Région de Gboklê/ Des hommes en armes toujours visibles à des corridors (Actualisé) #civ
-Le mutisme coupable des autorités administratives
-Le ministre Paul Koffi interpellé
Abidjan, 17-12-15 (lepointsur.com)-En dépit du démantèlement des barrages des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) sur toute l’étendue du territoire ivoirien, des hommes en treillis armés de kalachnikovs occupent des corridors, dans la région de Gboklê (Sassandra, chef lieu de région).
Pourtant, le 24 novembre 2015, face à la presse, le ministre délégué à la défense, Paul Koffi Koffi rassurait : «La sécurisation de sites stratégiques a cours, avec le Conseil national de sécurité, depuis 2012: barrages, aéroports, lieux de cultes religieux, frontières, la disparition des barrages pour n’en rester que 33 sur tout le territoire. Nous ne sommes pas encore à la défensive et à l’attaque. Nous n’avons pas encore de menace. Nous avons constaté qu’au Mali au nombre des auteurs des attaques se trouvaient des orpailleurs. Donc des dispositions ont été prises pour fermer certains sites en Côte d’Ivoire.»
Cette sortie du sécurocrate ivoirien relève-t-elle de simples paroles en l’air, de la méconnaissance des réalités du terrain ou de la diversion ? De toute évidence, le constat fait, jeudi 10 décembre 2015, de passage dans la sous-préfecture de Dakpadou et le village de Baléko dans la région du Gboklê est en déphasage avec les propos du ministre délégué à la Défense Paul Koffi Koffi.
En effet, dans ces deux villages, des militaires puissamment armés contrôlent les véhicules de transport, les motos, et surtout les véhicules de ramassage des produits (Cacao) des paysans. Les rackettent sous la menace des armes, des échauffourées, l’immobilisation des véhicules pendant de longues minutes voire des heures sont entre autres désagréments causés à ceux qui empruntent la voie reliant PK26 à Guéyo. Aussi curieux que cela puisse paraître, ces hommes en treillis militaires opèrent de jour comme de nuit, au nez à la barbe des autorités administratives. Et ce, depuis la crise postélectorale du mois d’avril 2011.
Dans la ville de Sassandra par exemple, ces militaires (sic) qui, selon certaines indiscrétions répondraient au nom d’un certain commandant Diarrassouba basé à San-Pédro ont réquisitionné la brigade de gendarmerie de Sassandra, où ils dressent un barrage. Joint par téléphone, le responsable du Commandement de Brigade n’a pas voulu faire de commentaires, il nous a ramenés à sa hiérarchie.
Par ailleurs, certaines forces de l’ordre jointes sur place ont qualifié ces actes de « défiances » des consignes du ministre de la Défense et tiennent pour responsable, le ministre Paul Koffi Koffi. « Comment voulez-vous que des éléments sans aucune formation qui ne respectent pas les ordres du Commandant de Brigade (CB), mais celui de leur Commandant puissent travailler avec nous ? » s’est interrogé un officier de la gendarmerie sous le sceau de l’anonymat pour expliquer les raisons pour lesquelles, ils refusent de travailler avec ces hommes en armes. « Notre chef les traite avec délicatesse, parce qu’ils sont un danger pour nous et pour les populations », a renchéri notre interlocuteur.
Quant à la question de savoir si des rapports sont faits dans ce sens à la hiérarchie, la réponse est sans ambages. Le corps habillé nous a planté le décor de la confiscation de la brigade de la gendarmerie de la ville de Sassandra par les militaires, là où passent les patrouilles de l’Onuci, le préfet et sous-préfet etc. « Il y a la situation réelle connue par nos chefs depuis Abidjan, et celles officieuses pour lesquelles des rapports selon moi, sont faits », a coupé court l’officier.
Conséquence : dans la sous-préfecture de Dakpadou sur l’axe PK26-Guéyo nous avons pu constater l’existence d’un corridor tout comme dans le village de Baléko. Simple complicité ou la peur de démobiliser des hommes en armes qui pourraient s’ériger en des coupeurs de route ? En tout état de cause, ces hommes en treillis règnent impunément dans cette zone forestière cacaoyère. Des informations concordantes font état de leur existence sur le tronçon Guéyo-Soubré, précisément à Okrouyo. Existe-t-il des régions de la Côte d’Ivoire qui sont exclues des décisions étatiques quant à la démobilisation de ces éléments qui se réclament des FRCI ? Telle est entre autres questions qui méritent d’être posées.
