[Ouragahio – Éducation] Deniskro dit non à la précarité scolaire et réclame une école digne
À Deniskro, un village de plus de 2 000 habitants situé dans la commune d’Ouragahio, élèves et enseignant refusent désormais d’étudier sous une paillote. Face au manque d’infrastructures scolaires, la population se mobilise pour construire une école digne de ce nom.
Ouragahio, le 09 mars 2025 (lepointsur.com) Deniskro, un gros village de plus de 2 000 âmes situé à une douzaine de kilomètres de la commune d’Ouragahio, est confronté à un problème éducatif majeur : le manque d’infrastructures scolaires adaptées. Depuis neuf ans, les élèves étudient sous des paillotes de fortune, faute d’un bâtiment en dur. Une situation qui met en péril leur apprentissage et compromet leur avenir.
Un manque criant d’enseignants et des conditions précaires
Le seul instituteur affecté à Deniskro peine à assurer sa mission. Contraint d’enseigner sous une paillote, il exerce dans des conditions extrêmes : exposition aux intempéries, morsures de reptiles et autres dangers. « Enseigner avec la peur au ventre (serpent à droite, intempéries à gauche), quel avenir réserve-t-on à ces tout-petits ? », s’interroge un cadre du village ayant requis l’anonymat.
Selon lui, le niveau des élèves baisse d’année en année en raison du manque d’un cadre propice à l’apprentissage. « Les enfants ne peuvent pas assimiler les enseignements dans ces conditions. Leur moral et leur psychologie en pâtissent. Ils se sentent défavorisés par rapport aux autres élèves du pays », ajoute-t-il.
Un appel à l’action pour une école digne
Face à cette situation, le chef central des Baoulé Godé de Béoumi, résident à Deniskro, Kouakou Kouadio, a lancé un appel vibrant à l’ensemble des fils et filles du village : « Plus jamais d’école sous paillote à Deniskro ! » Il exhorte les cadres et la population à s’unir pour construire un bâtiment scolaire en dur.
« Si on sait qu’on n’est pas prêt, on laisse. Mais quand on le sera, nous continuerons. Voyez vous-mêmes ces enfants, ils font pitié. Ils voient leur avenir brimé, tout comme cet instituteur qui se bat pour leur offrir un semblant d’éducation. Il aurait pu abandonner, mais il tient bon. Ce n’est pas normal. Arrêtons cela et mettons la main à la poche pour construire au moins trois ou quatre classes en dur avant que l’État ne nous vienne en aide », a-t-il martelé.
Une mobilisation communautaire pour une solution durable
Face à l’inaction des autorités, les habitants de Deniskro prennent les choses en main. Une association locale pour la construction d’écoles solidaires a vu le jour, avec un projet de collecte de fonds et de contributions en nature (gravier, sable, briques, main-d’œuvre, eau…) pour ériger une véritable école.
En attendant un soutien du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, Deniskro veut prouver que même à partir de simples paillotes, il est possible de bâtir un avenir meilleur pour ses enfants.
Casmir Kouadio, Ouragahio