Portraits : Soro, Karboul, Mara, Mbarka Bouaida … Dix quadras africains déjà au pouvoir politique
Ils s’appellent Guillaume Soro, Mbarka Bouaida ou encore Moussa Mara. Ils ont la quarantaine ou à peine plus et sont déja ministre, député, ou occupent les plus hautes fonctions de l’État… À quoi ressemble cette jeune génération influente ? Éléments de réponse avec les portraits de dix des plus jeunes responsables politiques du continent.
Sa nomination à la tête du gouvernement malien, début avril, en a surpris plus d’un. À seulement 39 ans, Moussa Mara, ministre de l’Urbanisme dans le précédent gouvernement, est pourtant une figure bien connue du sérail politique national. Il fait ses premières armes dans la commune IV de Bamako, dont il est élu maire en 2009. Un an plus tard, il lance son propre parti, Yéléma (« changement », en bambara). L’objectif annoncé est alors de réformer le fonctionnement et la classe politique de son pays.
Réputé intègre et proche du président Ibrahim Boubacar Keïta, Moussa Mara est aussi un habile communicant, actif sur les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs sur Twitter que le jeune politicien a livré sa première réaction après sa promotion au poste de Premier ministre : « le plus dur commence ». Depuis le 17 mai et sa visite qui a mis le feu aux poudres à Kidal, bastion touareg de l’extrême-nord du Mali, le chef de gouvernement est contesté et traverse déjà sa première période difficile.
Il a 41 ans mais est déjà un poids lourd de la scène publique ivoirienne. Originaire du nord de la Côte d’Ivoire, il s’engage en politique pendant ses années étudiantes, militant activement à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), qu’il dirigera de 1995 à 1998. Après avoir participé au gouvernement de réconciliation nationale au début des années 2000, il est désigné Premier ministre en mars 2007.
Début décembre 2010, alors qu’éclate les prémices de la crise électorale opposant les partisans de Laurent Gbagbo et ceux d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro remet sa démission et reconnaît Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle. Il est reconduit à son poste jusqu’en mars 2012, date à laquelle il accède à la présidence de l’Assemblée nationale et devient la deuxième personnalité de l’État. Ambitieux, hyperactif, il ne serait pas étonnant de le voir briguer la magistrature suprême dans les années à venir.
Cina Lawson, ministre togolaise ministre des Postes et de l’économie numérique, est une des responsables politiques les plus en vue d’Afrique de l’Ouest. En 2012, elle a d’abord été consacrée « jeune leader mondial » par le Forum économique mondial, avant d’être classée parmi les 20 jeunes femmes les plus puissantes d’Afrique par le magazine Forbes. En mai 2013, Jeune Afrique la sélectionnait également parmi les « 25 femmes les plus influentes du business en Afrique ».
Diplômée de Harvard, Cinda Lawson a été responsable de la stratégie et du développement de France Télécom à New York après un passage à la Banque mondiale. Depuis qu’elle a été ministre, elle a fait de la démocratisation des TIC au Togo (baisse des prix de communication, hausse du taux de pénétration d’internet…) son leitmotiv.
Il n’a jamais occupé de fonction officielle mais Julius Malema est un des leaders politiques les plus influents d’Afrique du Sud. Célèbre pour ses propos controversés – comme sa reprise de la chanson « Kill the Boers » (« Tuez les Boers », les Blancs afrikaners), chantée par les militants noirs durant l’apartheid -, il milite dès le milieu des années 1990, alors à peine âgé de 15 ans, au Congrès national africain (ANC).
En 2008, il devient président de l’ANCYL, la ligue de jeunesse du parti. Il prend alors fermement, parfois violemment, position en faveur de Jacob Zuma face à Thabo Mbeki. Auteur de plusieurs attaques verbales à connotation raciale, accusé d’indiscipline à l’ANC, il est exclu de la formation au pouvoir en 2012. Il a depuis lancé son propre parti, les Combattants pour la liberté économique (EFF). Autoproclamé défenseur des pauvres, il est par ailleurs poursuivi par la justice sud-africaine pour fraude, corruption, blanchiment d’argent et racket. Son procès doit s’ouvrir en septembre.
Mbarka Bouaida, ministre déléguée auprès du ministère marocain des Affaires étrangères, 38 ans
Ancienne benjamine du Parlement, Mbarka Bouaida, 38 ans, est désormais celle du gouvernement marocain. Élue en 2007 à la chambre des représentants sous les couleurs du Rassemblement national des indépendants (RNI), elle y préside en 2010 la commission des Affaires étrangères. En octobre 2013, cette Sahraouie née près de Guelmim profite de l’alliance de son parti avec les islamistes au pouvoir et fait son entrée dans le gouvernement Benkirane II.