En attendant une solution appropriée à l’éradication complète des corridors fictifs des hommes en treillis militaires, on s’en tient à ce que Paul Koffi Koffi a soutenu face aux journalistes : «Les ennemis ne doivent pas savoir ce que nous faisons. Le Président de la République a pris ses responsabilités depuis juin 2015, c’est pourquoi nous ne voulons pas être distraits par d’autres discours. Nous faisons notre stratégie à trois volets : Le visible qui est la prévention et la première mesure reste militaire par le déploiement des hommes aux frontières. La deuxième est le renseignement et la troisième, la collaboration des populations. Elle est importante. Nous avons des rapports très étroits avec les populations, les religieux, le Cosim », a-t-il dit.
Sans commentaires. Est-à-dire que le ministre Paul Koffi Koffi, ignore l’existence de ces barrages inopportuns susmentionnés ? Si tel est le cas, il est désormais, on ne peut plus impérieux que les autorités administratives compétentes, notamment le ministre délégué à la Défense jettent un coup d’œil du côté de la région du Gbôklè. Il y va de la sécurité et de la protection des biens et des personnes de cette partie de la Côte d’Ivoire.
Sériba koné envoyé spécial à Zohourayo
Encadré/ La réaction du commandant Diarrassouba
Les populations attendent les explications de Paul Koffi Koffi
« Comment voulez-vous que des éléments sans aucune formation qui ne respectent pas les ordres du Commandant de Brigade (CB), mais celui de leur Commandant puissent travailler avec nous ? » Ces propos son ceux d’un officier de la gendarmerie que nous avons rencontré et avec qui nous avons échangé, lors de notre passage dans la région du Gbôklè, précisément dans les villages de Baléko et Dakpadou.
Aussi bien dans ces villages que dans la ville de Sassandra, le nom qui revient de façon récurrente sur toutes les lèvres est celui d’un certain Commandant Diarassouba, résidant à San-Pedro. C’est de lui dont relèverait les militaires (sic) qui ont érigé des barrages anarchiques dans la région. Joint par téléphone pour avoir de plus amples renseignements, vendredi 18 décembre 2015 dans l’après-midi, le Commandant Diarassouba s’est prêté à nos questions.
« Effectivement, les éléments que vous avez vus relèvent de moi. Mais, contrairement à ce que vous avancez, ce ne sont pas des postes de contrôle, mais plutôt des postes d’observation. Ces postes ont un rôle précis. Les éléments de ces postes sont au nombre de 5 jusqu’à 8 au plus. Lesdits postes sont baptisés en cas de cas…dans le jargon (…) Je souligne que nous n’avons pas le droit d’ériger des postes de contrôle. Cela, relève de la compétence de la gendarmerie avec qui nous travaillons. Le travail que nous faisons est su de notre hiérarchie… » Telles sont entre autres précisions de notre interlocuteur. Qui n’a pas voulu s’éterniser sur certains détails qui relèveraient de la compétence de sa hiérarchie. Au regard de ce qui précède, l’on est en droit de se poser la question de savoir si le ministre de la Défense Paul Koffi qui rassure les populations quant à la sécurité des biens et des personnes est effectivement au fait de l’existence de ces postes « d’ observation » comme le fait savoir le Commandant Diarassouba.
Aussi, si tel est que ces barrages sont légaux comme le soulignent le Commandant Diarassouba, alors, pourquoi les populations et même certains gendarmes se plaignent-ils de la présence de ses hommes en armes. Seul, le ministre Paul Koffi Koffi pourrait apporter des éléments de réponses à toutes ces questions qui ne finissent pas de torturer les méninges des populations de cette région de la Côte d’Ivoire qui dénoncent au quotidien les exactions et autres abus devenus monnaie courante.
Vivement que le ministre Paul Koffi Koffi éclaire la lanterne des uns et des autres. Car point n’est besoin de souligner que la présence de ces éléments ne rassurent pas les populations, encore moins leurs frères d’armes gendarmes en faction en ces lieux !
EKB
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