils distillent la musique du terroir à gogo. Les différentes gares sont bondées de monde. Les passagers embarquent pour les différents villages et hameaux. La ville se vide de son monde, mais ne désemplit pas. Cette ambiance que nous vivons en plein cœur de la région du Bélier, majoritairement peuplé de Baoulés, est caractéristique de la fête de Pâques. Une fête mieux célébrée que le Nouvel An.
On a l’impression que Toumodi ne vit pas son enclavement consécutif au prolongement de l’autoroute du nord sur Yamoussoukro. Mais l’illusion s’estompe le temps d’une fête. C’est que depuis l’inauguration de l’autoroute du Nord, le 11 décembre 2011, cette ville est à la recherche d’un nouveau souffle économique. Et nous sommes allés toucher du doigt les réalités des acteurs de développement, en l’occurrence les commerçants, et vivre les impacts de l’autoroute sur cette partie du centre de la Côte d’Ivoire, plus de deux ans après.
Lorsque le président de la République, M. Alassane Ouattara procédait le mercredi 11 décembre 2013, en prélude à sa visite d’État dans la région du Bélier, à l’ouverture de l’autoroute du Nord reliant Abidjan à Yamoussoukro, les opérateurs économiques savaient que leurs activités connaîtraient des fortunes diverses, mais ils étaient loin de s’imaginer qu’elles subiraient un important marasme.
À cet espace gastronomique, assises en train de scruter l’horizon, les sœurs N’dri Akissi Sidonie et N’dri N’Guessan Agathe voient venir les clients au compte-gouttes. « L’autoroute n’est pas la principale cause des difficultés financières de nos activités commerciales. C’est la maladie à virus Ebola qui en est la principale origine », révèle N’dri Akissi Sidonie, la tenancière de l’espace gastronomique.
« Avant que le gouvernement n’annonce, en 2014, le danger que courent tous les tenanciers de maquis et les clients qui s’adonnent à la vente ou à la consommation de la viande de brousse, on cuisinait deux repas par jour et on parvenait à vendre toute la nourriture. Nos clients se restauraient ici afin de reprendre de la force et continuer leur chemin», soutiennent les deux vendeuses qui, dans le passé, employaient plus d’une dizaine de jeunes.
À ce jour, ne pouvant plus réaliser le bénéfice de 50.000 FCFA par mois comme précédemment, seules les deux sœurs gèrent leur commerce. « Vous voyez de l’autre côté, c’est fermé. Les femmes ne travaillent plus », nous montrent-elles du doigt quelques box abandonnés par des restauratrices. Célibataire et mère de quatre enfants, N’dri Akissi Sidonie ne se décourage pas pour autant. Ce n’est pas sa sœur cadette N’dri N’Guessan Agathe, qui dira le contraire. Elle a trois enfants dont la plus petite, Maeva D’Avilla, âgée d’un an et trois mois.
Elle est obligée d’abandonner la maison, dans la fraîcheur matinale de 5 heures, avec le nourrisson de quinze mois, pour la préparation quotidienne. « Je ne peux pas faire autrement dans la mesure où sa sœur aînée, Gn. B. Sandrine, étudiante en communication, ne s’est pas inscrite en 2ème année, pour l’année académique en cours, par manque de moyen », dit-elle pour justifier les difficultés qui l’empêchent aussi de s’assurer les services d’une fille pour garder le bébé.
Les deux dames, tout comme les autres qui occupent la trentaine de box qui existe encore, gardent espoir même si elles versent difficilement la somme mensuelle de 9 000 FCFA, comme droit de location. Pire, outre cette taxe municipale qu’elles jugent élevée, elles paient 15.000 FCFA de loyer pour les différentes maisons qu’elles habitent.
Le grand commerce : une situation morose
La baisse des activités commerciales se fait sentir dans les grandes surfaces
comme la CDCI et King Cash, deux des grands magasins de vente de gros et de détail de Toumodi. Les gérants passent la majeure partie de leur temps en face de leurs commerces à parloter avec des amis et connaissances.
