[PDCI-RDA : divisions, leadership et stratégies pour octobre 2025] Décryptage exclusif de Kouadio Denis Saraka Kouamé, dit « Denis Mercedes »
Dans une interview exclusive, Kouadio Denis Saraka Kouamé dit ‘’Denis Mercedes’’ analyse les divisions du PDCI-RDA, défend Tidjane Thiam et présente les stratégies du parti pour 2025.
Abidjan, le 24 septembre 2025 (lepointsur.com) — Dans un contexte de turbulences internes héritées de la disparition de Henri Konan Bédié, le PDCI-RDA se trouve à un tournant décisif. Kouadio Denis Saraka Kouamé, cadre influent du parti, livre une analyse sans détour dans une interview exclusive. Il décortique les divisions qui secouent la formation, défend le leadership de Tidjane Thiam comme levier d’unité et de renouveau, et détaille les stratégies envisagées pour aborder la présidentielle du 25 octobre 2025. Un entretien éclairant sur les défis politiques et la recomposition possible de l’un des piliers de la scène politique ivoirienne.
Monsieur Kouadio Denis Saraka Kouamé, comment analysez-vous aujourd’hui l’état de cohésion interne du PDCI-RDA après les récents épisodes de divisions ?
Froidement, je dirais que nous sommes un peu habitués à ce type de scènes. Ce n’est pas la première fois que nous enregistrons des départs qui, il faut le reconnaître, ne font vraiment pas bon ménage. Il faut remonter à la disparition du père fondateur, Félix Houphouët-Boigny, pour voir apparaître les premières velléités. Aujourd’hui, c’est pratiquement dans le même contexte, après la mort du Sphinx de Daoukro, que nous revivons ces escalades.
Je voudrais dire à nos militants et sympathisants de rester confiants et mobilisés. Lorsqu’un arbre fruitier reçoit beaucoup de pierres, c’est qu’il porte de bons fruits.
Le PDCI-RDA a toujours su se remettre de ces différentes secousses au fil du temps. Nous avons encore les ressources nécessaires pour surmonter cette énième perturbation. En réalité, il s’agit surtout de querelles de clans et de positionnements.
Selon vous, quelles sont les causes profondes de ces dissensions qui fragilisent le parti, pourtant considéré comme l’un des piliers historiques de la Côte d’Ivoire ?
Ces dissensions ont commencé à poindre peu avant le rappel à Dieu de notre vénéré président, Aimé Henri Konan Bédié. À cette époque, certains militants, parmi les plus influents et membres de la haute direction du parti, se préparaient à proposer au congrès de dissocier la présidence du parti de la candidature à l’élection présidentielle.
Le PDCI-RDA garde sa posture de parti de dialogue, de paix et de démocratie. À ce titre, nous faisons la politique autrement. Les Ivoiriens se souviennent que notre parti n’a jamais été adepte de la violence.
Ces hauts cadres souhaitaient que le président du PDCI-RDA se consacre exclusivement à la gestion du parti, sans briguer de mandat électif. Malheureusement, la disparition subite de notre président, survenue avant la tenue du congrès tant attendu, a empêché cette réforme de voir le jour.
Avec l’avènement de la nouvelle direction, leur rêve a volé en éclats et leur plan savamment préparé n’a pas abouti. D’où leurs cris de désarroi, restés sans véritable écho ni oreille attentive à leurs revendications.
Le départ ou la mise en retrait de certains cadres a été très commenté. Pensez-vous que ces fractures sont encore réversibles ?
Si vous observez bien, le PDCI-RDA a toujours conservé la philosophie des pères fondateurs du parti : ne jamais fermer la porte à un membre, malgré sa désinvolture. Un enfant peut faire des caprices et quitter la maison, mais il revient au père de famille de tout mettre en œuvre pour favoriser le retour de l’enfant prodige. C’est biblique.
Pour l’instant, notre parti n’a tissé aucune alliance formelle avec un autre parti politique de l’opposition dans la perspective de la conquête du pouvoir. Chaque formation demeure souveraine et autonome.
Cependant, il faut distinguer cela de celui qui décide de partir pour adhérer à un autre parti politique. Car, selon notre législation en vigueur, il n’est pas admis qu’un individu milite simultanément dans deux partis.
Certains estiment que le PDCI peine à renouveler son leadership et à rajeunir ses instances. Partagez-vous cette opinion ?
Non, je ne suis pas de cet avis. La nouvelle équipe dirigeante se situe dans une tranche d’âge comprise entre 40 et 70 ans. Parmi les partis significatifs du pays, aucun ne peut réellement se targuer d’être plus rajeuni que le PDCI-RDA.
Le président Tidjane Thiam est, à tout point de vue, le profil idéal. C’est une référence mondialement reconnue, aussi bien par son parcours scolaire et universitaire que par sa carrière professionnelle.
