Projet « Reporters des frontières »/ Des journalistes ivoiriens formés sur les questions migratoires
Comment renforcer les capacités des journalistes et des médias africains à produire, dans les pays africains et en Europe, une information qui fasse mieux connaître les migrations en Afrique de l’Ouest. Telle est la formation thématique et la formation au journalisme d’investigation dont les travaux ont démarré lundi 25 août, au siège de la Caritas à Cocody-Angré, pour prendre fin vendredi 29 août 2014.
Les questions migratoires étaient au centre des débats, lundi 25 août 2014, au siège de la Caritas à Cocody-Angré. Financé par l’Union européenne (Ue), la Convention de la société civile ivoirienne (Csci), en partenariat avec l’Institut panos Afrique de l’ouest (Ipao) le projet dénommé « Reporters des frontières-Vers un réseau africain de journalistes, professionnels et citoyens, spécialisés sur les questions migratoires, » est une initiative qui prend les pays que sont la Guinée, le Niger, le Nigéria, le Ghana, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
Deux communications ont meublé la première journée du lundi 25 août 2014.
Le premier thème sur: « Migration et développement » a été animé par le docteur Konan Silvestre, chercher au Cires. Le conférencier a situé les spécificités du phénomène et son impact sur le développement.
Pour Dr. Konan Silvestre la migration a des retombées importantes au plan économique tant dans le pays d’accueil que le pays d’origine des personnes qui émigrent. « La migration est une question d’opportunité, un enjeu à somme positive où tout les pays sont gagnants« , a révélé le conférencier ajoutant par ailleurs que tout réside, « dans l’approche du phénomène, notamment l’encadrement des migrants et le découragement des migrations illégales« .
Aussi, a-t-il révélé les statistiques récentes de migrants. « Les statistiques de 2010 sont de 215,8 millions de migrants soit 3,1% de la population mondiale. En Afrique, c’est 30,6 millions de personnes, soit 3% de la population« , a-t-il soutenu avant d’indiquer que « l’étude du phénomène, montre que la plus part des migrations sont sud-sud et intracontinentaux, avec une grande tendance féminine. Les migrations sont de plus en plus qualifiées. On parle de fuite des cerveaux (moins de 10% pour la Côte d’Ivoire)« .
Le second thème sur : »Droit des migrants ou les enjeux des mesures de leur protection » animé par Abderhamane Cissé, chargé de communication à la Csci a permis aux journalistes d’être mieux situé sur ce sujet.
En effet, le droit des migrants est inscrit dans la Convention des Nations Unies. Selon le conférencier le 18 décembre 1990, a été l’année d’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille à la 69e session plénière de l’Assemblée Générale des Nations Unies (résolution 45/158).
« La convention s’applique à tous les travailleurs migrants – réguliers et irréguliers – exceptées les personnes exerçant des fonctions officielles à l’étranger (personnel diplomatique notamment), les personnes employées dans le cadre de programme de coopération, les étudiants, les stagiaires, les marins, les employés d’installations maritimes, ainsi que les réfugiés et apatrides« , a précisé Abderhamane Cissé, chargé de communication à la Csci.
A l’en croire, l’Article 27 de la Convention des Nations Unies est encore plus explicite sur la question. » En matière de sécurité sociale, les travailleurs migrants et les membres de leurs famille bénéficient, dans l’Etat d’emploi, de l’égalité de traitement avec les nationaux dans la mesure où ils remplissent les conditions requises par la législation applicable dans cet Etat et les traités bilatéraux ou multilatéraux applicables« , a-t-il révélé.
Dans cet article, sont pris en compte, « les migrants saisonniers« . « L’article 25 indique que » les travailleurs migrants doivent bénéficier d’un traitement non moins favorable… « en matière de rémunération, de conditions de travail, d’heures supplémentaires, de congés payés, de sécurité, » et toutes autres conditions de travail qui, selon la législation et la pratique nationale, sont couvertes par ce terme « , y compris les prestations sociales« , a soutenu Abderhamane Cissé, chargé de communication à la Csci.
Son intervention a été soutenu par le témoignage poignant d’un mordu de l’immigration, ancien chauffeur de tracteur au Port autonome d’Abidjan (Paa), Koné Mamadou.