Elle est nommée ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères (Salaheddine Mezouar, le patron du RNI), plus spécialement chargée des relations avec le continent. Présente au dernier sommet de l’Union africaine (UA), en janvier dernier à Addis-Abeba, elle s’était fait remarquer par son activisme auprès des délégations des pays d’Afrique subsaharienne.
Juvénal Munubo est un des plus jeunes députés de République démocratique du Congo (RDC). Il est l’un des cadres de l’Union nationale congolaise (UNC), le parti de Vital Kamerhe, opposant au président Joseph Kabila.
Originaire de Walikale, dans l’instable Nord-Kivu, près de la frontière avec le Rwanda, il s’intéresse de près aux soubresauts de sa région natale. Son siège à la commission Défense et sécurité du Parlement lui permet de suivre quotidiennement la situation. Il s’intéresse particulièrement la question de la réforme des Forces armées de la RDC (FARDC) et a noué à ce sujet de solides relations avec les chancelleries occidentales à Kinshasa.
Son entrée dans le nouveau gouvernement de Mehdi Jomâa, en janvier 2014, au poste sensible de ministre du Tourisme, n’a laissé personne indifférent. Amel Karboul, tout juste 41 ans, n’était pas seulement la plus jeune de l’équipe gouvernementale. Son style élégant et son parcours atypique dans le secteur privé en ont vite fait la coqueluche des médias tunisiens.
Attaquée pour ses liens supposés avec Israël, qui lui ont valu une entrée en matière compliquée et une récente motion de censure retirée à la dernière minute, Amel Karboul est l’une des membres les plus charismatiques du gouvernement Jomâa. Elle est chargée d’une mission à la fois délicate et stratégique : relancer le tourisme tunisien, ébranlé par la révolution de 2011 et une situation politico-sécuritaire instable.
Elle n’est pas trentenaire mais dirige déjà la cellule de communication d’un des chefs d’État les plus médiatiques du continent. Avec Paul Kagamé et son franc-parler, Stéphanie Nyombayire aura sans aucun doute du pain sur la planche. En janvier dernier, la jeune femme a été nommée directrice de la communication au cabinet de la présidence rwandaise.
En 2004, alors qu’éclate la crise du Darfour, Stéphanie Nyombayire fonde avec deux amis l’ONG « Genocide intervention network ». Profondément marquée par le génocide rwandais, elle milite pour une intervention internationale et se mobilise pour empêcher une nouvelle tragédie sur le continent. Son activisme lui vaudra d’être invitée à la tribune de la Fondation Bill Clinton en 2008.
Il a longtemps été décrit comme la figure montante de la scène politique sénégalaise. En 2009, Barthélémy Dias, aujourd’hui âgé de 38 ans, devient le plus jeune maire du Sénégal en étant élu à la tête de la commune Mermoz-Sacré Cœur, à Dakar. Trois ans plus tard, ce membre influent du Parti socialiste – il a longtemps dirigé la section jeunes du parti – devient député lors des législatives de 2012.
Alors qu’elle semblait prometteuse, la carrière de Barthélémy Dias connaît un coup d’arrêt en 2011. Le 22 décembre, de violentes échauffourées impliquant des partisans du Parti démocratique sénégalais (PDS) éclatent devant sa mairie. Le jeune élu tire des coups de feu. Un homme est tué et trois autres blessés. Accusé d’homicide volontaire, Barthélémy Dias, qui a toujours affirmé avoir agi en légitime défense, est depuis poursuivi par la justice. Il a récemment demandé la levée de son immunité parlementaire pour, dit-il, faire face au juge et prouver son innocence.
Haruna Iddrisu est un pur produit du Congrès national démocratique (NDC), le parti de John Dramani Mahama, actuel président du Ghana. Ancien président de l’Union nationale des étudiants ghanéens, Iddrisu prend en 2002 la tête de la section jeune du NDC. Âgé de 43 ans, il affiche désormais un CV politique bien fourni. Député depuis 2005, cet avocat de formation a d’abord été ministre des Communications de 2009 à 2013 avant d’être promu ministre du Commerce et de l’Industrie après l’accession au pouvoir de Mahama.
Il s’était fait connaître – de manière aussi peu glorieuse que comique – lors du décès de Nelson Mandela, en décembre 2013. Mike Sonko avait alors posté sur sa page Facebook un photomontage grotesque le montrant aux côtés de l’ancien président sud-africain. Le jeune sénateur kényan avait utilisé un célèbre cliché de Mohamed Ali et Madiba pour monter sa supercherie, mais il n’a pas fallu plus de quelques heures pour que son imposture soit démasquée…
Mike Sonko est habitué à faire parler de lui. Quelques jours avant l’épisode du montage sur Mandela, des photos le montrant dans un lit en compagnie d’une autre élue ont circulé sur les réseaux sociaux kényans. Il entretient aussi un look très « bling bling », qui lui a valu une exclusion de l’Assemblée nationale en 2010.
jeuneafrique.com
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