Politique

[Présidentielle en Algérie] Abdelmadjid Tebboune réélu avec une écrasante majorité, des interrogations persistent


Abdelmadjid Tebboune : Réélu avec 94,65 %, quels défis pour son second mandat ?

Abidjan, le 09-09-2024 (lepointsur.com) Le président algérien sortant, Abdelmadjid Tebboune, a été largement réélu pour un second mandat lors de l’élection présidentielle du samedi, avec un score impressionnant de 94,65 % des voix, selon les résultats provisoires annoncés dimanche par l’autorité électorale. Cette victoire, marquée par une domination écrasante, suscite des questions tant au niveau de la participation électorale que de l’état de la scène politique en Algérie.

Une victoire annoncée

Le président de l’autorité électorale, Mohamed Charfi, a précisé lors d’une conférence de presse que M. Tebboune a obtenu 5,320 millions des voix exprimées. Ces résultats, provisoires, seront soumis à validation par le Conseil constitutionnel, comme le prévoit la loi algérienne. Derrière lui, les autres candidats ont recueilli des scores bien plus modestes. Abdelaali Hassani, représentant du Mouvement de la société pour la paix, a terminé en deuxième position avec 3,17 % des voix, suivi de Youcef Aouchiche du Front des forces socialistes avec 2,16 %.

Un second mandat plein d’enjeux

Cette réélection, bien que triomphale, intervient dans un contexte politique marqué par des défis de taille pour Abdelmadjid Tebboune. Le président réélu devra faire face à plusieurs problématiques, notamment la relance économique dans un pays fortement dépendant des exportations d’hydrocarbures, la lutte contre la corruption, et la réponse aux attentes d’une jeunesse algérienne souvent marginalisée et frustrée par le manque de perspectives.

Par ailleurs, la question de la réforme politique reste sur la table. M. Tebboune avait promis lors de son premier mandat de répondre aux revendications du mouvement populaire « Hirak », qui, depuis 2019, réclame une refonte en profondeur du système politique algérien. Si certaines réformes ont été amorcées, nombre de manifestants et d’observateurs estiment que ces changements restent superficiels.

Une opposition marginalisée

Le faible score des autres candidats illustre la difficulté de l’opposition à émerger dans le paysage politique algérien. Le Mouvement de la société pour la paix, principal parti islamiste, ainsi que le Front des forces socialistes, l’un des plus vieux partis de gauche, n’ont pas réussi à fédérer une base électorale solide. Cette fragmentation de l’opposition, combinée à une méfiance généralisée envers le processus électoral, a affaibli toute véritable alternative à la candidature de Tebboune.

Une participation en question

Si l’autorité électorale n’a pas encore communiqué le taux de participation officiel, des signes précurseurs laissent penser que la mobilisation des électeurs a été modeste. Ce désintérêt pourrait traduire une désillusion générale vis-à-vis du système électoral et des perspectives de changement en Algérie. Pour certains citoyens, les élections semblent plus être une formalité qu’un véritable exercice démocratique.

Tebboune, un acteur incontournable

Malgré les critiques, Abdelmadjid Tebboune s’impose comme un acteur incontournable de la politique algérienne. Son passé au sein de l’appareil étatique et sa capacité à maintenir un équilibre entre les différents acteurs du pouvoir, notamment l’armée, ont renforcé son assise. Toutefois, son second mandat sera scruté de près par la communauté internationale, ainsi que par les Algériens eux-mêmes, en quête de stabilité et de réformes concrètes.

Quel avenir pour l’Algérie ?

L’avenir politique de l’Algérie sous ce nouveau mandat s’annonce incertain. Le président Tebboune aura la lourde tâche de répondre aux aspirations populaires tout en naviguant dans un système politique rigide. Sa réélection avec un pourcentage aussi élevé peut être perçue comme un signe de continuité, mais la pression pour des réformes véritablement transformantes demeure forte.

Médard KOFFI

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