Politique

[Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire] Chantal Nanaba Camara à l’épreuve de la justice impartiale


Présidentielle 2025 : Chantal Nanaba Camara joue la crédibilité du Conseil constitutionnel face aux candidatures controversées de Gbagbo, Thiam et Ouattara.

Abidjan, le 27 août 2025 (lepointsur.com) – Deux ans après sa nomination historique à la tête du Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire, Chantal Nanaba Camara s’apprête à vivre son premier grand test. À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, son institution est appelée à trancher sur la recevabilité des candidatures de figures majeures de la scène politique : l’ancien président Laurent Gbagbo, le ministre Tidjane Thiam, et l’actuel chef de l’État, Alassane Ouattara.

Derrière la procédure juridique, se cache une épreuve de légitimité institutionnelle. Première femme à accéder à cette haute fonction, Mme Camara incarne un symbole fort de modernisation de la justice ivoirienne. Mais, l’épreuve à venir ne sera pas que symbolique. Elle devra démontrer sa capacité à faire prévaloir l’État de droit, dans un contexte politique tendu et scruté de près par l’opinion nationale comme internationale.

Alors que les candidatures affluent, certains redoutent un traitement à géométrie variable. Le camp au pouvoir, le RHDP, est soupçonné de vouloir évincer ses principaux challengers en invoquant des arguments juridiques — notamment les antécédents judiciaires de Laurent Gbagbo et les conditions de nationalité ou de résidence pour Tidjane Thiam. Dans le même temps, la candidature d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat soulève de vifs débats, une large frange de la société civile la considérant comme anticonstitutionnelle.

Le Conseil constitutionnel se retrouve donc dans une position délicate : valider le président sortant tout en invalidant ses adversaires risquerait d’entacher sa neutralité et de miner la confiance des populations dans les institutions ivoiriennes.

Magistrate chevronnée et réputée intègre, Chantal Nanaba Camara est confrontée à une équation difficile à résoudre : concilier pression politique, rigueur juridique et aspirations citoyennes à une justice équitable. Pour beaucoup, sa décision constituera un signal fort sur l’indépendance réelle des institutions judiciaires en Côte d’Ivoire.

Ce moment pourrait être celui de la consécration — ou du discrédit. En tranchant avec impartialité, elle renforcerait non seulement son autorité morale, mais aussi celle du Conseil constitutionnel. À l’inverse, une décision perçue comme partiale pourrait fragiliser le climat préélectoral et ternir durablement l’image d’une justice ivoirienne déjà sous tension.

Dans une sous-région où les alternances politiques sont souvent sources d’instabilité, la Côte d’Ivoire se trouve à un carrefour démocratique. Le traitement équitable des candidats serait un message fort envoyé aux partenaires internationaux, à la diaspora et aux citoyens attachés aux valeurs républicaines.

À quelques semaines de la validation officielle des candidatures, tous les regards sont tournés vers le Conseil constitutionnel. Pour Chantal Nanaba Camara, le temps de l’histoire est venu : sa décision marquera à jamais son mandat… et peut-être bien une page de la justice ivoirienne.

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