[Plateau Cité RAN] 3 000 personnes menacées d’expropriation
Abidjan, le 15 août 2023 (lepointsur.com) Au Plateau, la mairie a pris acte, depuis 2018, de l’expulsion d’environ trois mille personnes menacées par la Société ivoirienne de gestion du patrimoine ferroviaire (SIGPF).
Pour ces élections municipales, environ trois mille personnes menacées d’expulsion comptent sur les candidats pour tenter de trouver une solution à leur angoisse. C’est le cas des 180 familles de cheminot. Depuis 2015, ce sont au total 1800 personnes qui vivent dans la peur. Leur situation est devenue d’autant plus intenable que la Société ivoirienne de gestion du patrimoine ferroviaire (SIGPF) n’a pas voulu leur proposer un contrat de propriété comme elle l’a fait pour les cheminots de Marcory, Treichville, Port-bouët et Adjamé.
Les cheminots du Plateau ou leurs ayant-droits, eux, ont été sommés de payer leur loyer alors même qu’une procédure d’expulsion leur pend au nez depuis cette période. Cette expulsion est devenue une réalité en 2018 et a laissé des souvenirs douloureux. Cette année-là, la SIGPF avait en effet fait débarquer ses Caterpillars au Plateau pour déguerpir l’ensemble du quartier situé aux alentours de la présidence de la République.
La proximité de l’espace avec le Palais présidentiel a en effet décuplé la convoitise de la SIGPF. Ainsi, malgré les cris d’orfraie des riverains qui vivent ici depuis 1989, rien n’y a fait. L’espoir des riverains de devenir propriétaires était pourtant devenu légitime dès lors qu’un contrat de propriété avait été proposé aux collègues des quartiers suscités.
En revanche, n’eût été le patron de Voodoo, Fabrice Sawegnon, qui avait fait parler ses relations en 1998, tous les cheminots du Plateau auraient déjà été déguerpis. D’autant plus que prenant acte de cette volonté de la Société ivoirienne de gestion du patrimoine ferroviaire (SIGPF), la mairie s’est proposé d’acheter un terrain de recasement à Bingerville ou à Bassam. Devant la colère des concernés, Noël Akossi Bendjo, l’ancienne édile, a répondu par l’ironie en indiquant que le nouvel espace pourrait s’appeler Plateau « si tant est que c’est le fait de ne pas être au Plateau qui les dérange », ont indiqué des témoins.
Sauf que depuis, la situation n’a pas beaucoup évolué non plus. L’achat d’un terrain a en effet été budgétisé par le maire sortant, Jacques Ehouo, mais il n’est pas encore disponible. Ce à quoi la mairie répond que l’achat du terrain est acquis et qu’il est au stade du morcellement.
Et pendant que les résidents demeurent dans l’expectative, le maire sortant ne se prive pas de jouer sur leurs peurs. Lui et son équipe font en effet courir des rumeurs selon lesquelles si Fabrice Sawegnon, le candidat du RHDP venait à être élu, il accélèrerait le déguerpissement du quartier.
Ces rumeurs essaimées de façon insidieuse suffisent, dans certains cas, à faire oublier à ses partisans que c’est bien le patron de Voodoo qui s’est opposé au déguerpissement alors même qu’il n’était pas encore le candidat du RHDP.
Le maire actuel a d’ailleurs choisi la même posture face à la préoccupante situation des familles des 40 logements. Ici, ce sont mille autres familles qui sont menacées de déguerpissement par la Société nationale de gestion du patrimoine immobilier de l’Etat (SONAPIE).
Les 40 logements avaient été bâtis pour accueillir les coopérants français. C’était vers la fin des années 50. Puis après l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le bâtiment a été affecté au logement des premiers étudiants ivoiriens avant d’être remplacés par des hommes en armes : policiers, marins, des militaires, sapeurs-pompiers et leurs familles.
En 2018, l’État avait d’ailleurs rétrocédé le bâtiment à leurs occupants. Le coût des appartements revenait ainsi à 6 millions avec une remise de 20% pour ceux qui pouvaient payer cash. Les autres habitants avaient alors écrit à leur ministre pour faire les diligences nécessaires. Ce qui a été fait et les baux des concernés ont servi à payer leur acquisition.
Pourtant depuis décembre 2022, la SONAPIE a imposé des augmentations de 120% de ces mêmes appartements, priant ceux qui ne peuvent payer de partir. Et lorsque ceux-ci ont sollicitée la mairie pour que justice leur soit rendue, celle-ci a demandé à obtenir une pétition pour convaincre la SONAPIE de faire une remise de 20% sur les prix desdits loyers. Sauf que, là aussi, une procédure d’expulsion est sur la table. Et les habitants qui ne savent plus à quels saints se vouer ont entrepris de démarcher Fabrice Sawegnon, le candidat du RHDP pour les élections municipales à venir. A charge pour lui de mettre fin à leurs angoisses que le maire sortant a su ignorer pour mieux en jouer contre lui.
KPAN CHARLES