[Région du Sud-Comoé : Éducation] Le groupe scolaire Krinjabo, un « cacasport » et un fumoir à ciel ouvert
Ouvert en 1947 par le colon, le Groupe scolaire Krinjabo, situé dans la capitale du Royaume du Sanwi, est confronté à plusieurs maux qui entravent son bon fonctionnement. Parmi eux figurent, entre autres, l’absence de clôture, à l’origine de sa transformation en toilettes publiques, en fumoir et en lieu de séjour permanent pour des personnes en situation de détresse mentale.
Krinjabo, le 10-02-2025 (lepointsur.com) La première école primaire de Côte d’Ivoire, fondée en 1947 par le colon dans le Royaume du Sanwi à Krinjabo, accueille aujourd’hui 900 élèves encadrés par 17 enseignants. Autrefois une référence dans le milieu éducatif ivoirien, cet établissement s’est progressivement dégradé, devenant un véritable « cacasport
« , un fumoir à ciel ouvert et un lieu de refuge pour des personnes en errance, faute de clôture pour en assurer la sécurité. Reportage sur un temple du savoir où le manque de tables-bancs complique également les conditions d’apprentissage et d’enseignement.
Le Groupe scolaire Krinjabo est devenu un véritable « Cacasport » ou « Côcô soua ». Chaque jour, élèves et enseignants sont confrontés à l’épreuve pénible du nettoyage de nombreux tas d’excréments humains, disséminés un peu partout : dans les salles de classe, sur le terrain de sport et dans les latrines, laissés par des individus extérieurs. Pire encore, la construction des nouvelles toilettes avance à un rythme d’escargot, obligeant les élèves à s’exposer aux risques liés à la présence de reptiles pour se soulager.
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Quand les travaux de construction des nouvelles latrines du Groupe scolaire Krinjabo seront-ils terminés ?
Par ailleurs, l’établissement s’est également transformé en un fumoir à ciel ouvert. Une fois la nuit tombée, ce temple du savoir, construit à cheval entre l’espace dédié au célèbre roi de la pop, Michael Jackson, et le Centre de Santé Urbain (CSU) de la capitale du Sanwi, devient un lieu de prédilection pour les consommateurs de drogues, d’autant plus qu’il est traversé par plusieurs chemins.
Enfin, à ces deux réalités s’ajoutent les séjours récurrents de personnes souffrant de démence, constamment en transit vers le Ghana voisin et vice versa.
À ces maux s’ajoute le surpeuplement des salles de classe, un autre fléau du Groupe scolaire Krinjabo. Composé de cinq écoles (EPP Krinjabo 1, 2, 3, 4 et la maternelle), l’établissement impose aux élèves de s’entasser à trois par table-banc pour suivre les cours. Une situation qui complique considérablement les conditions d’apprentissage et pourrait avoir un impact négatif sur leurs résultats de fin d’année scolaire, malgré la volonté du personnel enseignant et du COGES de faire de cette école une référence positive dans le milieu éducatif de la région du Sud-Comoé.
À en croire M. Tanoh Assemien Romuald, président du COGES du Groupe scolaire Krinjabo (EPP Krinjabo 1, 2, 3, 4 et la maternelle), ainsi que de nombreux habitants de Krinjabo que nous avons rencontrés, l’érection d’une clôture autour de cet établissement, autrefois dirigé par feu le ministre Amon Tanoh, favoriserait la formation des enfants, avenir de demain, dans un cadre sécurisé et serein.
Lainé Gonkanou, Correspondant Régional.