[Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire] Depuis Bruxelles, Tidjane Thiam dénonce son exclusion de la liste électorale et appelle à une élection inclusive
Dans une interview depuis Bruxelles, Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, fustige son exclusion de la liste électorale pour 2025 et plaide pour des élections transparentes et inclusives, à l’image du Sénégal et du Ghana.
Abidjan, le 19 mai 2025 (lepointsur.com) Depuis Bruxelles, le président du PDCI-RDA tire la sonnette d’alarme et dénonce une manœuvre visant à le priver de ses droits civiques à l’approche des échéances électorales de 2025.
En pleine recomposition du paysage politique ivoirien, Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), a accordé une interview exclusive à l’AFP depuis Bruxelles. Il y dénonce son retrait des listes électorales et alerte sur une tentative manifeste d’écarter une candidature jugée dérangeante pour le pouvoir en place.
« La Côte d’Ivoire doit prouver qu’elle a atteint une maturité politique suffisante pour ne plus écarter arbitrairement les candidats à l’élection présidentielle », déclare-t-il. Pour l’ancien directeur général du Crédit Suisse, l’enjeu dépasse son cas personnel : il s’agit de garantir un scrutin crédible, transparent et inclusif, à l’image des transitions démocratiques observées au Sénégal et au Ghana.
Une exclusion jugée arbitraire
Selon Tidjane Thiam, son nom a été retiré des listes électorales sur la base d’un texte ancien et inapplicable. « Ils ont utilisé une loi vieille de 64 ans, qui n’a jamais été appliquée à personne, pour me faire disparaître de la liste électorale », affirme-t-il, dénonçant une instrumentalisation du droit à des fins politiques. Il y voit une tentative claire de le neutraliser politiquement avant l’échéance présidentielle de 2025.
Des lenteurs administratives et des soupçons sur sa nationalité
La polémique autour de la nationalité ivoirienne du leader du PDCI refait également surface. Accusé d’avoir « frauduleusement » recouvré sa citoyenneté, Thiam s’interroge sur le fondement juridique de telles allégations. « On m’a dit que j’étais de nouveau Ivoirien, mais certains m’accusent maintenant d’y être revenu frauduleusement, sans que personne ne comprenne le mécanisme juridique utilisé », ironise-t-il.
Il déplore aussi des lenteurs suspectes dans les procédures administratives. « Nous avons demandé un certificat de nationalité il y a dix jours au ministère de la Justice. Nous attendons toujours », souligne-t-il.
Crainte d’un retour des tensions identitaires
Plus qu’un combat personnel, Tidjane Thiam met en garde contre les risques que ferait peser une élection excluante sur la cohésion nationale. Il rappelle que la Côte d’Ivoire a déjà connu de graves crises liées à des exclusions électorales, notamment sur des critères identitaires. « Il est temps que les autorités fassent preuve de raison et de responsabilité. Le pays ne peut pas se permettre une nouvelle dérive », insiste-t-il.
Une ambition pour un redressement national
Au-delà de la bataille institutionnelle, le président du PDCI réaffirme sa vision pour le pays. Il plaide pour une refondation profonde. « Notre ambition est de remettre la Côte d’Ivoire sur pied. Aujourd’hui, elle figure parmi les trente derniers pays du monde en matière d’espérance de vie et d’éducation. Cela doit changer », conclut-il, appelant à un débat de fond sur l’avenir du pays.
Alors que l’élection présidentielle de 2025 approche à grands pas, cette sortie médiatique de Tidjane Thiam pourrait bien rebattre les cartes et raviver le débat sur la transparence du processus électoral en Côte d’Ivoire.
Médard KOFFI avec AFP