Politique

[Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire] Tidjane Thiam conteste sa radiation de la liste électorale et dénonce une manœuvre politique


Radié de la liste électorale provisoire, Tidjane Thiam, candidat du PDCI à la présidentielle de 2025, dénonce une décision politique visant à écarter l’opposition. Il affirme son intention de se battre pour sa candidature.

Radiation électorale de Tidjane Thiam : le PDCI dénonce une exclusion politique à six mois de la présidentielle

Abidjan, le 22 avril 2025 (lepointsur.com) À six mois du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre 2025, la scène politique ivoirienne est secouée par la décision du tribunal de première instance d’Abidjan de radier Tidjane Thiam de la liste électorale provisoire. Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et principal opposant au pouvoir en place a vivement réagi ce mardi 22 avril, dénonçant une « manœuvre politique » destinée à l’écarter de la course présidentielle.

La radiation de l’ancien patron du Crédit Suisse, désigné candidat du PDCI à plus de 99 % lors de la convention du parti, repose selon ses avocats sur l’argument qu’il aurait perdu sa nationalité ivoirienne au moment de son enrôlement. Le tribunal s’est appuyé sur les dispositions du Code électoral, notamment les conditions d’éligibilité liées à la nationalité, pour motiver sa décision. Une interprétation que rejette fermement l’intéressé.

« Le pouvoir vient d’éliminer son rival le plus sérieux à travers un raisonnement juridique inique et incompréhensible », a déclaré Tidjane Thiam dans une allocution diffusée dans la soirée.

Une affaire éminemment politique

Pour Tidjane Thiam, cette décision ne saurait être isolée d’un contexte politique tendu. Il accuse directement les militants du parti au pouvoir d’avoir initié ces démarches judiciaires, avec l’appui d’avocats issus du même camp, et dans un environnement judiciaire sous contrôle.

« Aujourd’hui, les masques sont tombés. Ce sont les militants du parti au pouvoir qui ont démarré ces procédures infondées contre moi. […] Pendant ces procédures, devant des juges nommés par le parti au pouvoir. Et donc voilà la décision à laquelle nous sommes confrontés. »

En toile de fond : l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne, qui soulève des débats autour de la double nationalité et de sa compatibilité avec les droits civiques, notamment pour se faire enrôler sur les listes électorales.

Une opposition fragilisée, un climat politique tendu

Le cas Thiam n’est pas isolé. La liste des grandes figures de l’opposition écartées du processus électoral s’allonge : Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro sont eux aussi frappés d’inéligibilité, à la suite de condamnations judiciaires. Ces exclusions en cascade renforcent les inquiétudes sur la transparence du scrutin à venir.

Pour de nombreux observateurs, cette série d’évictions judiciaires pourrait porter atteinte à l’équilibre démocratique du pays et fragiliser la crédibilité du processus électoral. L’absence de pluralité réelle risque de transformer l’élection présidentielle en simple formalité pour le parti au pouvoir.

Détermination intacte et appel à la communauté internationale

Face à ce qu’il qualifie de « stratégie d’exclusion », Tidjane Thiam ne compte pas renoncer. Il affirme sa volonté de poursuivre la bataille juridique et politique pour faire respecter son droit à concourir.

« Je suis absolument déterminé à ne pas accepter cette radiation. Je suis déterminé à me battre pour que les Ivoiriens puissent choisir librement leur dirigeant. »

Il a également interpellé la communauté internationale, lui demandant de jouer un rôle actif pour garantir des élections inclusives et équitables.

Le PDCI-RDA, de son côté, reste ferme. « Il n’y aura pas de plan B, ni de plan C », insiste son président, balayant toute hypothèse de remplacement. L’épreuve judiciaire et politique que traverse le parti semble, à ses yeux, renforcer son unité.

Une démocratie sous tension

La radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale ne constitue pas seulement un revers personnel. Elle pose la question plus large de la vitalité démocratique en Côte d’Ivoire. À l’approche de la présidentielle d’octobre 2025, les regards se tournent vers les institutions nationales et internationales. Le défi est de taille : garantir un processus électoral crédible, équitable et apaisé dans un climat où l’instrumentalisation de la justice semble gagner du terrain.

Médard KOFFI 

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