Arrivé à la CDCI, nous nous dirigeons vers la caissière assise juste à la droite de la porte d’entrée, le regard tourné vers la voie principale qui sépare son magasin de la station Shell. Mlle Eugénie Boca est surprise de nous voir marquer un arrêt à son comptoir, sans faire le tour des rayons. Elle, qui attend, avec beaucoup d’impatience, quelques clients potentiels, n’hésite pas à nous désigner du doigt le gérant, assis juste derrière nous, hors du magasin en train d’échanger avec quelques employés.
Nous lui demandons si la nouvelle autoroute a des répercussions sur son activité. « Monsieur, cela fait quelques mois que je suis ici, donc je ne peux pas satisfaire votre curiosité », nous répond-il avec beaucoup de gentillesse, avant de nous ramener à la caissière. « Avant l’ouverture de l’autoroute, la société employait 17 agents permanents, aujourd’hui nous ne sommes que 9. Quant aux rayonnistes, au nombre de 7, ils ne sont plus que 2. Ce ne sont les week-ends que nous recevons quelques clients résidents pour leurs emplettes, ainsi que quelques personnalités en mission ici, ou de passage. Les activités commerciales tournent autour de moins de 40% », indique la caissière. Tout comme les commerçantes du « Maquis Village », elle pointe, à notre grande surprise, un doigt accusateur sur la maladie à virus Ebola.
« La majorité de nos clients était des personnes qui entraient dans la ville pour vivre l’ambiance des maquis et restaurants. Depuis que ces différents maquis et restaurants se vident de ce monde, nous sommes ici à scruter l’horizon », fulmine Eugénie Boca, d’un air hagard. Même son de cloche à King Cash où le personnel et le vigile juste à l’entrée, attendent des clients, à travers des causeries. « Notre commerce a pris un sérieux coup », indique Brice Koffi, le gérant. En revanche, contrairement au magasin CDCI contigu au leur, il n’y a pas eu de licenciement. « Nous avons gardé nos 7 agents, et ils travaillent en permanence », renchérit notre interlocuteur. Cependant, malgré la fête de la Pâques, qui se déroule dans moins de 48 heures, dans une région où cette réjouissance est devenue un sacerdoce, les rayons sont clairsemés. « L’autoroute est la bienvenue. On ne peut pas dire que c’est une mauvaise chose dans la mesure où elle désenclave des villages. Avec le temps, on a fini par s’habituer et on garde espoir », ajoute-t-il. « On ne peut pas faire d’omelette, sans casser des œufs et nous sommes ces œufs-là. Et puis, le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit l’adage. On atteindra les 50% de vente de nos produits, et pourquoi pas plus, les années à venir », se console-t-il.
Sur le plan hôtelier, les établissements connaissent des fortunes diverses. Pour certains, la situation n’est guère reluisante. À « ALLOU HÔTEL » qui dispose de 14 chambres, l’un des plus anciens hôtels, situé au quartier Zaher, le bilan financier n’est pas rose. Cependant, la gérante, Mlle Kouakou Gisèle ne se plaint pas, même si elle est nostalgique. « Aujourd’hui, les choses ont changé. Nous ne faisons le plein que pendant les grands mariages et les funérailles », indique-t-elle. « Autrefois, des voyageurs en provenance d’Abidjan pour une longue distance vers le Nord, marquaient la pause ici. Il en était ainsi pour ceux qui venaient de très loin et qui devraient regagner Abidjan, mais depuis que l’autoroute est ouverte, la clientèle a baissé », regrette-t-elle. A l’en croire, sur les 14 chambres, la moyenne d’occupation est de 3 voire 2 par jour. Soit un taux de faillite de 70 à 85%.
Du côté du complexe hôtelier « LE BÉLIER », la réceptionniste se frotte les mains. Bien qu’inauguré seulement en octobre 2014, « l’hôtel ne désemplit pas », indique Mlle Kouassi Affoué Charlotte, occupée à la réception de ses clients.
Pour des périodes de fête, comme nous avons pu le constater, le vendredi 25 mars 2016, à moins de 48 heures de la Pâques, les réservations sont faites, bien avant. C’est sous nos yeux qu’un couple arrivé vers 11 heures, est reparti sans être satisfait. « Aucune de nos chambres n’est disponible, jusqu’au lundi 28 mars 2016 », révèle la tenancière, très embarrassée par les clients.
