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Peine de mort : pourquoi les exécutions ont repris aux Etats-Unis


Dans la nuit de mardi à mercredi 18 juin, deux hommes ont été exécutés dans deux Etats américains, en Géorgie et dans le Missouri. Deux mises à mort qui marquent la reprise des peines capitales, suspendues après l’agonie et la mort douloureuse d’un condamné fin avril dans l’Oklahoma. Mais les raisons qui avaient suscité la polémique, elles, demeurent.

  • Pourquoi la polémique a-t-elle éclatée ?

Mardi 29 avril, l’exécution par injection létale de Clayton Lockett, dans la ville de Huntsville dans l’Oklahoma, ne s’est pas passée comme prévu. Ce condamné à mort de 38 ans, coupable du viol et du meurtre d’une jeune femme, a agonisé pendant quarante-trois minutes avant de succomber à « une crise cardiaque foudroyante ».

C’est l’injection ratée d’un sédatif qui a provoqué l’agonie de Clayton Lockett, sous les yeux de plusieurs témoins, dont des journalistes. Le mélange de produits utilisés pour cette injection létale n’avait été employé qu’une seule fois en Floride, en 2013, et avec des doses cinq fois plus importantes.

L’administration du centre pénitentiaire n’avait en outre pas dévoilé la provenance exacte des médicaments barbituriques employés, alors que beaucoup ont vu dans l’agonie de Clayton Lockett la preuve des défaillances des Etats en matière de produits létaux.

L’épisode a suscité de vives réactions aux Etats-Unis, y compris celle du président Barack Obama qui a qualifié, vendredi 2 mai, l’exécution en Oklahoma de « profondément dérangeante » et a dit qu’elle avait soulevé « des questions essentielles quant à la façon dont la peine de mort est appliquée ».

  •  Qu’est-ce qui a changé depuis l’exécution de Clayton Lockett ?

Dans la pratique, rien n’a véritablement changé depuis l’épisode du 29 avril. L’opacité mise en place par les Etats sur les produits employés pour les mises à mort reste de mise. Depuis que les fabricants européens refusent de lesapprovisionner, les trente-deux Etats américains qui pratiquent la peine de mort sont en effet contraints de trouver leur propre « solution » pour exécuter leurs condamnés à mort.

En Virginie et dans le Tennessee, des projets de loi autorisant l’exécution à la chaise électrique – si les barbituriques pour injection létale viennent à manquer – sont à l’étude. Les législateurs du Wyoming et de l’Utah envisagent pour leur part de modifier la loi afin d’autoriser l’exécution des condamnés à mort par un peloton d’exécution.

Mais, face à la polémique, cinq exécutions avaient été reportées dans différents Etats américains, notamment dans le Texas et le Missouri. Dans l’Oklahoma, la cour pénale d’appel a également ordonné l’arrêt des exécutions pendant six mois, le temps de mener une enquête.

  • Ce qui peut changer

A la suite de la polémique autour de l’exécution de Clayton Lockett, le président Barack Obama a demandé une révision de l’application de la peine de mort dans les différents Etats américains. Immédiatement après, le département de justiceaméricain a esquissé une étude qui, selon le New York Times, constituait « une révision rélativement restreinte » se focalisant sur « comment les exécutions sont réalisées plutôt que ré-examinant le système en entier ».

Par ailleurs, certains experts légaux mettent en cause la constitutionnalité de l’utilisation des substances létales dans des exécutions. Selon le Wall Street Journal, la substance létale midzolam, employée dans l’exécution de Clayton Lockett, est particulièrement visée. Ces experts maintiennent que son utilisation constitue une violation du huitième amendement de la Constitution américaine. Selon eux, la Cour suprême a interdit des procédures qui risquent de nuire à la santé d’une personne de manière « objectivement intolérable » .

Tandis que la question ne semble pas évoluer au plan politique, les médias ont, de leur côté, pris des initiatives pour demander la levée du secret entourant les substances utilisées pour les injections létales.

Cinq journaux ont attaqué le système pénitentiaire du Missouri pour obtenir la liste de ces produits ainsi que « la composition, le dosage, l’origine et la qualité des produits utilisés pour les exécutions », invoquant notamment le premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression et de libre information. Dans leur plainte, les médias expliquent que « la diffusion d’informations concernant les produits utilisés permet de vérifier que le système est bien opérant et légal, ce qui est essentiel dans le fonctionnement d’une démocratie ». La justice locale n’a pas encore rendu son jugement.

SOURCE:lemonde.fr

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