[Région du Gontougo] L’Adayé Tour 2025 trace les sillons d’une paix électorale par la culture
Transua, Assuéfry, Tanda et Gouméré… Les routes du Gontougo résonnent, en cette année électorale 2025, au rythme des tambours, danses traditionnelles et messages de paix. Depuis son lancement le 19 mai dernier à Bondoukou, la Fondation Adayé Kessiè conduit avec ferveur l’Adayé Tour 2025, une caravane culturelle et citoyenne qui place la culture au cœur de la prévention de la violence électorale.
Tabagne, le 07 juin 2025 (lepointsur.com) Après les étapes de Bondoukou, Sandégué et Sorobango, la caravane a marqué une pause mémorable à Transua les 31 mai et 1er juin, puis à Assuéfry les 1er et 2 juin, ensuite à Tanda les 2 et 3 juin et enfin Gouméré les 3 et 4 juin 2025, quatre étapes phares marquées par une mobilisation exemplaire des populations et des autorités locales.
Cette tournée régionale dans le Gontougo, placée sous le thème « Prévention de la violence et de l’insécurité avant, pendant et après les élections », et qui s’inscrit dans la dynamique de la 10ᵉ édition du Festival Adayé Kessiè prévue du 2 au 6 décembre à Tabagne, ambitionne de faire de la culture un levier de paix et de cohésion sociale.
Transua : la culture comme rempart contre les tensions électorales
À Transua, berceau linguistique et culturel du peuple Bron, la place publique s’est métamorphosée en scène de célébration. Concours de danse, libations, prestations artistiques et allocutions ont rythmé deux journées dédiées à l’unité et à la mémoire culturelle.
Dans son discours, Bini Ouattara a rappelé le rôle crucial de Transua dans la préservation du patrimoine Bron : « Même les Mauritaniens nés ici parlent Bron. C’est dire la force de cette terre. » Face aux menaces sur la langue et les valeurs traditionnelles, il a lancé un appel vibrant à la paix électorale et à la citoyenneté responsable.
Le chef de Marassoué, Nanan Brindou, a exprimé le soutien des chefs traditionnels à cette démarche, plaidant pour la construction d’un palais royal. Représentant le préfet de Transua, le secrétaire général Adolphe Guei a salué une tournée qui « accompagne les politiques publiques de développement et de paix ».
Côté artistique, les troupes NYAME MMRÈ (Assuetia Banon), Koungoun (Tahakrom) et Abôtrêyê-bra (Transua) ont animé la compétition, avec une mention spéciale pour NYAME MMRÈ, désignée meilleure troupe de l’étape.
Assuéfry : des messages forts pour une jeunesse engagée
L’étape d’Assuéfry a réuni les 1er et 2 juin une foule nombreuse au foyer des jeunes, cadre d’un concours de danses opposant les troupes NYAME Tiassé (Assuéfry), Niamoi (Siedja), Bragrô (Datekro) et Brambro (Atuassié). NYAME Tiassé et Brambro ont été retenues pour représenter la localité au festival de Tabagne.
Outre les prestations artistiques, les messages ont été clairs. Pour Yeboua Jacques, membre du comité d’organisation : « Sans paix, il n’y a ni avenir, ni développement. » Le président de la fondation a, lui, insisté sur l’urgence de faire de la paix « une réalité vécue, au-delà du slogan ».
Dans une vision de sauvegarde culturelle, il a annoncé la création future d’un « décor de langue » et d’une bibliothèque Bron. Une initiative saluée par Nanan Kouadio Adjoumani, porte-parole des chefs et reines mères, qui a réaffirmé leur engagement à relayer les messages de paix dans les 27 villages du canton.
Tanda : la caravane poursuit sa mission de cohésion
Les 2 et 3 juin, le département de Tanda a accueilli la caravane dans une ambiance festive et pédagogique. Réunissant autorités coutumières, administratives et populations, cette étape a été l’occasion de réaffirmer l’engagement régional à prévenir toute forme de violence préélectorale.
Le discours du président de la Fondation a une nouvelle fois mis l’accent sur la nécessité d’un dialogue entre générations, cultures et partis politiques : « Il n’y a pas de paix sans compréhension mutuelle. Et la culture est le langage que tout le monde comprend. »
Un projet transfrontalier et structurant
Soutenue par le ministère de la Culture, représenté notamment par Obin Obin Franck et KPIDI Christ Alain, cette tournée va au-delà des frontières ivoiriennes. En touchant les zones frontalières du district de Bouna, à cheval entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, la Fondation Adayé Kessiè entend réactiver les liens historiques entre les communautés bron.
L’Adayé Tour 2025 clôture sa deuxième phase à Gouméré sur un message fort de paix et de cohésion sociale
La deuxième phase de l’Adayé Tour 2025, organisé par la Fondation Adayé Kessiè, s’est achevée les 3 et 4 juin à Gouméré, dans le département de Bondoukou. Cet événement culturel a été marqué par des rituels traditionnels, des danses, des sensibilisations citoyennes et des messages en faveur de la paix, en particulier à l’approche des élections de 2025.
Le président de la Fondation, Bini Ouattara Daouda, a annoncé que le festival prend désormais une dimension régionale, visant à préserver les danses traditionnelles du Gontougo menacées de disparition. Appuyé par le ministère de la Culture et le MASA, l’événement mêle art et engagement pour la cohésion sociale.
Les autorités locales, dont le sous-préfet de Tabagne, ont insisté sur l’importance de prévenir les violences électorales à venir. Le festival a également proposé des actions de sensibilisation sur la santé, l’environnement, l’éducation et les droits humains.
Une compétition de danses inter-villages a couronné la troupe Bagabougou de Gouméré, qualifiée pour la grande finale de décembre à Tabagne. Un trophée de la paix, décerné à Bini Ouattara à Abidjan, a été présenté au public.
La prochaine phase de l’Adayé Tour 2025 se déroulera à Koun-Fao, avec une clôture prévue le 27 juin à Tabagne. L’initiative se positionne comme un levier culturel et citoyen pour le développement du Gontougo.
En utilisant la danse, la langue, les alliances coutumières et les symboles comme vecteurs de paix, l’Adayé Tour 2025 fait le pari audacieux d’un processus électoral apaisé. La culture, loin d’être un simple divertissement, devient ici un outil puissant de prévention des conflits, de résilience sociale et de construction citoyenne.
Du Nord au Sud du Gontougo, en passant par les villages reculés comme les centres urbains, l’Adayé Tour 2025 trace son sillon de fraternité. À six mois de l’échéance électorale, cette initiative incarne un espoir : celui de voir la culture devenir l’outil de paix dont la Côte d’Ivoire a besoin pour écrire une nouvelle page de son histoire.
Par Médard KOFFI, envoyé spécial dans le Gontougo