Les stations service, la mécanique et les petits commerces ne sont pas épargnés
Les gérants des stations service, mécaniciens, vulcanisateurs et petits vendeurs de produits divers, ne sont pas épargnés. Avec de nombreux véhicules qui défilaient de jour comme de nuit dans la ville de Toumodi, ces derniers tiraient d’importants dividendes. Aujourd’hui, tous tirent le diable par la queue. « Cela fait plus d’une dizaine de minutes que nous sommes en train d’échanger, vous dénombrez combien de véhicules qui sont passés à la pompe ?» m’interroge le gérant d’une des stations. « Par le passé, je ne pouvais même pas passer 5 minutes avec vous sans que ne se forment une file de voitures, mais nous faisons avec », se rappelle notre interlocuteur.
Les mécaniciens, les vulcanisateurs, les vendeurs à la criée ne cachent pas leur amertume. « Nous nous battons comme on peut », indique l’un des vulcanisateurs, Bamba Mory pour résumer la galère que vivent les débrouillards. En conclusion, Toumodi n’est plus en éveil.
Pour l’instant, les seuls véritables bénéficiaires du nouveau tronçon, à Toumodi, sont les propriétaires et les chauffeurs de taxis communaux. Aujourd’hui, le jeune Abou Cissé, 22 ans, peut enfin travailler avec son permis qu’il a eu il y a trois ans dans l’une des auto-écoles de Toumodi. Après avoir tenté en vain d’être chauffeur de taxi, il vient d’être visité par la chance et son rêve se réalise avec le nombre croissant de véhicules de transports communaux dont la ville se dote depuis l’ouverture de l’autoroute. « C’est difficile, mais on réussit à s’en sortir. Mon rêve d’être chauffeur de taxi s’est réalisé. Le reste est dans la main de Allah », ricane-t-il, à la gare des taxis de l’autoroute du Nord, jeudi 24 mars 2016, après notre descente sur l’autoroute en provenance de Bouaké. Un lieu de stationnement des véhicules communaux est même disponible, et facilite le transport des passagers vers le centre ville, situé à moins de 2 km.
Quant à Ibrahim Koné, l’un des conducteurs de taxis, qui nous a transporté à notre hôtel, il déplore certaines taxes. Pour lui, les chauffeurs de taxis de Toumodi ne doivent pas payer les mêmes taxes que ceux des grandes agglomérations comme Abidjan. En effet, les documents administratifs exigent que les taxis communaux de la catégorie C3 s’acquittent, en plus de la carte grise, de la visite technique de 6 mois, de la Taxe de Transport urbain (TTU), à payer au service des impôts, de la patente, une assurance de transport de 18 000 FCFA. « C’est vrai que c’est un arrêté, mais c’est trop pour les chauffeurs de taxi qui travaillent à l’intérieur du pays », se justifie notre interlocuteur. En moins de 5 minutes de trajet nous conduisant à notre hôtel, Ibrahim Koné résume sa « complainte » par rapport à sa recette journalière. Les taxis communaux de Toumodi fixent leurs tarifs à 250 FCFA, d’une gare à une autre et à 300 FCFA, voire plus quand le client doit sortir des voies principales. « La recette journalière tourne autour de 5000 FCFA. Sauf quelques rares fois, pendant les fêtes où on peut gagner 10 000 FCFA », révèle-t-il pour réitérer les difficultés financières auxquelles les chauffeurs sont confrontés dans la commune. D’une dizaine de taxis communaux au départ, aujourd’hui on en dénombre plus d’une centaine à travers la ville, assurant les liaisons dans la commune.
Du côté des taxis interurbains, l’inquiétude devient grandissante avec la taxe que va imposer bientôt le conseil régional. L’un des vice-présidents a tenu une réunion d’information avec l’ensemble des acteurs de ce secteur d’activité, à laquelle le secrétaire général adjoint du Haut Patronat du Transport, Fofana Moussa, a assisté au siège du conseil régional, le lundi 21 mars 2016. « Le conseil régional nous a informés que c’est une décision du ministère de l’Intérieur. Les taxis-brousse qui font les trajets tels que : Toumodi-Djékanou, Toumod-Didiévi et vice-versa seront frappés par cette nouvelle taxe dont les contours restent à définir », précise le secrétaire général adjoint du Haut Patronat du Transport, très inquiet, car c’est un secteur qui emploie déjà plus d’une centaine de jeunes.
