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[Pompiers civils de Côte d’Ivoire] Les grands laissés pour compte


Gagnoa, 17-11-2021 (lepointsur.com) Un statut flou,  des agents laissés pour compte, des galons non homologués, des primes impayées, le corps des pompiers professionnels ou pompiers civils de Côte d’Ivoire vit un drame silencieux.

Engagés dans le corps des pompiers civils pour sauver des vies au prix de leur vie, les jeunes citoyens ivoiriens engagés dans ce corps ne sont guère plus heureux. Ils souffrent assez. Une souffrance qui a pour maitre-mot, l’abandon. Or, leur mission régalienne a un caractère humanitaire : sauver des vies humaines au prix parfois de la leur. Un sacrifice énormissime de ceux à qui tout un chacun fait appel par réflexe. Lequel sacrifice vaut son vrai, son pesant d’or voire de diamant.

Le corps des pompiers civils ou pompiers professionnels de Côte d’ivoire provient du fait qu’aucun texte signé ne les protège  efficacement, en tous lieux et circonstances de travail.

Et pourtant, créé en 2014 par l’État ivoirien par le décret numéro 2014-394 du 25 juin 2014, le corps des Pompiers Civils est régi par le statut général de la fonction publique et soumis au système de journée continue, ces soldats de feu travaillent du lundi au dimanche, sans interruption. Ce, parce que conscients du caractère sacerdotal de leur métier.

La non prise en compte de certaines réalités difficiles de travail fonde chez eux le sentiment du grand mépris de la tutelle. D’où les actions de l’intersyndicale des pompiers civils (UNAPC-CI, SAAPC-CI et SYNAREP-CI) pour dénoncer leurs tares.

Au caractère hybride de leur statut s’ajoute le manque de prise en charge en cas d’accidents dans l’exercice de leur fonction par l’Office nationale de la protection civile (ONPC).

Le manque de prise en charge des pompiers civils

Les quelques exemples en notre possession sont si palpables et pathétiques que le rêve de devenir pompier civil de ses jeunes ivoiriens s’est transformé en une réalité existentielle très amère.  A preuve, ce corps a enregistré le décès du sergent Traoré Ismaëla à Ferkessedougou alors qu’il était en pleine intervention pour sauver des vies. Dans la région du Gôh, l’agent sergent Ira Tia qui a perdu le bout de son doigt alors qu’il était en intervention dans le canton Guébié, a été abandonné à son propre sort par l’ONPC.

A ce second facteur se greffent 19 mois de primes COVID-19 non encore perçues. Toute chose qui confirme la thèse selon laquelle, mis au-devant de la scène lors du déclenchement de cette pandémie, au prix parfois de leur vie pour en sauver d’autres, ses agents humanitaires sont laissés aux oubliettes. Or, cette prime a bien fait l’objet de reconnaissance et d’une très large communication par le général de corps d’armée Vagondo Diomandé, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité devant les élus de Côte d’Ivoire et à la Préfecture de police d’Abidjan, les 24 et 25 avril 2020.

L’échec des rencontres entre la direction générale de l’ONPC, le CNDH, le ministre Vagondo, le SYNAPC-CI et l’intersyndicale (UNAPC-CI/SAAPC-CI/SYNERP-CI) a brisé tous les espoirs de ce “corps hybride’’.

Désabusés, désespérés et ne sachant à quel saint se vouer, les Pompiers Professionnels ou civils de Côte d’Ivoire souhaiteraient la prise en main rapide de leur dossier supra cité, par le Premier Ministre et/ou par le président de la République Alassane Ouattara, pour étancher leur soif de mieux-être socio-professionnel.

Laine Gonkanou, Correspondant Régional

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