Depuis la crise 1999, à celle de 2011 il a fait plusieurs traversées clandestines. Malgré les difficultés liées à l’exploitation de l’homme dans sa chair, les conditions inhumaines des différentes traversées (sans boire, ni manger de la nourriture souvent pendant une semaine), « le globe trotter » a fini par comprendre que « L’eldorado, ce n’est pas ailleurs c’est dans son pays d’accueil« . Tant sous ses yeux certains de ses amis de circonstances sont morts « fatigués et épuisés« . Une aventure qu’il a partagée avec les journalistes en leur expliquant dans les moindres détails les conditions dans lesquelles les migrants clandestins quittent leur pays d’origine pour « l’autre côté de la méditerranée » qu’on peut qualifier de « terre promise« . « Nous savons que tout cela n’est qu’illusion, mais quand tu es mordu par le virus, tu n’y peux rien« , a-t-il indiqué pour soutenir ses différentes sorties clandestines de la Côte d’Ivoire.
Après ce témoignage de plus d’une vingtaine de minutes, Abderhamane Cissé, chargé de communication à la Csci, pour conclure s’est appesanti sur, entre autres, les mesures de protection des migrants qui ne sont pas effectives en Afrique de l’Ouest eu égard à la non application du protocole de la Cedeao, les efforts qui doivent se poursuivre en termes d’engagement et de mobilisation à travers des actions de plaidoyer de grande envergure afin d’interpeller les autorités des 15 pays membres de la Cedeao pour une application effective de ce protocole.
« C’est à ce prix que les migrants ressortissants de la Cedeao pourront jouir des avantages de la mobilité dans cet espace sous-régionale« , a martelé Abderhamane Cissé, chargé de communication à la Csci. Le formateur de l’Ipao Tidiane Kassé venu du Sénégal a entamé la formation des journalistes sur l’investigation par l’introduction et les différentes démarches à mener pour réaliser une bonne investigation. Ce, en présence du chef du projet, venu aussi du Sénégal et formateur Moustapha Kébé, ainsi que le représentant local de l’Ipao en Côte d’Ivoire Angaman Paul.
Ce fut d’ailleurs, l’un des points clés de ce projet dénommé « Reporters des frontières » autour duquel tournera la rencontre entre les journalistes et les experts de l’Ipad et de la Csci, les 25, 26, 27, 28 et 29 août 2014.
Par ailleurs, bien avant toutes ces communications, l’honneur est venu au représentant de l’Ipao et représentant le coordonateur national de la Csci Angaman Paul de planter le décor des cinq jours de formation.
Il a relevé que les préoccupations des Etats sur le phénomène migratoires sont lies à leurs intérêts et cela ne fait que rendre son approche encore plus difficile complexe en Côte d’Ivoire.
Comme proposition, l’expert de l’Ipao souhaite que la question soit abordée de façon « rationnelle et honnête qui respecte à la fois la souveraineté des Etats, les enjeux de développement, la dignité humaine ». « Il faut les inscrire dans la durée et dans une vision intégrationniste et globale. Les personnes les mieux indiquées pour relayer l’information afin de contribuer à l’éducation des populations, des peuples pour la réussite d’un tel projet sont en grande partie les journalistes. Cet atelier est donc opportun et utile« , a-t-il conseillé.
A sa suite, le Pca de l’Ipao, Samba Koné a fait l’historique de la création de cette institution qui est née en 2000 à Dakar (Sénégal) et fait un bref parcours de quelques différents actes posés à l’endroit de certaines organisations des journalistes et médias en Côte d’Ivoire.
Concernant les journalistes, selon le Pca de l’Ipao, le projet « Reporter des frontières » entend contribuer à renforcer leurs capacités afin de traiter davantage et mieux les questions migratoires. « Il s’agit ici d’outiller les journalistes et les médias africains afin de produire une information permettant de faire mieux connaître les migrations dans la sous-région. Ce projet à terme doit conduire à la constitution d’un réseau de journalistes africains professionnels et citoyens spécialisés sur les questions migratoires« , a-t-il précisé.
Pour Samba Koné, « dans la poursuite inlassable de ses objectifs, l’Ipao entend avec chacun d’entre vous, avec chacun d’entre nous, bâtir un espace démocratique de communication en Afrique pour le changement et la justice sociale, »a-t-il conclu.
Sériba Koné
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