Le directeur départemental des Infrastructures économiques de Toumodi, Cissé Yacouba, que nous avons rencontré, fait l’historique de l’autoroute du Nord dont le projet date de 1975. « L’autoroute du Nord, reliant Abidjan à Yamoussoukro est un vœu du premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny, pour permettre le désenclavement des régions traversées et des voyages rapides», précise-t-il comme justification de l’adage qui dit : « La route précède le développement .» « Par ailleurs, compte tenu des difficultés liées à la conjoncture économique des années 80, les travaux débutés en 1975, se sont arrêtés dans le village de Singrogbo à 140km d’Abidjan en 1982 », soutient notre interlocuteur.
Pour lui, les villages de Singrobo, Pacobo, Aheremou II et I, Oussou, Carrefour Taabo, Moronou, Lomo-Sud, Assounfoué et Blé, étalés à perte de vue sur l’ancienne route « ne sont pas oubliés ». Mieux, le tracé les a épargnés de disparition, tout comme une grande partie des résidences et commerces de Toumodi, selon Cissé Yacouba. « Ce sont des villages qui, pour la plupart, sont distants de l’autoroute de 2 km. Un lotissement a même déjà été fait pour que ces bleds se rapprochent de la nouvelle voie », affirme-t-il.
La peur de voir disparaître ces villages s’explique par le fait que situés pour la plupart à 2 Km, ceux-ci défilent désormais derrière la nature qui a déjà pris possession d’eux. C’est à peine que l’on voit dans la savane arborée, principale végétation de cette région, quelques bouts de toits des habitations.
En effet, le premier lot de 24,877 km, de la nouvelle autoroute, part de Singrogbo à Taabo, le deuxième lot entre Taabo et Toumodi de 29,263 km, puis, un dernier lot de 31,760 km de Toumodi à Yamoussoukro. Tous ces villages que traversait l’ancienne voie sont avalés par la nature. « C’est l’impression que cela donne, mais ces villages sont pour la plupart à 2 km de l’autoroute. Imaginez-vous si l’autoroute avait traversé la commune de Toumodi, une grande partie de la ville aurait disparu sous les amas de gravats », dit Cissé Yacouba, pour lever toute équivoque. Il rassure par ailleurs qu’un lotissement est déjà fait pour rapprocher les différents villages de l’autoroute afin qu’ils bénéficient du développement. « Le tronçon Singrobo-Yamoussoukro est revêtu d’un goudron rugueux pour supporter l’important trafic routier attendu. Il compte plusieurs échangeurs qui permettent aux localités de rester connectées à l’autoroute», précise notre interlocuteur.
Le maire rassure
Préoccupée par la préparation, pour plus de 2000 convives, et le chemin de Croix, Madame le maire de Toumodi, Tchina Simone, nous accorde une trentaine de minutes, à sa résidence privée sise au quartier Rombo. Une rencontre inespérée puisque dans nos différents échanges téléphoniques, seulement 72 heures avant l’entretien, l’élue nous avait prévenu d’un calendrier très chargé. Entourée de certains ses proches collaborateurs, dont MM. N’Guessan Fidèle Flauber (assistant) et le 3ème au maire (service technique) Kouassi Camille, Mme Tchina Simone reconnaît qu’il existe des taxes de stationnement prélevées sur les taxis communaux, mais elle n’est pas informée des taxes que va prélever le conseil régional sur les taxis interurbains. « Nous gérons les taxes de stationnement des véhicules de transports du périmètre communal, je pense que ces véhicules ne seront pas touchés », explique le maire. Concernant le « Maquis Village » créé à l’époque par la municipalité du maire Camille Ali Ali, dont elle fut membre, elle en a fait l’historique avant de planter le décor actuel. Selon elle, ce sont 40 box qui ont été créés pour la restauration avec un compteur groupé d’eau et d’électricité, au départ. Après la réhabilitation de cet espace gastronomique, la première magistrate et son conseil décident d’affecter un compteur d’eau et d’électricité à chaque box, en conservant le prix de la location mensuelle à 6000 FCFA le box et la taxe municipale à 3000 FCFA. Soit un total de 9000 FCFA.