Il faut toutefois reconnaître que les procès intentés contre le PDCI-RDA et son président ont eu un impact négatif sur l’élan que notre parti s’apprêtait à impulser, avec à ses côtés tout le peuple ivoirien.
Quelles stratégies le PDCI devrait-il mettre en place pour regagner la confiance de la jeunesse et renforcer son ancrage auprès des nouvelles générations d’électeurs ?
Le PDCI-RDA représente un véritable espoir pour la jeunesse ivoirienne, qui a adopté la vision futuriste et ambitieuse de son président, Tidjane Thiam. Il inspire confiance et incarne des valeurs fortes.
Souvenez-vous : après quelques grands meetings organisés à travers le pays, sous la conduite de notre leader charismatique, Tidjane Thiam, nous avons été stoppés, à la surprise générale, par une série de procès sans fin.
Mais, gloire à Dieu, nous avons aujourd’hui un leader d’envergure internationale, qui a su nous transmettre une nouvelle façon de faire la politique, et cela commence déjà à porter ses fruits.
Comment le parti entend-il gérer ses alliances politiques dans la perspective des prochaines échéances électorales, notamment face au RHDP et au FPI ?
Pour l’instant, notre parti n’a tissé aucune alliance formelle avec un autre parti politique de l’opposition dans la perspective de la conquête du pouvoir. Chaque formation demeure souveraine et autonome.
Nous travaillons plutôt sur des thématiques concrètes qui nous tiennent à cœur, à savoir :
- l’audit de la liste électorale,
- la révision de la liste électorale (RLE 2025),
- la réorganisation de la CEI,
- l’inclusivité des candidatures à la présidentielle,
- la réinscription de notre leader, Tidjane Thiam, sur la liste électorale, etc.
En somme, il s’agit avant tout d’un véritable dialogue politique.
Le PDCI-RDA est souvent présenté comme le garant de la stabilité démocratique. Pensez-vous que ses divisions internes peuvent affaiblir ce rôle historique ?
Le PDCI-RDA garde sa posture de parti de dialogue, de paix et de démocratie. À ce titre, nous faisons la politique autrement. Les Ivoiriens se souviennent que notre parti n’a jamais été adepte de la violence.
Tous les soubresauts actuels disparaîtront une fois que nous aurons le pouvoir d’État. En réalité, ceux qui s’agitent le font davantage pour leur ego et leur propre survie que pour l’intérêt général.
Quelles réformes ou initiatives concrètes proposez-vous personnellement pour consolider l’unité du parti et préparer efficacement l’avenir ?
Je suis pour le respect scrupuleux des instances du parti, de la discipline et de la loyauté des militants. Je suis favorable aux débats en interne. On peut, bien sûr, proposer de bonnes idées lors des discussions, mais penser que celles-ci doivent absolument être retenues est une utopie ; cela frise même l’injure envers les autres membres tout aussi réfléchis.
Je suis également pour l’éclatement des délégations et des sections du parti qui paraissent lourdes ou amorphes, afin de favoriser une campagne de proximité plus dynamique auprès de nos militants et sympathisants.
Quel profil de candidat doit incarner le PDCI en 2025 ?
Selon vous, quel profil de candidat le PDCI devrait-il privilégier pour incarner ses ambitions lors de la présidentielle à venir ?
Le président Tidjane Thiam est, à tout point de vue, le profil idéal. C’est une référence mondialement reconnue, aussi bien par son parcours scolaire et universitaire que par sa carrière professionnelle.
Pourquoi vouloir chercher ailleurs alors que nous avons la chance de posséder un tel leader parmi nous ? Nous ne sommes pas en quête d’un profil : nous l’avons déjà. Il suffit simplement de remettre son nom sur la liste électorale, d’admettre sa candidature à cette élection et nous ferons tous le constat, au soir du 25 octobre 2025.
Enfin, quel message adressez-vous aux militants et sympathisants du PDCI-RDA, parfois découragés par les querelles internes, pour les rassurer quant à l’avenir du parti ?
Je voudrais dire à nos militants et sympathisants de rester confiants et mobilisés. Lorsqu’un arbre fruitier reçoit beaucoup de pierres, c’est qu’il porte de bons fruits.
Tout ce que nous vivons aujourd’hui témoigne de la vitalité du parti et du leadership de notre président, incontestablement l’homme du moment. En témoignent les derniers sondages réalisés cette semaine sur la présidentielle en Côte d’Ivoire.
Avec notre leader, le président Tidjane Thiam, l’avenir s’annonce plus que prometteur pour la nouvelle génération et, par ricochet, pour tout le pays. Toute conquête est difficile, toute rupture est exigeante : sachons donc négocier cette situation avec sagesse, dans la paix et la persévérance.
Par Médard KOFFI