Elle explique la fermeture de certains box par les commerçantes elles-mêmes du fait de la pratique de certains commerces qui n’ont rien à voir les objectifs visés par la création de cet espace gastronomique. « C’est environ 5 box qui sont fermés. Car, ces dames les ont transformés en magasins de stockage. Elles vont chercher du vivrier en brousse pour les vendre en gros, nuitamment», précise-t-elle pour exprimer sa colère. Pour elle, les restauratrices gagneraient à diversifier leurs mets, vu que la maladie à virus Ebola est un frein à leur principal commerce basé sur la viande de brousse. Elles peuvent faire des cuissons variées avec des poissons fumés, de la viande de bœuf, de mouton, de poulet et de pintade fumés, etc. « Il faut avoir un esprit créatif face à une situation. Si la maire que je suis a été choisie comme présidente du comité restauration de plus de 2000 convives qui viendront fêter la Pâques, à Yamoussoukro, c’est dire que les restauratrices de Toumodi ont de la valeur à revendre », conseille-t-elle avec brin de fierté.
Le corridor sud de Toumodi sur l’ancienne voie principale n’existe plus. Avec lui, « le Marché Anago » bien connu des friands de bons fruits. Pour éviter que ces dames perdent entièrement leurs commerces, Mme Tchina Simone a négocié avec le PDG de la Station Shell située sur l’autoroute et a obtenu un site dans l’enceinte de cette station. « Ce sont 30 vendeuses qui y seront installées. Le PDG de Shell a fait le déplacement depuis Londres pour la remise des clés du site », se réjouit-elle, puisqu’il s’agit du recasement de façon urgente de ces dames.
Consciente que la route précède le développement, et ayant eu vent de l’ouverture de l’autoroute du Nord, quelques années plus tôt, la municipalité a étendu la ville jusqu’à l’autoroute depuis 2011 . Le seul hic est que le lotissement a été fait sans qu’on respecte la distance de 100 m entre l’autoroute et le nouveau site. « Tous ceux qui sont frappés par cette loi auront d’autres lots en compensation », soutient Madame le maire qui croit au développement économique de la ville qui ne cesse de s’agrandir. « Les cadres, opérateurs économiques, élus et d’autres construisent et investissent à Toumodi. Il faut être positif. Tout début est difficile, mais le temps nous donnera raison quant au développement de la commune avec tout ce qui est entrepris. Grâce à l’autoroute, la distance Abidjan – Toumodi est parcourue en moins de deux heures. Cela favorise la venue ici, et de façon régulière, de tous pour suivre leurs activités respectives», conclut le maire très optimiste.
Sériba Koné envoyé spécial à Toumodi
Encadré
Difficile reconversion
Toumodi et les villages délaissés par l’autoroute supportent difficilement leur situation nouvelle. Hier, c’était Tiassalé, Dabou et N’douci qui ont subi les impacts de l’autoroute. Si ces gros villages d’avant l’indépendance ont pu se relever, s’épanouir et devenir aujourd’hui de grandes villes, Toumodi, Singrobo, Pacobo et autres ne feront pas exception. Ils renaîtront vite de leurs cendres si les populations se montrent dynamiques, imaginatives et créatrices. Alors, les jérémiades et les accusations à l’encontre des élus, des politiciens et des décideurs ne seront que de lointains souvenirs. La reconversion et l’adaptation sont certes difficiles, mais des cerveaux existent sur place. Il suffit que ces experts soient sollicités par les élus et cadres pour donner le souffle de développement que la population attend de façon inclusive. Le monde est en perpétuelle reconversion, et Toumodi et les autres ne doivent pas rester en marge de cette nouvelle mutation. Le temps de l’union des filles et fils de la région décidera !
Sériba K.
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